Apprendre à bien penser, apprentissage, discernement moral, capable de raisonner, penser par soi-même, bon usage de la pensée, autonomie d'esprit
Admettre qu'il existe une manière de « bien penser », c'est suggéré que, si tous les hommes possèdent naturellement la faculté de penser, tous n'en font pas nécessairement un bon usage. Mais en vertu de quels critères peut-on juger qu'un sujet pense bien ? L'expression en effet est équivoque et peut mener à plusieurs interprétations : « bien penser » cela peut vouloir dire faire preuve de discernement moral, cela peut aussi signifier être capable de raisonner, posséder un savoir, ou encore, avoir des idées conformes à celles d'autrui.
[...] D'autre part, une pensée libre et non contrainte ne permet pas d'envisager une quelconque conception morale. Chez l'enfant en bas âge, la notion de ce qu'il est mieux de faire ou de ne pas faire est d'abord déterminée en fonction des facteurs instinctifs et subjectifs que sont le plaisir et la douleur. L'enfant n'a donc pas véritablement la conscience d'un bien ou d'un mal moral. Or, l'être moral juge de ce qui est bon ou pas, non pas en s'appuyant uniquement sur ses désirs, mais en prenant en compte le bien-être d'autrui. [...]
[...] Il semble que l'être humain tend naturellement à user de sa pensée en vue du savoir : on peut en effet observer que l'enfant qui s'étonne a tendance à vouloir comprendre l'objet de sa surprise, et pour se faire, il pose des questions. Il manifeste par là le besoin de penser, de soumettre à son entendement tout ce qui l'entoure. Mais à ce stade, l'entendement ne peut réellement s'exercer. Si donc l'enfant ressent plus ou moins un besoin de raison, il ne peut répondre à ce besoin de lui-même. [...]
[...] Dans le Ménon de Platon, Socrate interroge un esclave non instruit en lui posant un problème de géométrie. Après s'être trompé, l'esclave parvient à résoudre le problème, guidé par Socrate. On montre ici que tout homme, même non instruit, est capable d'esprit mathématique, sous peu qu'il daigne faire l'effort de réfléchir. En l'occurrence, lorsque l'esclave avoue ne pas savoir, Socrate le pousse à poursuivre le raisonnement malgré tout. Ainsi, Socrate ne s'attache qu'à encourager le garçon dans ses efforts, non pas à lui inculper des savoirs. C'est l'esclave lui-même qui fait advenir la connaissance. [...]
[...] Il n'est cependant pas évident qu'une personne adulte pense nécessairement bien. L'âge adulte est en général synonyme de responsabilité et de liberté. Or, une pensée sur laquelle il n'est exercé aucune contrainte peut tendre à émettre des jugements faussés en regard de la vérité, car un être peu averti est plus enclin à se laisser abuser par les premières évidences qui s'offrent à lui par le biais de sa propre perception. La liberté consiste à avoir le choix, la facilité en est un : évidences et apparences constituent ce qu'il y a de plus immédiat et de plus accessible pour l'entendement. [...]
[...] Bien penser relève alors d'un acte de courage : l'individu accepte le doute, il doit renoncer au confort, à la commodité d'une pensée communément admise au risque de se mettre à dos la communauté de la doxa. Bien penser consisterait donc à s'orienter dans le domaine intellectuel grâce à sa raison. Kant pense ainsi la morale comme ayant une valeur universelle, dont les principes sont déterminés exclusivement par la raison. Il prône par là même une religion rationnelle, une conception de Dieu fondée sur la morale, et non l'inverse. Kant estime que dans le domaine du suprasensible, l'entendement humain a besoin de concevoir certaines entités dont l'existence est pourtant indémontrable, comme Dieu ou l'infini. [...]
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