L'impossible, c'est ce qui ne pourra jamais combler notre désir, c'est-à-dire ce en quoi le désir ne pourra pas s'abolir. Mais faut-il, quand on désire, chercher à mettre un terme à ce désir? La seule raison d'être du désir ne pourra pas s'abolir. La seule raison d'être du désir est-elle l'espoir raisonnable de satisfaire un manque? Mais dans quel but devrions-nous désirer le possible?
[...] Mais est-il seulement possible de désirer une chose possible? III- On ne peut pas ne pas désirer l'impossible, car tout désir est désir d'impossible Le vrai désir se distingue en effet du besoin. On peut critiquer la définition épicurienne du désir: le désir naturel, qui trouve sa limite naturelle et peut donc être facilement satisfait, c'est-à-dire qu'il est désir du possible, n'est pas autre chose d'un besoin. Le désir du possible est un désir dont on connaît la limite puisqu'il a sa limite naturelle: mais ce désir du possible n'est qu'un besoin. [...]
[...] Donc, pour être heureux, il ne faut pas désirer l'impossible, c'est-à- dire dépasser la limite assignée par notre nature. Mais faut-il présupposer que le souci du bonheur doit l'emporter sur celui du désir, ou l'exclure? Faut-il, dans le désir, ne souhaiter que sa fin, sa mort, c'est-à-dire sa satisfaction? II- Il faut désirer l'impossible Le désir repose en effet sur notre imagination (faculté de représentation qui nous écarte de la réalité en la redoublant), puis nous donne l'idée qu'une chose a priori impossible est possible. [...]
[...] Mais, alors, faut-il se détourner de tout désir? Tout désir est-il impossible à satisfaire? Non: il ne faut pas orienter notre désir sur ce qui ne dépend pas de nous mais sur ce qui dépend de nous (distinction stoïcienne). Le désir qui porte sur des choses liées à la chance ou au hasard: le désir impossible, ou seulement possible, donc: le désir qu'il n'est pas possible de satisfaire par soi-même, donc il est impossible, ou seulement possible, donc, le désir qu'il n'est pas possible de satisfaire par soi-même, dont il est impossible d'être maître (définition de l' »assentiment chez les stoïciens). [...]
[...] Mais dans quel but devrions-nous désirer le possible? En quoi pourrait-il s'agit d'un impératif, d'une nécessité? Le désir n'est-il pas à lui-même son propre but, et donc par essence désir d'impossible? Dans un premier temps, nous verrons que notre désir ne doit pas se porter sur de l'impossible, dans la mesure ou nous avons le pouvoir d'orienter nos désirs vers ce qui peut produite notre bonheur. Mais doit-on attribuer à la quête du bonheur une valeur supérieure à cette autre quête qu'est celle du désir? [...]
[...] Mais, nous l'avons vu, le désir correspond à notre essence: se déployer, ce n'est pas combler un manque. Par conséquent, ce n'est pas seulement qu'il faut désirer l'impossible: c'est qu'on ne peut pas désirer le possible. Tout désir est désir d'impossible, c'est-à-dire que le désir porte sur des objets hors d'atteinte, et un désir impossible à satisfaire, parce que tel n'est pas son but. Désirer l'impossible, c'est désirer désirer: il faut désirer l'impossible dans la mesure ou le désir est à lui-même sa propre fin et n'a pour ambition que de persister. [...]
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