Comme le dit Compte-Sponville dans son dictionnaire philosophique « l'expérience est notre voie d'accès au réel ». Ainsi l'expérience c'est l'ensemble des phénomènes connus et connaissables ; c'est tout ce qui est appréhendé par les sens et constitue la matière de la connaissance humaine.
Considérons un homme assoiffé qui découvre l'océan, il se précipite pour en boire l'eau mais celle-ci ne le désaltère pas, elle l'assoiffe encore plus. Cet homme vient de faire une expérience car il sait désormais que l'eau de mer est salée et donc impropre à l'absorption. Mais que s'est-il passé pour que cet homme passe d'un état lui permettant d'affirmer que toutes les sortes d'eaux sont potables, à l'état lui faisant affirmer que toutes les eaux sont potables sauf l'eau de mer ? On dira sans réfléchir que notre homme a fait une expérience. En disant cela on signifie que la connaissance de son environnement est désormais accrue, or qui de l'expérience et de l'homme fait l'autre ? Après tout c'est l'expérience qui a conduit notre homme de l'état lui permettant d'affirmer A (toutes les eaux sont potables), à l'état lui faisant affirmer B (l'eau de mer est l'exception). L'homme n'a pas vraiment fait l'expérience et d'ailleurs peut-il la faire seulement une fois ? L'expérience semble avoir contraint l'homme et avoir modifié son appréhension de son environnement. N'est-ce pas l'expérience qui fait notre homme ? Cet exemple nous presse de nous demander s'il faut dire que nous faisons des expériences ou que ce sont les expériences qui nous font.
[...] Faut-il dire que nous faisons des expériences ou que c'est les expériences qui nous font ? Bibliographie David Hume, Enquête sur l'entendement humain. Jérôme Bruner, Pourquoi nous racontons-nous des histoires ? John Locke, De l'identité personnelle. Platon, le Théétète. Comme le dit Compte-Sponville dans son dictionnaire philosophique l'expérience est notre voie d'accès au réel Ainsi l'expérience c'est l'ensemble des phénomènes connus et connaissables ; c'est tout ce qui est appréhendé par les sens et constitue la matière de la connaissance humaine. [...]
[...] Par ailleurs avec les travaux de Jérôme Bruner dans Pourquoi nous racontons nous des histoires, il affirme que la forme que revêt notre personnalité n'est pas chose aussi intime que nous pouvions le penser et de continuer en demandant si le moi a toujours été objet d'intérêt public, moral ? Ici il faut comprendre que c'est un argument consolidant notre affirmation selon laquelle ce sont les expériences qui nous font. On penserait presque sans réfléchir, et cela depuis le cogito cartésien, que nous sommes d'abord un je pense et donc un je suis qu'ainsi nous comme une identité et un moi intime dont nous avons le contrôle. [...]
[...] Est-il possible d'affirmer que les animaux font des expériences au même titre que les hommes ? En fait il semble légitime d'affirmer que dire les expériences contient en soi l'homme actif C'est-à-dire qu'il n'y a d'expérience qu'humaine. On pourra dire qu'un animal apprend quelque chose mais on ne pourra pas dire qu'il a fait une expérience. Il faudrait plutôt parler de confrontation au milieu naturel donnant lieu à une réaction toujours conduite par l'instinct de survie. Alors que dans le cas de l'homme c'est une confrontation active et provoquée au monde. [...]
[...] Il est impossible de dire que l'homme dispose des expériences ou que les expériences font totalement l'homme. De la même manière observons dans Pourquoi nous racontons nous des histoires ? de Jérôme Bruner que nos expériences sont structurées ultérieurement par le langage et par le jeu des récits. C'est ainsi que l'on fabrique une histoire individuelle sélective de notre identité. Il y a une sélection qui structure les expériences que nous avons eues. Ainsi nous ne sommes pas la somme mathématique des expériences puisque nous opérons la médiation entre les expériences que nous avons eues et ce qu'elles font de nous, la trace qu'il en reste. [...]
[...] Les expériences font l'homme qui les fait. C'est ce que nous devons comprendre maintenant en sortant de l'opposition pure entre des expériences qui nous font et des expériences que l'on fait. L'examen de nos deux précédentes affirmations a permis de voir que les deux sens de l'expérience qu'elles offrent ne sont pas hermétiques. Ainsi comprenons que nous sommes à la fois sujet et objet des expériences et que nous structurons continuellement les expériences que nous accueillons et qui nous modèlent. [...]
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