Chez nous, les mots sont naturellement nimbés d'un halo de sève et de sang; les mots du français rayonnent de mille feux, comme des diamants »… A eux seuls, ces mots résument l'œuvre de Léopold Sédar Senghor ; ces mots, rédigés en français, sont ceux d'une langue non maternelle, apprise et entièrement maîtrisée… En effet, le futur président du Sénégal est passé « grand maître » dans le maniement de la langue de Voltaire, sans jamais toutefois oublier ses racines, son pays, et cette Afrique noire qui lui est si chère. Des poèmes à la gloire des grands hommes noirs, il en écrira des dizaines ; des poèmes à la terre noire d'Afrique, il en écrira des centaines ; des poèmes à la paix, des milliers ; des poèmes à la gloire de la beauté féminine, des paysages, des fêtes, il en écrira des dizaines de milliers ; mais à la femme noire, toute seule, il n'en écrira qu'un. Un seul poème dédié aux femmes noires (il était marié avec une blanche), mais un poème au rythme marqué par le son des tamtams, une élégie fantastique du corps de la femme, empli d'érotisme, de tendresse, de nostalgie de peur et de souffrance. Dans « Femme nue, femme noire », extrait du recueil Hosties noires, Senghor ne parle pourtant pas que de femmes et d'amour, mais, comme toujours, il pense à l'Afrique ; ainsi, ce blason (un peu spécial) est-il la porte d'accès à une découverte, ou plutôt à une re-découverte de la terre noire (Sénégalaise sans doute). Nous verrons tout d'abord quelle est cette femme noire dont semble nous parler Senghor, quel est son érotisme, son charme, avant de nous rendre compte qu'en réalité, cette femme noire est, métaphoriquement, la terre africaine. Cependant rien n'est pareil ; le texte selon l'axe d'étude emprunté est au choix riche, métaphorique et poétique, ou dénudé, violent et critique. Enfin, notre étude aura pour but de comprendre en quoi Senghor est un poète « de la négritude », c'est-à-dire un poète « métis culturel, parce que, si nous sentons en nègres, nous nous exprimons en français ». Ainsi dans son poème transparaissent clairement des influences, tant françaises (dans la tradition littéraire de Ronsard ou de Baudelaire), qu'Africaines…
[...] Ainsi quoi de plus évident, une fois encore, que ce Ta voix grave de contre alto est le chant spirituel de l'Aimée Chant nuptial, orgasme s'il en est ici La suite du poème reste dans le même ton, emprunt de sensualité et de mystère avec cette chevelure importante, ces soleils prochains de tes yeux ou encore la peau qui se moire c'est à dire qui, dans sa plus courante acception, s'ondule, frémit Bien évidemment, le femme nue, femme obscure n'est pas pour limiter la sensualité du poème Dans cette première lecture, le langage de Senghor est à lire métaphoriquement, et il joue avec les clichés du vocabulaire français ; ainsi la femme est assimilée à une gazelle aux attaches célestes à une savane aux horizons purs ou encore à une huile que ne ride nulle souffle ; Dans les trois cas, la femme est mise en valeur dans notre langue puisque les trois noms communs gazelles savanes et huile désignent respectivement et métaphoriquement le coté sauvage indompté et sensuel de la femme. Ainsi dans son texte, Senghor semble honorer la féminité ; la femme s'ancre chez lui dans la tradition du canon de beauté, de jeunesse, qu'il faut s'empresser de chanter afin de la conserver intacte. Il entre ainsi dans une tradition française, initiée dès le XVIième siècle et qui consiste à chanter la femme aimée avant qu'elle ne disparaisse, et ne redevienne poussière. [...]
[...] Comment, tout de même, ne pas se rendre compte des correspondances entre le texte de Senghor et ceux de Baudelaire, avec La chevelure ou encore avec son Parfum exotique dans lequel le corps de la femme, comme dans Senghor nous allons le voir, est une porte d'accès à un autre lieu, à des rivages bien que non heureux pour le poète noir Dans cette première partie de l'analyse donc, le poème est lyrique, enjolivé, chantant l'amour pur et sensuel pour une jolie femme noire, que tout semble mettre en valeur. Cependant, la féminité est trop exagérée pour être honnête et la reprise en tête de verset de femme nue, femme noire puis femme nue, femme obscure montre une trop grande volonté de rappeler à son lecteur que ce qu'il lit est bien en rapport avec le corps d'une femme. [...]
[...] On retrouve cet érotisme dans le fruit mur à la chair ferme dans cette sombre extase ou dans la fusion entre les deux bouche[s] qui semblent se confondrent par leur répétition très proche et par ce lyrisme qui s'en échappe. Le corps de la femme semble frémir, il est tendu comme si la femme succombait à des caresses, ce qui se trouve confirmé par ce gronde[ment] sous les doigts du vainqueur qui n'est sans doute autre que le mari : à Senghor de rajouter : Savane qui frémis aux caresses ferventes du vent d'Est et sans prêter à Senghor de visée obscène, cette savane, faite de touffes d'herbes se courbant sous les caresses du vent pourrait fortement d'assimiler au pubis féminin, caressé par un fervent amant . [...]
[...] Enfin, notre étude aura pour but de comprendre en quoi Senghor est un poète de la négritude c'est à dire un poète métis culturel, parce que, si nous sentons en nègres, nous nous exprimons en français Ainsi dans son poème transparaissent clairement des influences, tant françaises (dans la tradition littéraire de Ronsard ou de Baudelaire), qu'Africaines Le poème de Senghor, à un premier niveau de lecture, semble nous amener à contempler une femme noire, nue et belle ; ainsi dans tout le poème (sans rime) le versificateur multiplie t'il les allusions à la beauté, à l'attirance que provoque la vue d'une femme ; le terme beauté revient à trois reprises, avec cette idée violente qu'elle foudroie en plein cœur, comme l'éclair d'un aigle Mais plus encore, Senghor décrit la femme noire comme idéale, voire même idéelle (n'est-elle pas une gazelle aux attaches célestes : ses mains sont douces, sa peau est chair ferme elle possède une chevelure protectrice A l'ombre vers 18) auprès de laquelle le poète a grandit (vers 3). Plus encore et avant toute chose, cette femme est sensuelle et le poème d'un érotisme surprenant. Le poète semble découvrir le corps de cette femme de manière physique, tactile, directe. [...]
[...] Dans Femme nue, femme noire extrait du recueil Hosties noires, Senghor ne parle pourtant pas que de femmes et d'amour, mais, comme toujours, il pense à l'Afrique ; ainsi, ce blason (un peu spécial) est-il la porte d'accès à une découverte, ou plutôt à une re-découverte de la terre noire (Sénégalaise sans doute). Nous verrons tout d'abord quelle est cette femme noire dont semble nous parler Senghor, quel est son érotisme, son charme, avant de nous rendre compte qu'en réalité, cette femme noire est, métaphoriquement, la terre africaine. [...]
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