Le terme « esprit » désigne une entité immatérielle, qu'il semble prétentieux de vouloir définir précisément, de manière univoque. Nous retiendrons principalement les acceptions métaphysiques et psychologiques, qui reconnaissent en l'esprit un principe de pensée de la réflexion humaine, et l'ensemble des facultés intellectuelles. Cependant, nous nous intéresserons aussi, au fil du développement, aux sens religieux et théologiques du terme.
De façon générale, l'esprit n'est pas quelque chose dont on peut attester l'existence par une expérience sensuelle : on ne le voit pas, ne le respire pas, ne le touche pas, ne l'entend pas, et on ne le goûte pas. En outre, je peux tout à fait douter de l'existence d'une entité immatérielle, différente du corps en cela qu'elle ne serait pas régie par des connexions physico-chimico-biologiques, ou en tout cas pas uniquement.
Mais au-delà du questionnement sur une possible nécessité de croyance, comment pourrais-je affirmer, adhérer à l'idée que je dispose, comme chacun, d'une entité dont il m'est impossible d'attester matériellement l'existence concrète ?
Peut-on réellement prétendre qu'il existe des entités mentales ? Tout le problème semble bien résider dans cette absence de preuves évidentes.
[...] Après tout, est-il vital pour moi d'adhérer ou non à l'idée que j'ai un esprit ? C'est une des dimensions du sujet que nous essaierons de traiter. Mais au-delà du questionnement sur une possible nécessité de croyance, comment pourrais-je affirmer, adhérer à l'idée que je dispose, comme chacun, d'une entité dont il m'est impossible d'attester matériellement l'existence concrète ? Peut-on réellement prétendre qu'il existe des entités mentales ? Tout le problème semble bien résider dans cette absence de preuves évidentes. [...]
[...] Que serait mon corps privé d'esprit ? Mon psychisme existerait-il sans mon encéphale ? Lucrèce, dans De natura rerum, expose que l'animus (l'âme au sens d'esprit qui diffère de l'anima) pris isolément du corps ou vice-versa, est incapable d'éprouver des sensations. Il y a un lien indissoluble entre âme (esprit) et corps et ce, dès l'Antiquité chez certains philosophes. De fait, il semble imprudent de réduire l'activité psychique à de banales interactions neuronales. Le psychosomatisme semble être un exemple adéquat pour appuyer l'influence réciproque de l'esprit sur le corps (mais il semble qu'il puisse être facilement réduit à une affaire d'atomes, de connexions neuronales). [...]
[...] Toujours dans la même optique, nous pouvons parler de l'expérience. Rappelons que l'expérience, au sens scientifique, désigne une observation précise de phénomènes provoqués de façon artificielle afin de vérifier, attester une hypothèse. Selon l'acception psychologique, l'expérience est une prise de conscience immédiate du réel, soit par l'intuition sensible, soit par l'intuition psychologique. Logiquement, il serait donc simple de prouver l'existence ou la non-existence de l'esprit : il suffirait d'observer par les techniques de neuro-imagerie notre fonctionnement cérébral, ou bien de faire retour sur soi afin de prendre conscience de ce dont nous sommes faits. [...]
[...] Cela offre de plus, davantage d'arguments et de raisons d'être aux partis d'extrême droite ou, plus simplement aux idéologies racistes, dont les adhérents exhibent leur fermeture d'esprit quotidiennement, à l'égard d'immigrés, ou de personnes qui ont le malheur de ne pas être blanches (étant donné que le racisme le plus répandu en Europe est celui des blancs envers les autres). Il y a donc un aspect moral, et humain très important qui est lésé si l'on n'adhère pas à l'existence d'une entité immatérielle non déterminée génétiquement ou physiquement, si l'on n'adhère pas à l'existence d'un fonctionnement psychique, d'une intelligence, d'une psychologie propre à chacun, riche, complexe, et intéressante. Nous pouvons en pensant aux scientifiques et en nous servant de la démarche scientifique, affirmer qu'il y a nécessité de croire en l'esprit. [...]
[...] Croire en l'esprit serait sans doute la première étape vers la compréhension des phénomènes qui en découlent. Nombre de penseurs ont vu dans diverses activités propres à l'Homme une manifestation de l'esprit. Cet argument peut s'expliquer de façon logique : si mon esprit existe bien tel qu'il est couramment défini, alors il encadre en quelque sorte, toutes mes pensées, mes jugements, mes désirs, etc. Compte tenu de cela, qu'est-ce que l'art, le travail, la politique, l'écriture, sinon une manifestation, un moyen d'expression de mon esprit ? [...]
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