Fiat justitia, pereat mundus: Que la justice s’accomplisse, le monde dût-il s’effondrer

Résumé du document

La justice est un concept qui ne s'arrête pas à une acception. Ce terme de « justice » se rencontre dans des expressions aussi différentes que : justice divine, justice instituée (donc humaine). Elle s'ancre à la fois dans une compréhension téléologique (par l'idée d'un dieu rédempteur et miséricordieux par exemple) et dans une compréhension morale et politique (le tribunal intérieur de notre conscience)… « Fiat justitia » (que la justice s'accomplisse). C'est bien de la réalisation, de l'application de la justice qu'il s'agit ici. Le subjonctif, ici, pose cette phrase comme une exhortation, presque comme un ordre. Cet accomplissement semble se faire sans conditions, sans limites : « pereat mundus » (le monde dût-il s'effondrer). Théoriquement, une justice répondant à un idéal d'absolu, illimitée, semble possible (elle n'est pas empêchée, est exigée). Mais est-elle seulement souhaitable et compatible avec une société » (la justice instituée posant des limites) ? Si le monde, et donc l'homme, sont mis au centre de toutes les considérations, la conscience morale joue le rôle d'arbitre suprême (car elle prend en compte chacun et tous en même temps).

Extraits

[...] Cette justice illimitée ne semble avoir ni recul, ni retenue pas même devant le monde qui s'effondre. Ici, on peut dire que la justice est érigée en système. Elle est la valeur autour de laquelle gravite l'univers, le seul référent qui compte, et le seul référent que l'on respecte. Il est possible de rapprocher cette idée de la justice comme système de la vision platonicienne ne de la justice. La justice, chez Platon comme chez Socrate, représente une des quatre vertus cardinales (elle complète la tempérance et le courage notamment). [...]

[...] Il a foi en l'homme et pour lui, c'est le bien de l'Homme, et donc des hommes, qui prime avant tout. L'homme est naturellement bon. Donc, pour Rousseau, cette conscience morale est le meilleur moyen d'opérer la justice car tout homme, en son âme et conscience, peut donc juger, en toute bonté, de ce qui est bon (juste) ou mauvais (donc injuste). Plutôt que le tribunal de l'institution juridique, c'est le tribunal intérieur de notre conscience qui est ici en jeu. Rousseau y place son entière confiance. [...]

[...] Fiat justitia, pereat mundus : Que la justice s'accomplisse, le monde dût-il s'effondrer La justice est un concept qui ne s'arrête pas à une acception. Ce terme de justice se rencontre dans des expressions aussi différentes que : justice divine, justice instituée (donc humaine). Elle s'ancre à la fois dans une compréhension téléologique (par l'idée d'un dieu rédempteur et miséricordieux par exemple) et dans une compréhension morale et politique (le tribunal intérieur de notre conscience) Fiat justitia (que la justice s'accomplisse). [...]

[...] Peut-être la propre justice de l'homme serait la meilleure ? Pereat mundus Ces deux mots expriment l'effondrement d'un monde, mais aussi, dans un certain sens, une perte de repères, la mort d'un monde et de ses illusions, la mort d'un monde tel que nous le connaissions avant. Comment la chute du monde qui nous entoure, qui nous environne, de tous nos référents déjà connus, est-elle souhaitable ? Le monde est un monde fait d'hommes, un mode fait d'individus uniques, distincts les uns des autres, à la fois séparés par leurs différences et rapprochés par leur appartenance commune au même monde, ou plutôt à la Terre, dont ils sont les citoyens. [...]

[...] Qu'elle soit instituée ou morale, juridique ou personnelle, la justice s'inscrit dans l'homme, dans l'humanité. Elle lui est inhérente car l'homme dépend d'elle (par les limites qu'il s'est fixé) et elle dépend de l'homme (qui a décidé de ses propres loi : il est autonome, et donc libre). Que la justice s'accomplisse : oui, c'est nécessaire et indubitable, le monde dût-il s'effondrer cela ne se peut. L'homme peuple le mode. La justice pose l'homme comme condition. L'homme ne veut pas sa propre perte. Une justice qui conduirait à l'effondrement du monde serait suicidaire. [...]