Depuis notre plus tendre enfance, on nous enseigne de respecter la morale : on nous apprend à être sage et soumis, à obéir consciencieusement aux règles et aux interdits, à nous conformer aux principes de la moralité… On est alors en droit de questionner le bien-fondé de ces enseignements. Pourquoi devrions-nous nous soumettre aux dictats de la morale ? Celle-ci est-elle vraiment si indispensable et salutaire ? N'y a-t-il pas un droit voire une nécessité de renier la morale ?
Nous verrons dans un premier temps que la revendication d'un immoralisme risque fort le fait d'une mauvaise foi individualiste, surtout soucieuse de ses intérêts personnels ; c'est pourquoi, dans un deuxième temps, nous examinerons les nombreuses raisons sur lesquelles peut être fondée la nécessité de la morale. Toutefois, nous interrogerons, en dernière analyse, la vérité anthropologique de la morale : ne serait-elle pas, contre toute attente, un apprentissage de la servitude, auquel il faudrait alors refuser de se subordonner de façon inconditionnelle ?
[...] Puis les libertins rejetèrent, au nom d'une éthique du plaisir, les préceptes de la morale chrétienne et la notion du péché qui s'y rapporte. Mais c'est sans doute Nietzsche, qui de façon particulièrement déroutante, exprima le soupçon le plus vif à l'encontre de la morale. Contre presque toute la tradition philosophique, Nietzsche inaugure une méfiance et une hostilité envers les principes moraux les plus communément admis. Pour ce faire, il adopte une démarche généalogique, s'efforçant de remonter aux origines cachées de la morale. [...]
[...] Là se trouve aussi la nécessité de la morale, prise en un autre sens. La morale est nécessaire en cela qu'elle s'impose a priori à ma conscience. Nul ne saurait ignorer la nature des commandements dont elle est composée car ces commandements ne viennent pas d'une source externe mais de ma raison même. Personne ne peut donc méconnaitre la vérité de ces impératifs et c'est aussi la raison pour laquelle personne ne peut légitimement prétendre les mépriser. De même, la tradition chrétienne nous présente la morale comme la seule voie de salut. [...]
[...] Faut-il rejeter la morale ? Depuis notre plus tendre enfance, on nous enseigne de respecter la morale : on nous apprend à être sages et soumis, à obéir consciencieusement aux règles et aux interdits, à nous conformer aux principes de la moralité On est alors en droit de questionner le bien-fondé de ces enseignements. Pourquoi devrions-nous nous soumettre aux dictats de la morale ? Celle-ci est-elle vraiment si indispensable et salutaire ? N'y a-t-il pas un droit voire une nécessité de renier la morale ? [...]
[...] Car si l'on est prêt à faire exception pour soi-même, on est en revanche beaucoup moins disposé à accepter l'immoralisme d'autrui. Par là, on découvre le caractère injustifiable d'un immoralisme individuel, fondé sur la seule préoccupation égoïste du moment et le manque de courage ou de sérieux de celui qui le revendique. Rejeter la morale revient ni plus ni moins à mépriser l'autre, et à s'estimer soi-même au dessus du lot à chaque fois que cela nous arrange, se permettant de ne pas respecter les principes qu'on attend pourtant que les autres respectent. [...]
[...] Pourtant la pensée critique soupçonne cette belle unanimité et ose dénoncer l'autorité pathogène de la morale. Cette audace, même si elle ne débouche pas fatalement sur l'abolition ipso facto de la morale, a le mérite d'éveiller en nous une conscience nouvelle : celle de la menace qu'il y aurait à se soumettre aveuglément aux principes d'une morale établie. Sans rejeter toute espèce de règle, la critique de la morale nous ouvre la perspective d'une nécessité : celle de réinventer subjectivement les principes directeurs de notre action et de notre existence. [...]
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