« Si l'on est plus que mille, eh bien, j'en suis! Et même s'ils ne sont plus que cent, je brave encore Sylla; s'il en demeure dix, je serai le dixième. Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui là ». Serez-vous, comme Victor Hugo, le dernier à vous engager, à dénoncer la tyrannie et l'injustice? S'engager est une idée noble, il s'agit de mettre sa personne au service d'une cause politique ou sociale, de défendre une prise de position dans la vie publique de son temps. Dans la perspective existentialiste, si l'engagement est inhérent à l'homme, il lui reste à assumer sa liberté et ses choix qui constituent en fait son engagement. C'est une attitude de courage mais, n'est-elle pas surtout téméraire? L'engagement n'est il pas la défaite de la pensée et par là de l'objectivité? Faut-il vraiment s'engager? Le citoyen risque de cautionner des actions qu'il n'a pas forcément voulu. Le clerc risque aussi de trahir la vérité. Benda, lui, ne transige pas avec le temporel, c'est pour lui déjà une corruption. Peut-on soutenir ses idées sans aliéner sa liberté? La société Occidentale n'a pas réussi à décider s'il fallait ou non s'engager. Hirschmann se demande si elle n'est en fait pas condamnée à de longues périodes de privatisation et d'atropie des valeurs publiques suivies d'explosions spasmodiques de sentiments publics peu constructives. Parce qu'il est à la fois fondamental et dangereux de s'engager (I), il faut tendre dans la mesure du possible à se dégager ou à réguler son engagement (II).
[...] La société Occidentale n'a pas réussi à décider s'il fallait ou non s'engager. Hirschmann se demande si elle n'est en fait pas condamnée à de longues périodes de privatisation et d'atropie des valeurs publiques suivies d'explosions spasmodiques de sentiments publics peu constructives. Parce qu'il est à la fois fondamental et dangereux de s'engager il faut tendre dans la mesure du possible à se dégager ou à réguler son engagement (II). I. L'engagement collectif est nécessaire et appelle à l'engagement individuel A. [...]
[...] Non, ou par d'autres moyens que l'engagement. L'artiste ne peut ainsi suppléer au non engagement individuel par l'envoi de messages. Adorno préconise une autre stratégie. Mais le militant pourra-t-il aussi en profiter pour ne pas subir les effets pervers de l'engagement? Transition L'échec de l'engagement sonne-t-il alors son glas? Des stratégies détournées ne peuvent-elles pas permettre à l'artiste d'être efficace, au militant de rester libre? II. Se dégager ou réguler son engagement . A. Si l'art ne consiste pas à mettre en avant des alternatives, il doit quand même promouvoir l'engagement et résister contre le cours du monde qui continue à menacer les hommes comme un pistolet appuyé contre leur poitrine. [...]
[...] L'engagement de l'artiste bute sur les causes sur lesquelles il peut s'engager. " La communication aussi sublime soit elle est un matériau C'est l'émotion dont se sert l'énoncé des thèses qui fonctionne, c'est moins l'engagement que l'écriture en elle même qui est efficace. Rajouter du didactique est néfaste à l'oeuvre. Bertold Brecht quand il renonce à l'imagerie passe au large de la vraie nature du capitalisme selon Adorno. La suppression de l'ornemental au nom de l'efficacité vient remplacer l'autonomie de la forme. [...]
[...] On peut légitimement s'engager. Vient l'outing, qui est à mon avis en contradiction avec la défense de la vie privée des homosexuels par exemple. C'est peut être là que le militant peut se désengager, le mouvement s'est senti assez fort pour dépasser certaines limites. L'engagement de certains est alors perverti. Conclusion Il s'agit donc de s'engager quand personne ne s'engage et de se désengager quand tout le monde s'engage. Cela pourrait permettre de régler le problème qu'Hirschmann posait au départ. [...]
[...] Le dégagement ne tourne-t-il pas en désengagement en ce qui concerne le militant? B. Si l'art sert selon la formule de Valéry a montré que nous n'avions pas vu ce que nous avons vu, l'homme lambda n'a rien de particulier à montrer. Tout engagement génère des compromis, le militant peut garder une réserve critique mais l'émettre ne sert à rien. Celle-ci ne peut pas vraiment s'appliquer à l'action qui transforme les compromis en compromissaires. L'action ne se fait pas à moitié mais se fait ou ne se fait pas. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture