Aussi bien par sa vie que par sa mort, Socrate est la figure même du Juste, resté fidèle à ses principes fondés sur le Vrai, le Beau et le Bien. Cependant, c'est ce choix d'une vie vertueuse qui sera la cause de sa mort, comme Calliclès en profère la menace dans le Gorgias. Ainsi, faire le bien ne semble pas être récompensé par une vie heureuse. L'exemple de Job dans la Bible va jusqu'à nous présenter un homme qui, plus il fait le bien, plus il est accablé de malheurs. Au contraire, la figure du tyran immoral, qui commet les crimes les plus horribles pour accéder au pouvoir et s'y maintenir, semble être heureux, comme l'affirme Polos dans le Gorgias, car il aurait le pouvoir de satisfaire tous ses désirs. Deux modes de vie en complète contradiction apparaissent ici. D'un côté, il y a la vie fondée sur la vertu. Le mot de vertu vient du latin virtus qui tire lui-même son étymologie de vir, la force virile. La vertu est la capacité d'excellence dans la Raison ou logos, qui est la spécificité de l'homme. C'est elle qui permet de distinguer le bien du mal. De l'autre côté, il y a la vie fondée sur le bonheur, état qui doit être durable et où le hasard tient une place importante. Cette dichotomie a de grandes conséquences. Elle suppose que l'homme doive impérativement faire un choix entre la vertu et le bonheur sans qu'il n'y ait d'alternative possible. Cependant, on peut s'interroger sur les fondements d'une telle dichotomie aussi pessimiste. Faut-il choisir entre la vertu et le bonheur ? C'est ici la question du choix qui est importante, et cette question implique la vie entière de l'homme, comme l'affirme Platon par la bouche de Socrate dans le Gorgias. La binarité de ce choix est-elle nécessaire ? N'est-il pas possible d'établir une différence de degré, plus que de nature entre vertu et bonheur ? Il faudrait alors choisir entre l préséance de la vertu sur le bonheur ou le contraire. Enfin, ne peut-on pas choisir et la vertu, et le bonheur ?
[...] Faut-il choisir entre la vertu et le bonheur ? Aussi bien par sa vie que par sa mort, Socrate est la figure même du Juste, resté fidèle à ses principes fondés sur le Vrai, le Beau et le Bien. Cependant, c'est ce choix d'une vie vertueuse qui sera la cause de sa mort, comme Calliclès en profère la menace dans le Gorgias. Ainsi, faire le bien ne semble pas être récompensé par une vie heureuse. L'exemple de Job dans la Bible va jusqu'à nous présenter un homme qui, plus il fait le bien, plus il est accablé de malheurs. [...]
[...] Ainsi, Epicure affirme qu'il ne faut pas choisir entre la vertu et le bonheur, mais qu'il faut choisir et la vertu, et le bonheur. Les implications d'un choix d'une vie uniquement fondée sur le bonheur et l'immoralité d'un côté, et la vertu et le malheur de l'autre, sont beaucoup trop graves pour que l'on puisse les adopter. Ces choix vont à l'encontre de l'épanouissement de la vie, de l'élan vital bergsonien. Pour accéder à la plénitude dès cette vie, il faut faire le choix d'une vie heureuse et vertueuse. [...]
[...] La vertu est donc promesse de bonheur. Cette affirmation engendre nécessairement le postulat d'un au-delà. Kant est indigné du destin tragique du Juste dans sa vie terrestre, et de l'impunité du mécréant. Ainsi, il envisage une justice supérieure qui, après notre mort, nous jugera de façon juste par rapport à notre choix de vie. Kant suppose l'existence de Dieu. Dans une perspective chrétienne, si nos actions n'ont pas été récompensées ici-bas à leur juste valeur, elles le seront par Dieu dans l'au-delà ; et si nos actions ont été mauvaises et si nous avons vécu en toute impunité, nous serons punis de la même manière dans l'au-delà. [...]
[...] Certes, grâce à l'immoralisme, le tyran peut tuer sa mère, son frère, sans se poser de questions. Il ne perd pas de temps à justifier ses actes en les ramenant à une quelconque vertu, loi, ou norme. A peine éprouve-t-il un désir, qu'il est aussitôt réalisé. Cependant, qu'en est-il de la liberté du tyran ? Certains diront qu'il est libre de satisfaire tous ses désirs. En réalité, il n'en est rien. Le tyran doit satisfaire ses désirs, il n'a pas le choix, donc il n'est pas libre. [...]
[...] Notre vertu est donc égale à la puissance de notre raison. C'est notre raison qui nous fait distinguer le bien du mal et c'est par la force de notre volonté que nous devons choisir le bien. Mais pourquoi faire le bien si on n'en retire aucun avantage ? Kant dénonce cette question utilitariste et insiste sur la séparation entre la vertu et le bonheur. La vertu n'est pas une question d'avantage ou d'intérêt. Elle n'est pas un moyen pour arriver à une fin. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture