Se délivrer de ses passions, agir, inclinations, actions, Descartes, inactions, perception, sentiment, Spinoza, Kant, nature humaine, Clément Rosset, Sartre, existentialisme, humanisme, influence, paralysie, peur de l'échec, raison, équilibre, liberté
Les passions, dont on parlera ici au sens fort du terme - pas seulement des sentiments ou des inclinations - sont en quelque sorte à l'abstrait ce que sont les actions au concret. Les deux sont assurément liés, mais il s'agit de définir l'influence prépondérante de l'une sur l'autre : celle de la passion sur l'action. On peut donc se demander s'il est nécessaire, bénéfique ou même possible de supprimer l'implication de nos passions dans nos actions. L'acte résulte au départ d'un choix, ensuite il consiste en un accomplissement qui tend vers un but.
[...] En ce sens, les passions représentent la dimension déterminée de l'action, qui contraste avec sa dimension libre. Kant conçoit l'aspect passionnel de l'inclination comme une entrave à la liberté, et affirme dans l'Anthropologie d'un point de vue pragmatique que « la passion suppose toujours chez le sujet une maxime qui est d'agir selon une fin qui lui est prescrite par l'inclination ». Il décrit les passions comme des « dispositions mauvaises sans exception », affirmant qu'elles trouvent leur satisfaction dans l'esclavage de la liberté. [...]
[...] Si la raison ne peut pas dompter les passions de manière aussi radicale, elle peut pourtant, dans une moindre mesure, les rendre plus dociles. B. La raison comme régulateur des passions dans l'action « J'appelle servitude l'impuissance de l'homme à gouverner et à réprimer ses sentiments : l'homme soumit aux sentiments ne dépend pas de lui-même, mais du hasard » (Spinoza, Ethique, 3e partie). Les passions sont néfastes à la liberté d'action de l'homme, mais, selon Spinoza, la solution n'est pas de les détruire, mais « de garder ce qu'elles ont de positif », et développer ce côté positif. [...]
[...] Faut-il se délivrer de ses passions pour agir ? « Pour commencer je considère que tout ce qui se fait ou qui arrive de nouveau, est généralement appelé par les philosophes une passion au regard du sujet auquel il arrive, et une action au regard de celui qui fait qu'il arrive. En sorte que, bien que l'agent et le patient soient souvent fort différents, l'action et la passion ne laissent pas d'être toujours une même chose, qui a ces deux noms, à raison des deux divers sujets auxquels on peut la rapporter. » (Descartes, Les passions de l'âme, Article 1). [...]
[...] Kant concède le fait que les passions peuvent permettre l'accomplissement de grandes choses, mais il maintient qu'il en est de même de toutes les inclinations de l'homme, qui ne doivent de ce fait pas pour autant devenir des passions. Ainsi, si les passions peuvent être aussi bien des facteurs d'aliénation, d'échec ou de réussite de l'acte auquel elles sont rattachées, il s'agirait pour limiter leur impact négatif de les contrebalancer par la raison. Mais est-il possible d'exercer un contrôle sur ses passions, même par le biais du raisonnement ? [...]
[...] Il est donc légitime de se demander si ces affects dirigent le choix ou l'accomplissement de l'action de bonne ou de mauvaise façon. Les émotions motivent nos actes dans certains cas aussi bien qu'elles peuvent les entraver dans d'autres, mais dans tous les cas elles sont nécessairement rattachées à chaque action d'importance. Sont-elles un lest qui alourdit le choix de la bonne conduite à adopter, de la bonne action à accomplir et dont il faut se débarrasser ? Et en admettant que les passions puissent empêcher l'homme d'agir « bien » ou lui compliquer cette tâche, peuvent-elles aussi forcer ce dernier à l'inaction ? [...]
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