Selon le Trésor de la Langue Française, démontrer c'est « établir la vérité d'une chose (proposition, affirmation, fait) d'une manière évidente, rigoureuse, par des faits ou par le raisonnement. ». Mais pourquoi cherche-t-on à démontrer ? C'est que nous voulons baser nos pensées et nos actions sur des certitudes ; l'erreur, en effet, nous conduit à nous sentir dupes, en état de dépendance, d'inadéquation avec le monde et nous-mêmes. Cependant, si l'on comprend bien qu'un scientifique, dans le cadre de sa discipline, soit contraint de démontrer ses conjectures, est-il raisonnable de vouloir étendre la démarche démonstrative à « tout » ?
Il semble, en effet, que le modèle démonstratif, appliqué à certains domaines de l'existence, se révèle inefficace, voire même nuisible. Il n'en reste pas moins que la démonstration se présente comme un idéal qui guide toutes les sciences. Mais, cet idéal, serait-il sans limite ?
[...] Dans la préface de 1787, préface de la seconde édition de la Critique de la Raison Pure, Kant souligne que, entre autre, l'usage des procédés démonstratifs, issus de la logique, ont permis aux mathématiques et à la physique non seulement l'accès au statut de sciences mais, de plus, de faire des progrès continus. Ainsi, dans le domaine scientifique, la démonstration se pose-t-elle comme la méthode par excellence qui permet l'accéder à la vérité. En fait, elle fait figure de modèle universel pour toutes les sciences. Dans cette optique, chercher à tout démontrer serait, à la fois, l'idéal rationnel autant que raisonnable de n'importe quel scientifique, pour qui la simple conviction ou, pire encore, l'opinion, n'auraient absolument aucune valeur. [...]
[...] Mais, cet idéal, serait-il sans limite ? Lorsque nous devons décider d'un choix qui ne souffre aucun délai, par exemple s'il s'agit de se jeter ou non à l'eau pour sauver quelqu'un de la noyade, nous n'allons certes pas enchaîner une suite de syllogismes pour déterminer le choix que nous devons faire. Cette attitude serait certes rationnelle mais non raisonnable. Dans de nombreux cas comme celui-ci, la démonstration apparaît non seulement inutile, mais, en plus, nuisible à l'action : en effet, dans certains cas, si nous attendions de tout démontrer avant d'agir, la longueur des démonstrations mises en jeu ferait que nous n'agirions quasiment jamais ou, en tout cas, toujours trop tard. [...]
[...] Est-ce parce que nous pouvons démontrer que les vaches ne sont pas bleues, que les vaches ne volent pas ? Non, c'est parce que notre expérience nous dit que c'est faux et cette expérience ne relève pas de la démonstration. Et ici nous rejoignons le premier des deux éléments nécessaires que nous avons exhibés plus haut, à savoir la nécessité de partir d'un postulat, d'une proposition première, acceptée comme vraie mais non démontrée. En effet, le problème qui se pose est alors le suivant : comment savoir que ce postulat est vrai, puisque, par définition, on l'exempt d'être démontré ? [...]
[...] Faut-il chercher à tout démontrer ? Selon le Trésor de la Langue Française, démontrer c'est établir la vérité d'une chose (proposition, affirmation, fait) d'une manière évidente, rigoureuse, par des faits ou par le raisonnement. Mais pourquoi cherche-t-on à démontrer ? C'est que nous voulons baser nos pensées et nos actions sur des certitudes ; l'erreur, en effet, nous conduit à nous sentir dupes, en état de dépendance, d'inadéquation avec le monde et nous-mêmes. Cependant, si l'on comprend bien qu'un scientifique, dans le cadre de sa discipline, soit contraint de démontrer ses conjectures, est-il raisonnable de vouloir étendre la démarche démonstrative à tout ? [...]
[...] C'est de cette dernière sorte que nous connaissons les premiers principes et c'est en vain que le raisonnement, qui n'y a point de part, essaie de les combattre. La thèse de Pascal jette incontestablement le trouble en la confiance que nous plaçons dans la raison lorsqu'il s'agit d'atteindre la vérité. Certes, le discours Pascal est imprégné d'une mystique chrétienne qui lui est propre, mais ce qu'il nous dit nous amène à nous interroger, une fois de plus, sur les limites de cet idéal démonstratif qui guide les sciences. Ne peut-on ainsi envisager d'autres démarches qui permettent d'enquêter sur le vrai ? [...]
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