Une fatalité semble régner sur les relations humaines: "il y aura toujours un maître pour commander et un serviteur pour obéir", entend-on souvent dire. Est-ce inévitable, comme il est inévitable que la pierre, une fois lancée en l'air, retombe sur terre ? L'analogie s'arrête là car les lois du monde humain n'ont pas exactement le caractère nécessaire des lois naturelles, elles sont le fruit des hommes. Mais justement si l'homme tient autant à manifester une liberté que les choses n'ont pas, on peut se demander quelles sont les raisons qui l'inclinent à l'abandonner en faveur d'un autre. Les contraintes de l'organisation sociale peuvent justifier tout d'abord la domination d'un seul sur un groupe, mais il est clair aussi que l'être humain ne sait pas toujours reconnaître le maître là où il se trouve. Quelle dépendance sommes-nous donc prêts à reconnaître ?
[...] Dans ce cas, comment s'obtient-elle? On le sait, par le risque de la mort assumé et revendiqué, l'une des deux consciences de soi force l'autre à la reconnaître comme conscience de soi. En revanche, elle refuse ce qu'elle vient d'obtenir en se servant de l'autre comme d'un serviteur, elle jouit donc de sa reconnaissance et en tire profit. Elle se le permet d'autant plus que l'autre, en entrant dans la lutte pour la reconnaissance en a accepté l'issue à l'avance: soit elle gagne soit elle perd. [...]
[...] Faut-il reconnaître quelqu'un comme son maître? Une fatalité semble régner sur les relations humaines: "il y aura toujours un maître pour commander et un serviteur pour obéir", entend-on souvent dire. Est-ce inévitable, comme il est inévitable que la pierre, une fois lancée en l'air, retombe sur terre ? L'analogie s'arrête là car les lois du monde humain n'ont pas exactement le caractère nécessaire des lois naturelles, elles sont le fruit des hommes. Mais justement si l'homme tient autant à manifester une liberté que les choses n'ont pas, on peut se demander quelles sont les raisons qui l'inclinent à l'abandonner en faveur d'un autre. [...]
[...] La fatalité règne alors et personne ne cherche à changer l'ordre des choses. La fameuse "loi de la jungle" sert souvent d'argument pour justifier le partage du monde humain entre ceux qui dominent et ceux qui se plient aux ordres. Une science nouvelle, dénommée "sociobiologie", va même jusqu'à puiser dans les écrits de Charles Darwin les preuves dont elle a besoin pour démontrer que la société humaine, à l'image des sociétés animales, s'organise autour d'un dominant, le chef, auquel le reste du groupe se soumet de force. [...]
[...] Il doit donc former ses élèves pour que leur reconnaissance ne les empêche pas de trouver leur propre voie. Dit autrement, le vrai maître sait qu'un jour il sera dépassé par ses disciples, ce pourquoi lui importe davantage la reconnaissance future que la reconnaissance présente. D'ailleurs, sait-on toujours quand on a trouvé son maître ? On peut le côtoyer des années sans le savoir et le reconnaître bien plus tard. De son côté, il n'est pas certain que le maître ait conscience de tenir ce rôle, il ne l'apprendra peut-être jamais. [...]
[...] À quoi le reconnaît-on? Pour consentir à l'existence d'un maître, il faut au préalable le reconnaître. Le reconnaître, non parce qu'il détient le pouvoir, ni parce qu'il veut détenir le pouvoir, mais parce que c'est la condition pour en être reconnu en retour. A cet égard, "la lutte pour la reconnaissance" décrite et conçue par Hegel garde tout son sens. Dans la rencontre entre deux consciences de soi, en effet, n'existe aucun des signes de pouvoir qui permet en général à un individu de se faire obéir, voire de se faire reconnaître, même de façon superficielle. [...]
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