Contrairement aux besoins naturels qui doivent être satisfaits sous peine de mettre la vie en danger, les désirs s'inscrivent dans le champ de la culture. En ce sens, on peut définir le désir comme l'envie de posséder telle ou telle objet dont nous ne disposons pas encore - qu'il s'agisse d'un désir de possession matérielle, du désir amoureux ou du désir de se changer soi-même.
[...] Cependant, il change simplement d'objet. Par conséquent, le désir survit à ses incarnations particulières : le désir survit aux désirs. B. Ce n'est pas parce que nous avons fini de désirer tel objet que nous l'avons faussement désiré En outre, le changement d'objet du désir ne signe pas pour autant la fausseté du désir précédent. Il y aurait en effet une forme d'incohérence à croire s'être trompé soi-même. Nous nous sommes trompé, certes, mais pas sur le désir : nous avons cru que l'assoupissement d'un désir amoureux nous rendrait heureux pour toujours et ce n'est pas le cas. [...]
[...] Car certains désirs en effet disparaissent sitôt qu'ils ont été satisfaits. Désirions-nous donc véritablement ces objets, alors que leur possession ne suffit pas à nous réjouir ? Autrement dit, y aurait-il de faux désirs ? Pour répondre à cette question, nous nous demanderons dans quelle mesure l'incarnation particulière du désir général en une multitude de désirs particuliers constitue une expression faussée du désir. Dans cette perspective, nous verrons dans un premier temps que le désir, en tant que sentiment vécu par le sujet, ne saurait être qualifié de faux. [...]
[...] Nous nous trompons simplement sur la capacité du désir à assurer notre bonheur. Conclusion Lorsque nous estimons qu'un désir est faux, nous ne pouvons faire cette observation qu'a posteriori. Personne n'est en mesure de dire au présent "ce désir est sans doute faux, mais je le poursuis malgré tout". Cela montre que ce qui se fane, ce n'est pas le désir lui-même, mais seulement son objet particulier. Lorsque celui-ci est assouvi - ou abandonné faute de succès - le désir ne s'éteint pas pour autant : il se fixe sur un autre objet. [...]
[...] Le désir cède place à un autre désir Car si la réalité d'un désir particulier n'est pas durable, le désir comme sentiment général ne disparaît pas pour autant. En effet, un désir assouvi laisse place à un autre. Celui qui obtient un bien convoité cherchera bientôt un bien plus important encore, plus inaccessible. Dans le cas d'Emma Bovary, le mariage avec Charles ne la satisfait que très brièvement, de même que sa liaison avec Rodolphe, qui lui laisse un goût d'inachevé. On observe donc une forme de succession de plusieurs désirs. III. [...]
[...] Par conséquent, même en admettant que son désir amoureux est en réalité fugace et disparaîtra tôt ou tard, force est de constater que Julien Sorel donne de la réalité - et donc de la vérité - à son désir en faisant de celui-ci le moteur de son action. En cela, il change le monde et le façonne à l'image du désir. Autrement dit, il donne lui-même de la réalité à son désir. II. Les désirs disparus sont-ils faux pour autant ? A. L'assouvissement du désir laisse parfois place à une insatisfaction Pourtant, l'assoupissement du désir constitue souvent une source de déception paradoxale pour celui qui y parvient. Julien Sorel méprise Mme de Rénal, qu'il aimait avant tout pour son caractère inaccessible. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture