Le mot «histoire » à deux sens : l'histoire est, d'une part, un devenir de l'humanité, l'ensemble des faits qui se rapportent, dans tous les domaines (politique, techniques, art…) à ce que les hommes ont fait et, d'autre part, la discipline qui réfléchit sur ce devenir, tente de le connaître. Ici, c'est le premier sens du mot qui est l'objet de notre réflexion (sauf dans les quelques remarques ajoutées plus loin)
La question est de savoir si les hommes font l'histoire peut être précisée ainsi : les hommes peuvent-ils décider, à chaque instant, de ce que sera le cours de leur histoire ou bien l'histoire avance-t-elle par un «moteur» qui échappe aux décisions des individus ? Pour réfléchir à cette question, on peut retrouver des idées déjà rencontrées dans la leçon sur la liberté humaine : de même que nous nous étions demandé si un individu peut choisir ce qu'il est ou bien s'il est prisonnier d'un déterminisme, on peut se demander si les hommes peuvent choisir leur histoire collective ou bien si celle-ci se déroule sans qu'ils puissent influencer sur elle. Les théories que nous avons confrontées sur la question de la liberté se retrouvent ici.
[...] Quelques remarques sur le travail de l'historien . Pour l'opinion commune, le travail de l'historien consiste simplement à constater la manière dont l'histoire s'est déroulée. Cette opinion est sans doute causée par le fait que les livres d'histoire, par lesquels nous accédons à sa connaissance, font apparaître le résultat du travail de l'historien, résultat qui donne souvent l'impression qu'à eu à se pencher sur une période donnée pour que celle-ci lui apparaisse exactement comme le ciel m'apparaît lorsque je regarde par la fenêtre. [...]
[...] En ce sens, ils sont conditionnés. Mais on peut penser qu'ils ne sont pas déterminés par ces facteurs, qu'ils ne sont pas orientés par eux par une manière inévitable dans une direction plutôt que dans une autre. De ce point de vue, on peut considérer que l'homme est à la fois un produit de l'histoire et un être que la fait librement, il ne choisit pas les conditions dans lesquelles il apparaît (je ne choisis pas, par exemple, de naître en France, au XXème siècle, en période de chômage ) mais il peut disposer de ces conditions, c'est à dire qu'il a le pouvoir de les transformer. [...]
[...] La fin des campagnes napoléoniennes par exemple, montre bien que la seule volonté d'un homme ne peut pas choisir la direction donnée à l'humanité. D'où l'hypothèse du providentialisme, selon laquelle le monde est dirigé par une providence (étymologiquement, pro-video = voir avant), un être transcendant dont l'histoire réalise les plans, être qu'on peut appeler Dieu par exemple. Cette hypothèse est illustrée par Hegel dans la raison dans l'histoire. Dans ce livre Hegel affirme que l'histoire est la concrétisation du plan d'un Esprit, d'une Raison, d'une puissance qui transcende l'humanité. [...]
[...] Par exemple encore, des facteurs climatiques peuvent rendre le peuple mécontent : le climat produit alors nécessairement une révolte. Par exemple enfin, nous pourrions évoquer de nouveau, le contexte économique et social pré-révolutionnaire, contexte tel qu'une révolution ne pouvait pas ne pas se produire. Il est important de préciser que le déterminisme ne peut être acceptable, crédible, que s'il multiplie les causes déterminantes à rechercher. Il serait absurde de chercher à expliquer toute l'histoire par un seul facteur, absurde d'affirmer par exemple que ce sont les causes climatiques qui déterminent complètement le devenir historique humain. [...]
[...] Ce qui se produit dans l'histoire, à un instant donné ne dépend pas des personnes mais des conditions qui le précèdent. Ainsi, il n'y a pas de création, par les hommes, à chaque instant, de leur devoir commun : tout ce qui se produit est déterminé par des conditions qui le précède, tout ce qui se produit aurait pu être prévu. Evidemment, pour prévoir effectivement ce qui va se produire, il faudrait posséder une intelligence surhumaine, capable d'embrasser en même temps une infinité de causes et de deviner leurs, effets, mais le fait qu'un homme ne puisse pas prévoir l'avenir ne signifie pas que cet avenir ne soit pas, en soi, complètement déterminé par des facteurs présents. [...]
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