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Faire la loi, c'est imposer sa volonté aux autres, ce qui sous-entend que celui qui fait la loi, est celui qui commande, dirige. Une question se pose d'emblée : qui doit faire la loi ? En effet, stricto sensu, faire la loi suppose l'élaboration de la loi, c'est-à-dire l'élaboration des règles, des normes, des obligations générales et permanentes qui régissent une société. Dans une communauté, les lois émanent d'une autorité souveraine et s'imposent à tous les individus. Mais sur quoi la loi se fonde-t-elle ?
[...] Qu'est-ce que "faire la loi" ? Lorsqu'un père excédé par les caprices de son enfant finit par lui crier « c'est moi qui fais la loi, pas toi » signifie que le caprice de l'enfant ne peut pas faire la loi dans la maison. Dès lors l'expression « faire la loi » se réduirait à faire sa propre loi, tout comme les hors-la-loi. Ainsi, face à l'autorité du père de famille qui fait la loi, l'enfant doit s'y soumettre sans discussion. [...]
[...] C'est pourquoi c'est eux qui doivent la faire et doivent être éduqués à l'idée d'intérêt général. Faire la loi est finalement la manifestation de la violence symbolique d'un État dans lequel les agents politiques produisent des structures sociales et mentales, qui s'adaptent à l'ordre social établi. Enfin, l'efficacité de la loi, donc sa force, passe par sa rigidité ; il ne faut donc pas changer la loi trop souvent, au risque de perdre le respect des citoyens face à celle-ci. [...]
[...] Il ne faudrait donc pas que la loi soit au-dessus de l'homme. Obéir à la loi, c'est obéir à celle qu'on s'est prescrite. Toutefois, « ce n'est point par les lois que l'État subsiste, c'est par le pouvoir législatif » (III, 11). Pour continuer à faire la loi, il faut avant tout maintenir le pouvoir législatif, c'est-à-dire la personne morale fabriquée par le contrat. D'ailleurs, pendant une crise (un état d'exception), c'est le souverain seul qui fait sa propre loi en fonction de son bon vouloir pour résoudre la crise. [...]
[...] Si la loi emprisonne les choses, est-il nécessaire de faire la loi pour vivre ensemble ? Le bon souverain, est-ce celui qui prend la meilleure décision en fonction de sa pensée ou en fonction de la loi ? Si faire la loi paraît nécessaire, sur quoi doit-elle se fonder pour éviter de la transformer en un rapport de force ? La loi, qui généralise et fige les choses, doit-elle s'adapter à l'ordre social établi ? D'abord, faire la loi semble nécessaire pour vivre ensemble, afin de garantir la sécurité et la liberté des membres de la communauté politique. [...]
[...] Cet intérêt pris à l'universalité implique de faire la loi à partir d'une certaine forme . La nécessité de la loi est symboliquement efficace Faire la loi induit un effet d'homologation et de rationalisation des pratiques, permettant ainsi d'extorquer à tous (dominants et dominés) la croyance dans la légitimité et l'autonomie du droit. Que la loi soit cohérente et rationnelle, et par ailleurs écrite (devenant ainsi la source d'un savoir et d'une compétence), elle contribue à intensifier son pouvoir d'imposition symbolique. [...]
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