Parlons de l'arabette : l'arabette est une plante d'alpage qui possède cinq chromosomes et vingt-cinq mille gènes. Toutes ces informations ont été mises à la disposition des internautes qui ont pu ainsi se prêter au jeu de l'arabette : modifier tel ou tel gène afin de voir la plante évoluer selon leur fantaisie (taille, couleur, aspect), bref, une mutation génétique en un clic et non plus sur plusieurs générations comme le nécessite la nature. Ce jeu est une manifestation comme une autre du désir humain de s'extraire du monde de la nécessité pour celui de la possibilité, d'escamoter ce qui doit être au profit de ce qui peut être. En l'occurrence, via Internet, nous pouvons rendre possible ce qui pourtant est impossible. Dès lors, est-il légitime de restreindre le désir au possible, d'exclure l'impossible puisque les deux ne s'excluent pas nécessairement. Est-il même permis d'interdire l'impossible au désir, dès lors que par essence, le désire porte sur l'impossibilité d'être ou d'avoir. Peut-on même envisager de l'impossible en tant qu'impensable dès lors que le propre de l'esprit, producteur du désir, peut tout penser. Restreindre le désir au possible, c'est considérer que seul le possible est désirable comme pour se prémunir du malheur qui résulterait de l'insatisfaction si on désire l'impossible. Mais, cette restriction peut être remise en cause en raison même de l'essence du désir et de l'inconvénient du désir triste, un désir trop sage. Il restera à examiner alors, titre d'enjeu moral, en quoi au lieu de restreindre, de condamner ou d'assagir le désir, il convient de lui redonner toute sa place, y compris une place inconsciente.
Si possible égale désirable, à quelles conditions un objet est-il désirable ? Pourquoi mon désir se porte t-il sur un objet plutôt que sur un autre ? Mon désir peut être imputé au mérite de l'objet : cette femme est désirable et donc je la désire. L'objet détermine le désir.
Mais je peux pourtant être indifférent à la femme qu'un autre désir. Je ne désire donc pas tout le désirable (...)
[...] Si on prétend que tout ce qui est désirable n'est pas possible, c'est inexact car possible peut signifier pensable. Or, tout est pensable à condition que cela respecte les principes de la logique, on notera que même l'impensable est pensable (tout ce qui est moralement inacceptable). Désirer tout et n'importe quoi peut rendre malheureux. C'est pourquoi le sujet nous invite donc à régler notre désir et il faut pouvoir en faire l'apprentissage. Autrement dit, l'obligation qu'instaure le sujet ne peut être immédiatement respecté tant nous avons pris l'habitude de tout désirer. [...]
[...] D'abord parce que l'essence du désir, en tant que perpétuelle insatisfaction coïncide avec la notion d'impossibilité d'être ou d'avoir. Ensuite, parce qu'un désir dont l'objet ne serait que du possible serait un désir triste allant à l'encontre de l'esprit d'inventivité et de créativité humain. Mais, n'y a-t-il pas davantage de sagesse à restreindre le désire au possible ? A quoi on pourra répondre que l'homme peut faire davantage preuve de sagesse en s'ouvrant à l'impossible pour démontrer le cas échéant, à quel point il peut le maitriser voire le refuser comme l'exigence éthique dans le domaine biotechnologique. [...]
[...] Or, le désir du désir de l'autre revient à dire que l'autre veut être reconnu comme sujet désirant et non pas objecté et réduit à être un objet. A la lumière de ce qui vient d'être exposé, l'important est que le désir demeure désir, pour se faire, il faut l'envisager comme détaché, déconnecté de son objet, pour ainsi reconnaître qu'il n'existe pas un champ du possible donc du désirable donné à l'avance. Il existe deux thèses qui envisagent ainsi le désir. [...]
[...] Si possible égale désirable, à quelles conditions un objet est-il désirable ? Pourquoi mon désir se porte t-il sur un objet plutôt que sur un autre ? Mon désir peut être imputé au mérite de l'objet : cette femme est désirable et donc je la désire. L'objet détermine le désir. Mais je peux pourtant être indifférent à la femme qu'un autre désir. Je ne désire donc pas tout le désirable. Peut-être est-ce parce que le désirable ne pré-existe pas à mon désir comme l'explique Spinoza (1692-1677) dans l'Ethique. [...]
[...] Face à ce contrat, ne faudrait-il pas désirer plutôt l'impossible. Le désir se désire lui-même. Il est par essence insatisfaction, il est l'illimité par opposition au besoin. Les passions viennent parfois se greffer au désir et organiser sa surenchère. On peut illustrer : si j'aime au point de ne plus en dormir ou d'en manger, ce désir n'est entretenu que par le ressentiment de ce que je n'ai pas. De plus, pourrais-je par le simple fait que je le veux, (libre arbitre) décider de cesser d'aimer au plus fort de l'amour sans y être déterminé par des causes extérieures à moi. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture