Travailler pour être heureux, philosophie, workaholism, bonheur, Spinoza, Deleuze, tripalium
« Je ne veux pas travailler, je ne veux pas déjeuner, je veux seulement oublier », tels sont les mots choisis par Edith Piaf dans sa chanson Je ne veux pas travailler. Plus que comme une frivolité, il faut comprendre ces paroles comme un symptôme de notre société, comme un phénomène qui nous renseigne sur une conception contemporaine possible du travail. Le travail apparaît alors comme cette espèce de corvée qui nous empêche de vivre comme nous le désirons et qui nous empêche d'être heureux. Retour en antiquité à l'âge post-moderne, il semblerait que la perception du travail comme tripalium ait traversé les générations sur plus d'un millénaire. Et conjointement avec elle, la jalousie envers l'oisif qui, vivant sa vie libéré des chaînes du labeur, se complait à contempler le ciel ; luxe ultime que de s'adonner aux arts et aux lettres au lieu de charcuter la terre avec les sillons de sa charrue.
[...] Qu'en est-il du travail en lui même ? II) Le travail subi : dévaluation du bonheur Il s'agit dans cette partie de comprendre en quoi, est-ce qu'un penchant du travail en lui-même nous pousse à affirmer qu'il est un frein au bonheur. Si tel est le cas, c'est que le travail moderne est à la fois un abrutissement et une aliénation sous certains rapports et en même temps un travail pour un autre. Le travail comme abrutissement et aliénation L'on va retrouver ici deux thèses canoniques de la philosophie du travail. [...]
[...] Cependant, ce n'est pas parce que le travail a envahi jusqu'aux dernières craquelures de la sphère sociale que le bonheur en a été pour autant effacé de la surface du globe. Nous pouvons, certainement sans trop se tromper, croire en la vérité de l'eudémonisme et poser le bonheur comme finalité de toute action humaine. De fait, la recherche du bonheur et sa prétention ne se sont pas arrêtées avec la modernité, mais ont plutôt dû composer avec un nouveau terme dans leur équation : celui du travail. Dès lors, la question est légitime : de quelle manière est-ce que le travail conditionne notre bonheur ? [...]
[...] Ce qui sauve les chômeurs, c'est uniquement qu'on les perçoit comme travailleur potentiel. o Ainsi, cette remarque et cette opposition entre travailleur et non- travailleur nous montrent que le travail dans sa fonction d'intégrateur social est une source de bonheur, car celui qui ne travaille pas est frappé par le sceau de la solitude. Pas de la solitude sensuelle que l'on ressent à être au milieu d'une forêt, la vraie solitude : celle que l'on ressent quand nous sommes perdus au milieu d'une foule. [...]
[...] Ainsi, il en ressort que le travail est un abrutissement et une aliénation tant en ce qui concerne la production finale que le processus dont elle est tirée. Le travailleur moderne travaille pour l'autre et les moutons sont bien gardés. Il est certain que pour Marx cela est une mauvaise chose et pour Nietzsche une bonne. Mais plutôt que de rester sur cette aporie, nous allons comprendre que le travail n'est pas en lui même agent du bonheur ou même du malheur. [...]
[...] On ne peut plus retracer l'origine humaine dans la production moderne. L'homme est aliéné à son produit. Du coup, il est remplaçable dans sa tâche, elles- mêmes réduite et simplifiée de telle manière à ce que n'importe qui puisse la faire. o Que dirait Marx de la robotisation de la production ? Les usines Michelin auraient fini de l'achever. Travailler pour un autre Nous allons ici envisager le deuxième versant de l'aliénation entraînée par le travail moderne : en plus d'aliéner l'homme dans son rapport avec le produit de son travail, l'homme subit l'aliénation du fait de travailler pour un autre. [...]
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