Guy de Maupassant, amour propre, plan moral, estime de soi, êtres humains, Bien et Mal, Pascal, Platon, Rousseau, Flaubert, Kant, Voltaire, Descartes, George Sand
Dans Bel Ami de Guy de Maupassant, le personnage principal, Georges Duroy, est un homme ambitieux et un séducteur sans scrupule qui utilise ses charmes pour manipuler les femmes et se hisser au sommet de la pyramide sociale. En ce sens, on peut dire que Georges Duroy suit la voix de son amour propre, puisqu'il s'estime suffisamment pour penser mériter la meilleure situation sociale. En effet, l'amour propre est un sentiment que j'éprouve à l'égard de moi-même. Il s'agit d'un sentiment qui me pousse à aimer ma propre personne. En ce sens, l'amour propre est d'abord une impression positive de moi-même qui résulte d'une évaluation subjective de la personne que je suis. Toutefois, ce n'est pas un sentiment que je choisis d'éprouver, puisqu'il se nourrit de l'image que les autres ont de moi-même.
[...] Comment alors condamner quelque chose qui nous est nécessaire? Pouvons-nous réellement enlever l'amour propre à un être humain sans le léser dans son identité intrinsèque ? Enfin, si l'amour est un sentiment positif, l'amour propre ne peut-il pas entraîner des effets de même nature, au point de devenir un mouvement vers la vertu? Toutefois, l'amour propre peut également s'avérer nécessaire pour les êtres humains et s'inscrire dans une dimension vertueuse Si l'amour propre peut entraîner des formes de dérive et des écarts de conduite, ces effets restent des conséquences éventuelles qui peuvent résulter d'une absence de maîtrise sur soi-même. [...]
[...] À l'inverse, quand autrui se plaît à me déprécier, paradoxalement, cet amour propre peut s'effacer au profit d'une haine de soi. Ainsi, l'amour propre soulève deux problèmes. Tout d'abord, l'amour propre est censé être un sentiment que j'éprouve pour moi-même, et pourtant, ce sont les autres qui se chargent de le forger ou de le détruire en me jugeant. Or, autrui ne voit pas ce que je suis, mais ce que je parais être. Donc, mon amour propre se développe ou s'effondre à coups de jugements superficiels. [...]
[...] Autrement dit, l'amour propre n'aurait plus de rapport avec le Mal moral, au contraire, il serait l'effet d'une vertu et du Bien. C'est en tout cas ce qu'affirme Descartes dans Les Passions de l'âme. En effet, pour le philosophe, la générosité est une vertu permettant à l'être humain de s'estimer légitimement. La disposition généreuse d'un Homme est ce qui l'autorise à nourrir une estime de lui-même. Toutefois, Descartes distingue deux sortes d'estime: d'abord l'estime illégitime, qu'il proscrit, parce qu'elle prend en compte des considérations sociales et esthétiques qui n'ont pas de valeur sur le plan moral, et ensuite l'estime légitime, celle qui reconnaît la valeur authentique de l'être humain, à savoir son libre arbitre. [...]
[...] En effet, l'amour propre possède deux facettes. La première renvoie à sa version positive, celle qui permet à l'Homme de s'aimer lui-même dans la perspective d'un confort avec son intériorité et l'image qu'il a de lui, celle qui le pousse à aimer ses semblables comme lui-même, et celle, aussi, qui le conduit à s'estimer pour devenir vertueux. Mais la seconde, elle, est une version obscure de l'amour propre dans laquelle se côtoient illusion, vanité, orgueil, envie, jalousie, concurrence et égoïsme. [...]
[...] Par comparaison, elle se blesse dans son amour propre, et se met à désirer ce qu'elle envie aux autres. Cet état d'esprit, qui perdure toute sa vie, la conduit à commettre de mauvaises actions, l'adultère étant un exemple parmi tant d'autres. Suivre son amour propre, c'est entretenir une relation passionnelle avec soi-même. Or, les passions affectent notre jugement. Je peux avoir la conviction d'être la personne la plus intelligente du monde, pour autant, il est peu probable que les autres le pensent aussi. [...]
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