Fin, moyens, Machiavel, homme politique, amoralité, légitimité
Le principe selon lequel « la fin justifie les moyens » n'a pas une bonne réputation. Cette phrase du célèbre homme politique florentin, Machiavel (1469-1527), signifie qu'à condition qu'on poursuive un but noble et éminemment désirable, tous les forfaits, tous les crimes, dès lors qu'ils s'avèrent efficaces pour atteindre ce but ou pour s'en approcher, sont à priori excusés. Ce funeste principe fut injustement imputé à Machiavel, sous l'adjectif machiavélique, rusé, perfide, tortueux.
[...] La santé et la fortune peuvent lui échapper. La fortune, dans le sens Machiavélien, est le hasard. Le bon prince peut réduire cette part de Hasard grâce à la virtù. Les bons et les mauvais moyens tiennent donc d'abord à la qualité de gouvernance du dirigeant. Enfin, si la conduite de l'Etat exige quelquefois du prince une conduite contraire à la vertu, c'est en tant qu'homme public, au service du bien public (unité Italienne), que le souverain peut se permettre de tels écarts. [...]
[...] Dans ce cas, le moyen est amoral. Au chapitre VIII du Prince, Machiavel s'interroge : à quelles conditions peut-on dire que les cruautés sont bien employées ? La cruauté est un moyen habile, efficace, indispensable peut-être mais moralement inacceptable. Considérons Agathocle : son courage et son habileté le place au premier rang des 5 grands capitaines. Toutefois sa cruauté, son inhumanité et ses nombreuses scélératesses, ne permettent pas de le compter au nombre des grands hommes (Jacques Maritain). L'argument du mauvais moyen nous montre la violence d'Agathocle et le fait qu'il soit dépassé par celle-ci. [...]
[...] L'origine du bouc émissaire vient de la Bible. C'est le messager du peuple Hébreux. Il symbolise les pêchés de ces derniers. Il sera sacrifié pour leur absolution. Dans un sens politique, le bouc émissaire est l'homme sur qui pèse le poids de la culpabilité en temps de crise. La personne choisie n'est pas forcément responsable de tous les maux. Au chapitre VII du prince, Machiavel montre que la pacification de la Romagne par César Borgia trouve indéniablement un dénouement fort cruel : il reste que César Borgia, en exécutant un bouc émissaire, a su mettre fin aux vols, aux brigandages, aux violences en tous genres. [...]
[...] Ainsi, on voit bien que cette expression, la fin justifie les moyen est lourde de sens. Elle peut justifier ainsi des comportements allant jusqu'à nuire à la condition humaine. Cette remise en cause de la morale humaine peut être intolérable. Même si la fin est considérée comme bonne, tous les moyens ne sont pas légitimes, et, en particulier en politique. Ce qui est permis est en principe limité à ce qui est légal. Bien sûr, les politiciens peuvent, au sens où ils en ont les capacités, enfreindre les règles. [...]
[...] Dans une monarchie comme celle d'Angleterre, le souverain est légal car sa présence est reconnue par les lois et par la Constitution du royaume ; mais elle n'est pas légitime car le peuple ne choisit pas son roi ou sa reine : le pouvoir se transmet de parent à enfant. Dès lors l'action d'un prince reconnu par la loi et par le peuple est légitime et légal. Mais peut-on dire qu'il existe des critères qui posent la légitimité des fins ainsi que la légitimité des moyens ? En politique, seule la fin, elle-même légitime peut justifier les moyens employés pour l'atteindre. Dans le Prince, Machiavel insiste sur le fait que le prince doit avoir un devoir d'efficacité. [...]
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