La souffrance est un état physique et moral auquel le sujet s'identifie, en effet, je dirais « je souffre, je suis souffrant », et non, « mon corps ou mon esprit souffre ». La souffrance est une douleur intense et la question « Faut-il donner un sens à la souffrance » présuppose qu'elle ne s'accompagne pas toujours d'une compréhension et d'une explication claire du sujet qui semble alors la subir sans avoir une représentation précise et pleinement consciente de sa ou ses causes. Donner un sens c'est tenter de raisonner la souffrance.
Ainsi, devons-nous chercher à interpréter, à rationaliser ou à expliquer la souffrance ? Quelles en seraient les conséquences pour le sujet ? Donner un sens à la souffrance ne serait-il pas une sorte de tentative du sujet pour rester « maître dans sa propre maison » ? Le sujet peut-il être soumis à des états physiques ou psychologiques qu'il ne contrôle ni ne comprend ? La souffrance physique est-elle comparable à la souffrance psychologique ? Les deux peuvent-elles être liées et dans ce cas quelle relation entretient l'esprit avec le corps ?
[...] En effet pour le premier cas il est arrivé que des sujets atteints d'une maladie lourde comme le cancer plongent dans une profonde dépression, la souffrance du corps agissant directement sur l'esprit qui se met à son tour à souffrir comme intimement lié à la matière. On retrouve également cela avec la maladie de Parkinson qui conduit parfois à des états délirants comme une paranoïa aiguë, une grande agressivité ou une jalousie extrême. On peut alors formuler l'hypothèse que lors du rétablissement du sujet celui-ci ne ressentira logiquement plus de souffrance psychologique, cependant, on remarque qu'après un cancer, le malade continue ou commence, un suivi psychologique dans un besoin d'achever sa guérison. [...]
[...] Le sens de la souffrance est propre à chaque sujet, il est difficile d'imaginer une souffrance collective, car l'homme appréhende cette émotion d'une manière personnelle suivant ses expériences, son vécu. On peut néanmoins imaginer que certaines souffrances tendent à être universalisables comme la souffrance religieuse qui doit avoir le ou les mêmes sens pour tous. Cependant, la souffrance reste une émotion subjective difficilement partageable ou même explicable dont le sens nous rassure lorsque nous le connaissons et nous inquiète lorsque nous l'ignorons. Bibliographie indicative : Emmanuel Renault. Souffrances sociales : Philosophie, psychologie et politique, Édition La Découverte p. Collectif. Éthique de la souffrance, Édition Le Bord de L'eau p. [...]
[...] Par là il est nécessaire de donner un sens à la souffrance, car sans cela il faudrait renoncer à se connaître et avouer un échec qui nous confinerait à subir nos états au lieu de les maîtriser et d'y remédier. Pour conclure ce devoir, nous remarquerons que donner un sens à la souffrance peut passer pour un mensonge du sujet à lui-même dans un besoin de rester maître de lui, mais que l'erreur serait de se contenter de trouver une raison et de ne pas s'assurer des véritables causes de cet état, seule solution pour conserver une connaissance de soi véritable. Donner un sens à la souffrance semble plus une affaire de choix. [...]
[...] Mais cette vision réductionniste implique une remise en cause profonde du sujet et des concepts profondément établis sur lequel se basent notre civilisation. Ôter à l'homme sa spiritualité semble le réduire à une machine gouvernée par de la matière qui ne doit sa pensée qu'à une propriété émergente des connexions neuronales. N'est-ce pas une vision abaissante de l'être humain ? Ce qui fait sa spécificité c'est justement ça capacité à éprouver des émotions, à penser, à agir. L'homme est un sujet et pas seulement un être biologique. [...]
[...] Alors, pourquoi vouloir, rechercher, ou accepter, la souffrance ? Dans la pensée grecque, seul le bonheur doit être recherché. Cela semble être la ligne de conduite la plus logique pourtant de nombreuses théories préconisent la souffrance et vantent ses vertus. La souffrance développe la compassion, elle permet d'apprécier, paradoxalement, le bonheur comme si on le vivait relativement à la souffrance, elle permet la recherche du plaisir et elle est une preuve de l'existence : dans Fin de partie Hamm réplique pleure donc il vit». [...]
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