Faut-il libérer le désir ou se libérer du désir, recherche du bonheur, passion, obstination dans la souffrance, manque humain, satisfaction humaine, compétition, dépendance, instinct de survie, liberté d'autrui, possession, illusion du bonheur
On désire tous quelque chose : la richesse, la reconnaissance, fonder une famille, comprendre le sens de la vie... Le désir semble même guider nos actions tout au long de notre vie. En effet, on étudie pour avoir un diplôme, on boit pour oublier nos soucis, on s'apprête pour rentrer dans les normes de notre époque ou pour s'en distinguer. Le désir nous pousse donc à agir pour atteindre un but, pour obtenir quelque chose, pour satisfaire un manque. Car on ne peut désirer que ce que l'on n'a pas. Quel homme désirera se marier avec son épouse, avoir le poste qu'il a déjà, se baigner là où il se baigne ? Mais lorsqu'on obtient l'objet de notre désir, que se passe-t-il ? On a vu qu'on ne peut plus le désirer puisqu'on l'a.
De plus, un enfant qui obtient la dernière console de jeu manifeste généralement son plaisir, comme un gagnant au loto ou celui qui a une promotion. Le désir semble alors mener au plaisir, au contentement... au bonheur ? Peut-être désirons-nous simplement être heureux. Libérer le désir, est-ce alors se laisser entièrement guider par cette passion pour atteindre un état de bonheur, ou tout désirer ? Mais on a vu que l'Homme est déjà entraîné par son désir, n'est-ce pas toujours le cas ? Tendons-nous toujours à satisfaire nos désirs ? Les homosexuels au Moyen-Âge prouvent le contraire, ils refrénaient leur désir d'affirmer leur orientation sexuelle et ne satisfaisait jamais cette passion. Or on imagine sans peine qu'ils ne pouvaient pas être heureux. Le désir apparaît donc comme le moyen d'accéder au bonheur, le repousser semble contre nature.
[...] Le meilleur exemple ici semble celui du compétiteur. Un nageur peut aimer nager de tout son cœur (parce qu'il a du plaisir à sentir l'eau, la fatigue), s'il ne désire pas gagner, il ne deviendra pas un grand compétiteur. D'ailleurs, on entend fréquemment les vainqueurs, lors de championnats, affirmer qu'ils ont accompli leur meilleure performance lors de la compétition. Le désir est ce qui nous pousse, car on veut ressentir du plaisir en le satisfaisant et notre nature d'Homme fait qu'on se surpasse pour évoluer. [...]
[...] Or, si l'Homme est guidé par son désir, peut-il, d'abord, s'en libérer et peut- il ensuite vivre sans désirer ? Car s'il vit sans être guidé par son désir, par quoi est-il guidé ? Qu'est-ce qui le pousse à vivre ? Et si le désir nous permet d'atteindre le bonheur, comment faire sans lui ? Mais se libérer du désir peut aussi être compris au sens de ne plus en dépendre totalement, en réfrénant certains désirs, les maîtrisant, et s'autorisant certains autres. Dès lors, on peut chercher un juste milieu entre s'abandonner au désir et s'en défaire. [...]
[...] C'est donc dans la nature de l'homme de désirer, car il ne se contente pas de vivre en ressentant des besoins. De plus, il semble qu'on peut choisir de satisfaire ou non un plaisir. Ainsi, l'Homme se distingue de l'animal d'abord en exprimant des désirs de confort puis en ayant conscience de ces affects. Or si « l'appétit est l'essence même de l'Homme comme le dira Spinoza, si l'Homme est Homme, car il est un être de désir, vouloir se détacher de ses désirs reviendrait à s'écarter de sa nature d'Homme. [...]
[...] Pourrait-on alors rester dans cette phase d'imagination du désir ? Car si l'imagination nous préserve de la souffrance et de la déception, imaginer seulement, sans jamais voir la réalité, nous garantiraient un plaisir constant, soit l'accession au bonheur Mais espérer quelque chose d'imaginaire, c'est espérer illusoirement. Or l'Homme qui désire le bonheur espère alors le bonheur. Mais s'il espère le bonheur, il ne peut pas être heureux et reste dans l'espérance. Même s'il s'imagine être heureux, il ne l'est pas. [...]
[...] Puisqu'on peut aisément l'avoir, ressentirions-nous du désir pour lui ? Aussi, si nous désirons seulement ce qui relève de nous, c'est-à-dire peu de choses, ne réfrénons-nous pas trop notre de désir de sorte qu'il ne pourra même plus être un moteur pour persévérer dans notre être ? Et si les stoïciens se moquent de l'espérance, car elle nous donne seulement l'illusion du bonheur, cet espoir n'est-il pas suffisant ? On a du mal à imaginer que désirer seulement ce qu'on peut avoir nous rendrait plus heureux que vivre dans un monde d'illusions pures. [...]
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