Faut-il rechercher une finalité dans l’histoire ?

Résumé du document

Les historiens étudient l'Historie tandis que les philosophes s'interrogent sur la Geschichte. Là où le français n'a qu'un mot pour désigner deux réalités, l'allemand en a deux. Car l'histoire désigne tout à la fois le devenir historique des sociétés humaines (die Geschichte en allemand), base de la philosophie de l'histoire et de la question du sens de l'histoire, et la connaissance historique, l'histoire des historiens (die Historie en allemand). De même, l'idée de finalité est polysémique : elle renvoie d'une part au rôle, à la signification, à l'utilité de quelque chose, d'autre part à son but, son objectif, sa destination. Par ailleurs, s'il faut rechercher une finalité dans l'histoire, serait-ce un devoir ou une nécessité ? Enfin, une telle recherche est-elle récupération de quelque chose que l'on a déjà eu (le préfixe « re » impliquant l'idée de retour), ou bien effort pour connaître quelque chose de peu ou mal connu, ce second sens se rapprochant de l'étymologie du verbe « chercher », cicare, qui signifie « aller autour », autrement dit s'efforcer de trouver quelque chose ?

Extraits

[...] Faut-il rechercher une finalité dans l'histoire ? Introduction Les historiens étudient l'Historie tandis que les philosophes s'interrogent sur la Geschichte. Là où le français n'a qu'un mot pour désigner deux réalités, l'allemand en a deux. Car l'histoire désigne tout à la fois le devenir historique des sociétés humaines (die Geschichte en allemand), base de la philosophie de l'histoire et de la question du sens de l'histoire, et la connaissance historique, l'histoire des historiens (die Historie en allemand). De même, l'idée de finalité est polysémique : elle renvoie d'une part au rôle, à la signification, à l'utilité de quelque chose, d'autre part à son but, son objectif, sa destination. [...]

[...] La critique de la conception hégélienne est principalement le fait de Marx. Avant de développer celle-ci, on peut simplement noter que de même que chez Bossuet et Kant, la conception de Hegel tend à déresponsabiliser les hommes (guidés par la Raison) et à justifier tous les faits historiques au nom du progrès. La critique marxiste réfute l'orientation des évènements par des forces sur lesquelles nous n'avons pas prise. Marx replace l'homme à l'origine du développement historique : l'histoire n'est faite par personne d'autre que par les hommes. [...]

[...] Ils réalisent eux même la totalité de leur histoire. Mais comme on l'a vu, cette seconde acceptation ne permet pas d'expliquer les horreurs commises dans l'histoire autrement que par une nature humaine naturellement irrationnelle, et nous empêche de découvrir la finalité de l'histoire, en raison de la contingence du processus historique fruit de la liberté humaine. Nous allons donc nous intéresser à cette troisième acceptation de la place des hommes dans le devenir historique : les hommes comme marionnettes de l'histoire, celle-ci toujours conçue comme ayant une finalité, une destination qu'il importe de découvrir. [...]

[...] On a vu que les philosophies de l'histoire recherchent la finalité de l'histoire ainsi que les facteurs faisant advenir cette finalité. Les facteurs sont donc soit Dieu, soit la Nature, soit la raison humaine, selon que l'on admet la conception de Bossuet, de Kant ou de Hegel. Quant à la finalité du devenir humain, il s'agit de l'universel réalisé pour le plus grand bien de tous. Pour Kant, l'objectif ultime est l'instauration de la paix perpétuelle entre les États grâce à l'alliance cosmopolite des hommes et des États. [...]

[...] Il faut alors s'interroger sur le rôle que tiennent les hommes dans le processus historique, puisque ce sont eux qui, en agissant selon des buts conscients, font l'histoire. Mais sont-ils auteurs, acteurs ou agents inconscients de l'histoire ? Si le devenir historique, die Geschichte, tend vers un objectif ultime, les hommes sont- ils à l'origine de ce processus (auteurs), conscients de se processus sans l'avoir conçu (acteurs) ou simples jouets de l'histoire (agents inconscients) ? Commençons par postuler une histoire faite par les hommes qui en seraient les auteurs. [...]