Archétype, femme fatale, implications de genre, représentation, sexualité, pouvoir, séduction, stéréotype, masculinité, féminité, manipulation, désir, domination, subversion, construction sociale, cinéma, littérature, culture populaire, analyse critique
Depuis l'Antiquité, la figure de la femme fatale a été une source d'inspiration pour les écrivains et les artistes. L'image de cette femme puissante, séductrice et dangereuse a véhiculé les idées des sociétés et des époques qu'elle a traversées. Il semblerait que derrière cette image se cache une profonde angoisse masculine de la castration. Cette théorie a suscité de nombreuses réflexions dans le domaine de la psychanalyse, et s'est même invitée dans les cercles littéraires et artistiques. Dans son article « Esthétique de la femme fatale », le linguiste Dominique Maingueneau a écrit : « En un sens, aussi bien que Carmen ou les vamps hollywoodiennes, Ève, Circé, Dalila, Salomé sont des femmes fatales.
Elles activent un agrégat de terreurs élémentaires qui montrent les mille et un visages d'une indéracinable angoisse de castration. » Autrement dit, il pense que la terreur suscitée par la figure de la femme fatale reflète l'angoisse qu'ont les hommes d'être émasculés. Partant de ce point de vue, nous nous demanderons si les femmes fatales expriment l'angoisse masculine de la castration.
[...] Si l'on peut considérer que la femme fatale reflète une angoisse masculine de la castration, il faut bien comprendre qu'il s'agit d'un personnage fictif qui a servi une volonté masculine de déshumaniser le sexe féminin. De plus, cette image de la femme fatale dangereuse et manipulatrice renforce les attentes de la société patriarcale, dans le sens où elle entretient la conception selon laquelle toutes les femmes seraient des êtres manipulateurs et sournois qui doivent être contrôlés par les hommes. Les mises en scène de ce personnage qui utilise ses charmes pour corrompre les hommes ont servi à justifier l'autorité masculine et les restrictions qui ont été imposées aux femmes dans leur propre sexualité. [...]
[...] Partant de ce point de vue, nous nous demanderons si les femmes fatales expriment l'angoisse masculine de la castration. Nous commencerons par étudier les caractéristiques de l'archétype de la femme fatale qui peuvent suggérer qu'il y ait un lien avec cette conception. Puis nous découvrirons les éléments qui révèlent la possibilité d'interpréter ce mythe de plusieurs façons, sans pour autant l'associer à cette angoisse masculine de la castration. Enfin, nous observerons le contexte dans lequel cette théorie a émergé, et quels en ont été les enjeux et les conséquences. [...]
[...] Au moyen d'une danse sensuelle, elle défie l'autorité masculine et affirme son pouvoir en obtenant d'Hérode, son beau-père, que la tête de Jean-Baptiste lui soit livrée sur un plateau. Cet acte cruel exigé par la jeune fille peut être considéré comme une castration symbolique . De fait, la femme fatale peut inspirer chez l'homme un sentiment d'anxiété et de vulnérabilité, et une menace pour son autorité et pour son pouvoir. Enfin, outre ses qualités physiques et intellectuelles, la femme fatale fait également preuve de puissance, de courage et d'indépendance. [...]
[...] C'est à nouveau dans la Bible que nous retrouvons la figure de cette femme fatale avec le personnage de Judith, une belle veuve juive qui parvient à sauver son peuple de la famine et de la soif. Après avoir séduit et enivré le général Holopherne, elle le décapite pendant son sommeil avec sa propre épée et délivre sa ville du siège assyrien. Le geste cruel de Judith peut être associé à une castration symbolique, et son héroïsme peut mettre en lumière la possibilité d'un renversement des rôles de genre traditionnels, inspirant pour l'homme une menace pour sa masculinité et pour son pouvoir. [...]
[...] Dans cette réflexion, la femme fatale, représentée comme un objet de tentation dangereux et capable de faire perdre leur domination aux hommes, est devenue une figure emblématique du concept de l'angoisse masculine de la castration. Le premier à avoir développé cette hypothèse est le psychanalyste autrichien Sigmund Freud, dans son ouvrage de 1920 « Au-delà du principe de plaisir ». Il y développe toute une théorie dans laquelle il affirme que la femme fatale, exprimant à la fois le désir sexuel et le danger, incarne l'angoisse masculine de la castration. Cette idée, entre autres, a suscité de nombreux débats et de nombreuses critiques. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture