Chez les Grecs, accéder à l'immortalité était le plus illustre des honneurs. C'était le cas notamment de certains héros comme Héraclès, divinisé après son sacrifice par le feu, bientôt rejoint par Thésée, fils d'Egée, lui aussi intronisé parmi les dieux olympiens à la suite de ces divers exploits. Aussi la question de l'homme dans son rapport à la vie et à la mort semble faire partie de ces questionnements métaphysiques et ontologiques, inaccessibles a priori à la raison humaine, qui ont préoccupé de tous temps les hommes. Elle met en évidence la crainte de ceux-ci vis-à-vis de l'inconnu, ici le sort de l'âme après la mort, et ce réflexe inéluctable à combler ce vide par une solution a priori surnaturel, ici la possibilité d'une immortalité. Et par ce terme, on entend la qualité de ce qui n'est pas contraint par la mort, et de ce qui est capable de pouvoir durer éternellement.
Autrement dit, l'immortalité suppose la possibilité d'une autonomie vis-à-vis du temps. Aussi, se vouloir immortel, c'est déjà aspirer à quelque chose que l'on ne maitrise apparemment pas, à savoir se libérer de toutes contraintes liées aux effets du temps sur l'existence. Est-il dès lors raisonnable de vouloir l'apparemment impossible ? Faut-il se vouloir immortel induit une certaine nécessité. Ainsi, les biens produits par la volonté d'immortalité sont-ils supérieurs à la conscience d'une vie limitée dans le temps ?
[...] C'est aussi postuler le temps comme lui-même infini. Or le temps n'est infini que si lui-même existe, autrement dit il est impossible d'en démontrer l'existence puisque dépendant que de lui-même. Alors, si l'on veut envisager la possibilité d'une immortalité, il s'agit d'envisager l'existence comme indépendante de l'idée de vie et de mort, mais bien comme quelque chose dont nous ne pouvons même pas envisager la possibilité, sans quoi on se heurte à l'établissement d'indispensables présupposés et de principes qui discréditent l'idée d'immortalité. [...]
[...] Y'a-t-il vraiment lieu de se poser la question ? A l'issue de ces réflexions, il tient lieu d'admettre que nous avons construit notre raisonnement sur un postulat sans pourtant en montrer la légitimité, celui que l'existence s'inscrit dans le temps, quand bien même ce dernier ne serait qu'un principe de la raison, et non une chose en soi, pour reprendre la terminologie kantienne. Alors l'idée même de l'immortalité semble compromise, puisqu'apparaissant comme ce qui ne serait qu'une pure abstraction de l'esprit humain. [...]
[...] Que peut-on espérer alors de l'immortalité ? Rappelons que l'objectif initial était de se libérer par l'immortalité de la contrainte exercée par le temps sur l'existence humaine, qui bornait jusque-là sa vie. Or, il apparait que vivre éternellement implique n'être pas maître de son existence, puisque l'individu se trouve condamné à subir le temps dans son infinité. Si l'homme mortel pouvait jusqu'alors être en mesure de décider à tout moment d'échapper au temps par la mort, l'homme immortel est forcé de projeter sa vie dans quelque chose qu'il ne peut même pas concevoir, l'éternité. [...]
[...] Faut-il se vouloir immortel? Introduction Chez les Grecs, accéder à l'immortalité était le plus illustre des honneurs. C'était le cas notamment de certains héros comme Héraclès, divinisé après son sacrifice par le feu, bientôt rejoint par Thésée, fils d'Egée, lui aussi intronisé parmi les dieux olympiens à la suite de ces divers exploits. Aussi la question de l'homme dans son rapport à la vie et à la mort semble faire partie de ces questionnements métaphysiques et ontologiques, inaccessibles a priori à la raison humaine, qui ont préoccupé de tout temps les hommes. [...]
[...] Pourquoi se vouloir immortel ? Quelles conditions ? Se vouloir immortel semble marquer la volonté du sujet à s'émanciper de la contrainte exercée par le temps sur lui-même. Cette emprise, en postulant l'homme mortel, s'exprime par la perception de l'existence comme comprise entre deux bornes temporelles au-delà desquelles l'existence du sujet n'est pas, l'une la précédant, l'autre lui succédant. Dès lors, l'immortalité semble conférer au sujet la possibilité d'acquérir l'autonomie à laquelle il aspirait, puisqu'elle semble lui écarter toute dépendance au temps, qui seul peut lui imposer la mort comme une borne temporelle au-delà de laquelle il n'est plus, indépendamment des contraintes terrestres qui menacent l'individu. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture