Humanité de l'homme, anthropologie, Augustin Berque, Merleau Ponty, adonner à l'anthropologie, anthropologue, Kant, Bronislaw Malinowski, Platon, psychologie, Albert Piette, Übermensch, Max Weber, anthropologie existentiale
Depuis le tournant du XIXe siècle, "l'homme s'est constitué dans la culture occidentale à la fois comme ce qu'il faut penser et ce qu'il y a à savoir" (Foucault in Les Mots et les Choses, Gallimard, 1966, p. 355-356), c'est-à-dire qu'il est devenu "objet de science". L'avènement des "sciences humaines" révèle l'homme comme empiriquement déterminé et conditionné à la fois par son caractère d'être vivant (biologie), d'être producteur de son milieu culturel par le travail (anthropologie et économie), enfin d'être producteur et instaurateur de symboles et de langages qui lui servent à déterminer lui-même son statut et celui de son rapport au monde. Mais si l'homme est ainsi empiriquement déterminé, il est justement aussi celui qui se trouve "au fondement de toutes les positivités" ; car il est le vivant qui se représente la vie et constitue la connaissance du vivant comme science positive ; il est l'agent socio-économique qui se représente l'économie et la société en constituant le projet d'une anthropologie scientifique ; il est enfin l'être qui parle au sein du langage, mais qui se donne finalement la représentation du langage en instaurant une linguistique et une herméneutique scientifiques. C'est donc l'être capable de cet essentiel redoublement, qui est l'objet des sciences humaines tout en restant le sujet.
[...] Acquérir cependant ce statut n'est pas synonyme de conquérir son humanité. Tout être raisonnable est censé répondre de ses actes, mais seulement une personne (au sens juridique) est en acte responsable. L'anthropologie d'un point de vue pragmatique de Kant reste néanmoins l'idée d'une psychologie empirique en tant que science spéculative non orientée vers la praxis et se révèle porteuse d'acquis considérés comme permanents des anthropologies et psychologies expérimentales de l'époque (Erfahrungsseelenkunden). En tant qu'elle traite des manifestations ou phénomènes (Erscheinungen) de notre âme qui font l'objet de notre sens interne, elles se portent à l'homme selon un mode qui s'émancipe de la métaphysique, en ne requérant pas exclusivement à l'appareil rationnel. [...]
[...] Troubetskoï et R. Jakobson. Quand bien même elle dégage des invariants culturels, des universaux de la culture (ritualités funéraires, prohibitions de l'inceste La fonction symbolique quelle que soit son expression), il est évident que l'idée d'une telle anthropologie fondamentale demeure problématique et qu'elle ne saurait totalement oblitérer la différence d'approches méthodologiques nécessaires pour analyser des objets aussi différents d'aspect et de structure qu'une société industrialisée et politiquement organisée selon les formes étatiques et administratives « modernes » et certaines tribus « primitives » composées de quelques centaines d'individus vivant en économie de subsistance. [...]
[...] Peut-il en être autrement si elle assume vraiment le qualificatif d'« existentiale », se référant à la dimension proprement ontologique du Dasein ? L'Inspiration heideggérienne de Piette n'est pas dissimulée. Dès lors, serait-ce impertinent de suggérer que l'anthropologie existentiale est paradoxale, sinon contradictoire de par le caractère hybride d'une discipline spéculative et d'une autre empirique, de champs et de moyens de recherches scientifiques souvent séparés ? L'existence d'une anthropologie existentiale est-elle possible si elle doit concilier un certain confinement de l'entendement en vue d'une accumulation intéressée de connaissances et réforme réflexive de ce même entendement, instamment et incessamment rogatoire ? [...]
[...] in Le Monde de l'esprit) en avançant que l'anthropologie est avant tout une science de l'esprit, et que pour les faits d'esprit - à la différence des objets des sciences physiques donnés du dehors et isolés - la synthèse est originaire et non pas l'œuvre des savants qui les groupent en ensemble cohérent grâce à la construction de systèmes hypothético- déductifs, et que, par conséquent, c'est l'ensemble de la vie psychique qui est la donnée primordiale et spécifique (dénonciation commune de l'inadéquation de la méthode des sciences de la nature pour cerner l'humanité de l'Homme, car des dernières sont explicatives en ce qu'elles cherchent les relations invariables ou lois entre les phénomènes ou leurs liaisons de causalité, mais elles doivent se contenter de déterminer leurs rapports sans être capables de pénétrer leur nature profonde) et donc que les faits anthropologiques sont compréhensibles du dedans « en nous servant de la perception interne de nos propres états » (ibid.), même si donc grâce à la phénoménologie et à l'existentialisme la notion de sens devient une composante indispensable en anthropologie, même si le texte de Piette est plus idiographique que nomothétique, plus phénoménographique que phénoménologique, même s'il est pointé ici que la vie de l'homme est un ondoiement continu et que l'existence singulière est constituée d'une infinité indiscernable d'instants et que l'homme ne se donne pas ainsi avec le grand H qu'on a tant convoité, il reste qu'on affirme toujours positivement quelque chose de l'homme et même si enfin c'est plus poétiquement que scientifiquement que l'anthropologie existentiale procède, il n'en reste pas moins qu'elle procède toujours thétiquement. Cet invariant anthropologique a beau avoir été comme oublié, on peut interroger la valeur de la connaissance anthropologique dans son ensemble, qu'elle soit classique ou plus subversive. III. L'appel du mystère en les lettres, débordant la phénoménographie : une intuition de la dissémination de l'anthropos aux confins de l'anthropologique Jaccottet nous fait sentir sa préoccupation majeure : la parole poétique est-elle légitime ? La poésie qu'est-elle en mesure de nous offrir ? [...]
[...] Certes, l'homme en soi de l'anthropologie représente une réalité inconnaissable, néanmoins cette idée joue un rôle régulateur que nous devons penser pour comprendre ce qu'est l'homme, et non pas un postulat acquis et à l'appui duquel il est permis de statuer. Oui, les généralités de l'anthropologie n'existent, toutefois, pas au même titre que les particularités qu'elle subsume. Nous proposons dans le paragraphe suivant un système anthropologique particulier que nous jugeons relativement complet. L'étude de la nature de l'homme est entreprise enfin avec Kant, et une discipline autonome voit le jour dans les courants intellectuels de 1780 qui porte sur la nature de l'homme. Kant déploie une conception du monde relative à une anthropologie. [...]
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