Le devoir d'un médecin est de soulager son patient, l'aider à aller mieux. Que doit-il alors faire dans un cas d'euthanasie ? Son devoir serait de soulager son patient et donc de l'aider à abréger ses souffrances, i.e, à mourir. Or, l'euthanasie n'est-elle pas dite « immorale » ? La morale prime t-elle donc sur le devoir du médecin ? Celui-ci répondra en effet, s'il va jusqu'au bout de son acte, qu'il n'a fait que son devoir. Que cela l'attriste ou le réjouisse, le satisfasse, cela n'a aucune importance puisqu'il aura agi en accord avec son devoir, sa conscience. Pour lui peut-être même qu'aider cette personne à mourir relevait d'une obligation morale… Alors devoir et morale semblerait s'opposer, et pourtant…
Que dois-je faire ? Voilà une des questions existentielles que chaque Homme se pose selon Kant. Ici le médecin prend pour devoir celui de désobéir à la morale pour accomplir ce qu'il pense être son devoir, le Bien, apaiser son patient. Apparaît la notion de devoir moral et l'éthique déontologique de Kant : « Aie le courage de servir ton propre entendement ».
Un devoir est une chose qui s'impose à faire, une chose qui doit être faite, peu importe ce que cela implique. Le devoir veut juste accomplir sa tâche et trouve dans cet accomplissement un certain bien être, celui du devoir accompli. En ce sens, le devoir peut impliquer un labeur, une peine, un travail parce qu'il demande un effort ; le devoir est d'ailleurs souvent synonyme de contrainte et son accomplissement évoque le repos, la fin, la plénitude. Le devoir est-il alors contraire au bonheur ? Le bonheur se pose comme un désir universel, une aspiration commune à tous. Etymologiquement, le bonheur est lié au « hasard », à la chance, en ce sens, le bonheur arrive lorsqu'on ne s'y attend pas, le bonheur, par opposition au plaisir et à la joie, est souvent défini comme un état durable de satisfaction. Peut-on avoir le devoir d'être heureux ? Le devoir de garder ce bonheur, de le maintenir ? Et si faire son devoir revient à exécuter une contrainte, faire son devoir, est-ce renoncer au bonheur ? En ce cas, le devoir est-il contraire à la morale ? En effet, si la morale pose les fondements d'une vie bonne et par le même coup d'une vie heureuse, alors faire son devoir sans être heureux est contraire à la morale. Mais la morale est ce qui régit la vie d'une personne ou d'un groupe, cependant, elle ne dit pas ce qui est mais ce qui doit être, de plus elle est souvent intériorisée. La morale s'énonce sous forme de maximes affirmatives, prescriptions morales, ou négatives, proscriptions morales. Alors, faire son devoir sans être heureux, est-ce là toute la morale ?
Nous verrons dans un premier temps que le devoir est ce qui doit être fait, quelles qu'en soient les conséquences, puis que le bonheur est pourtant le but suprême de chaque être, pour enfin s'apercevoir que pour le sujet moral, le bonheur n'est qu'illusoire.
[...] Tout devoir intéressé n'en est donc plus un, ce qui désunit irrémédiablement le devoir moral du bonheur. De plus, faire le bonheur des autres ne constitue, par la même occasion, pas une action morale dans la philosophie kantienne si son objectif est d'en obtenir un quelconque bonheur. Kant fait la critique de la doctrine eudémoniste qui place dans le bonheur la fin ultime de la vie humaine dans la mesure où il considère que le rôle de la morale n'est pas d'enseigner aux hommes comment atteindre le bonheur, mais comment s'en rendre digne. [...]
[...] Au rigoriste pour qui une intention est soit bonne, soit mauvaise, il oppose l'indifférentiste qui voudrait sortir de cette alternative en posant que toute action est mêlée de désirs et de raison sans qu'il soit possible de séparer ces deux instances. Le devoir est un impératif d'universalité qui vaut par lui-même, sans regard au contexte. Le devoir sans aucune morale ? Jusqu'où peut-on aller pour faire son devoir ? En effet, certains Hommes sont prêts à tout pour réaliser ce qu'ils pensent juste ce qu'ils pensent être leur devoir et vont donc, par devoir, commettre des crimes. [...]
[...] Delattre et C. [...]
[...] (Alain), ce qui revient à dire que l'Homme s'oblige de lui-même à répondre à ces lois morales, rien ne l'y contraint proprement dit si ce n'est la peur de contrevenir à la loi et d'être puni. De plus, il peut aussi être l'exercice de ma liberté, puisque, quelque part, je m'impose quelque chose et je le sais, je choisis de le faire ou non. Avoir intériorisé les lois morales donne donc lieu à une contrainte acceptée, qui s'éloigne donc de la contrainte pure. En ce cas, notre devoir moral ne serait-il pas d'y renoncer pour assurer celui des autres ? [...]
[...] L'homme a le devoir de se soumettre à certaines règles, certaines lois, et il ne peut en être autrement. C'est à travers un travail de discipline exercée dans l'enfance que l'Homme apprendra qu'il peut faire certaines choses, mais qu'il ne le doit pas. Emerge alors une distinction entre le Bien et le Mal, ce que l'on doit faire et ce que l'on ne doit pas faire. L'enfant assimile toutes ces choses pendant son éducation, cependant, même si la contrainte est nécessaire, comme le pense Kant, [on doit] conduire [l'enfant] lui-même à faire un bon usage de sa liberté (Réflexion sur l'éducation). [...]
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