Dans nos libertés fondamentales comptent les libertés de penser et d'expression. Cependant, les propos racistes sont condamnés par la loi alors que ces libertés prises au premier degré nous inciteraient à les tolérer.
Nous pouvons par conséquent nous demander s'il faut tout tolérer ? Doit-on accepter toutes les opinions ? La tolérance fait-elle de nous quelqu'un de plus sage ? Tolérer le Mal, est-ce l'accepter, le banaliser au même titre que le Bien ? Tolérer, est-ce mettre de côté ses propres convictions ? La tolérance nous mène-t-elle au savoir et à la connaissance ou nous en éloigne-t-elle ? Peut-on se limiter à tolérer sans jugement de valeur ?
[...] Être choqué par des actes barbares, ne pas les tolérer est une preuve de notre conscience d'exister au monde. Nous ne glissons pas dans la vie, mais sommes ainsi capables de réagir face à des situations qui nous émeuvent ou nous révoltent. En effet, l'homme est sans cesse confronté à des choix, à sa liberté. Il peut choisir de tout tolérer (glisser), même l'intolérable, ou d'utiliser sa liberté pour celle des autres. Sa liberté peut être vécue comme un fardeau si l'homme prend conscience que ses actes n'engagent pas que lui, mais l'humanité tout entière. C'est l'angoisse existentielle. [...]
[...] Cependant, certains principes moraux inconditionnels pointent du doigt un intolérable, celui qui empêche l'autre d'être toléré. Ainsi, tolérer les autres, le respect d'une opinion différente de la mienne est la compensation du fait que je puisse moi-même exprimer mon opinion. C'est la compensation du fait que je puisse exprimer mon opinion, qui, tout en acceptant celle des les autres, ne peut être exempt d'un jugement de valeur qui ne concerne pas que moi, mais l'humanité. Ainsi, s'il faut être tolérant, nous ne pouvons pas tout accepter. [...]
[...] Pour un viol, ce serait aujourd'hui la prison, mais les testicules broyés entre deux pierres durant la Rome Antique. La vérité était une Terre plate, mais c'est aujourd'hui une Terre ronde. La vérité ne correspondait pas à la réalité. Il en est de même pour la création du monde : en sept jours ou le Big Bang. Pour les sceptiques, ce travail est poussé jusqu'au bout. Pyrrhon d'Elis, n'étant jamais sûr d'atteindre la Vérité, la représentation parfaite de la réalité, suspend tout jugement et n'a donc pas d'autre choix que de tolérer les représentations des autres. [...]
[...] Si je tolère les salauds, j'admets qu'ils existent, et cela peut me servir d'excuse pour en être un. Si en revanche je suis quelqu'un qui lutte pour les droits des femmes, je ne tolère pas la soumission féminine, cela engage mes valeurs et mes idées, et aussi une façon d'exister au monde qui en inspirera certains, qui se sentiront moins seuls dans cette cause. Par ailleurs, si j'admets qu'il y ait des personnes qui tolèrent mes idées, je me dois aussi de tolérer les leurs car si je me comporte comme quelqu'un d'intolérant, les autres hommes prendront pour excuse qu'il y en a d'autres au monde et seront donc sans scrupule intolérant, et peut-être contre mes idées. [...]
[...] Dans ce cas-là, la tolérance de représentations fausses (si on admet détenir la vraie) ne nous incite pas à chercher La Vérité, car on accepte toutes les vérités, ce que chaque homme pense être la représentation de la réalité. Ainsi, il serait inutile de la chercher, et l'accès au savoir est impossible. C'est ce contre quoi lutte Parménide. Cependant, en ce qui concerne la question de la tolérance, c'est celle des valeurs et de la morale qui importe le plus. La question des valeurs absolues, qui seraient celles le plus en accord avec la nature dans la philosophie platonicienne. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture