La faiblesse de la volonté

Thèmes abordés

Faiblesse de la volonté, volonté, désir, toute puissance, Thomas d'Aquin

Résumé du document

Epître de Paul aux Romains : « Ce que je veux, je ne le fais pas ; mais ce que je hais je le fais. » Cette affirmation est paradoxale, pose le problème d'une certaine faiblesse voire impuissance de la volonté. La volonté peut être définie comme une faculté de se déterminer à agir en fonction de motif ou de raison. Or ici il semble que le lien entre le motif et l'action ne se fasse plus. C'est le pb de l'intempérance ou encore de ce que l'on peut appeler l'acrasia. L'intempérant fait A plutôt que B mais B est reconnu comme meilleur par l'intempérant qui a bien considéré les choses, ce qui nous étonne on attend à ce qu'une personne fasse ce qu'elle juge meilleur et non qu'elle agisse contre son jugement du meilleur. Mais est-ce vraiment possible ? Ce phénomène pose des questions morales (je vois le bien mais je ne le fais pas =) responsabilité ?), question du processus de l'action du lien entre intention, motivation, décision et exécution comment relier ces éléments ?
Finalement on en vient à se demander si : est-ce bien la faiblesse de la volonté qui est à l'origine, qui est la responsable de ce comportement paradoxal ?

Extraits

[...] Il a dans ces croyances à la fois l'universel 1 tout ce qui est doux est agréable L'universel 2 il est mauvais pour la santé de goûter aux sucreries Et le particulier ceci est une sucrerie Dans ses désirs, l'intempérant n'a que le désir de goûter ses sucreries Les deux croyances universelles ne sont pas contradictoires, mais c'est mon désir qui est opposé à la croyance médicale. Par ailleurs l'intempérant n'agit pas sans raison ce qui contredit la thèse de l'acte non volontaire puisque ce qui le pousse à agir est bien constitué d'une croyance universelle qui peut s'articuler à son désir et à une croyance particulière L'intempérance car il n'y a pas de lien d'articulation entre son désir et la meilleure raison Pour qu'il y ait action il faut une articulation entre des croyances et des désirs Désir = motivation générale qui est éclairé par une croyance générale avec lequel il est cohérent donne une raison motivante Mais une raison motivante ne conduit pas par elle seule à l'action Ce qui assure l'articulation avec la situation présente c'est la croyance particulière = croyance d'ancrage dans la situation, sensible et perceptive le désir va alors pouvoir déclencher suite de mouvements Le conflit entre le désir comme passion et la raison la meilleure ne se situe donc pas au niveau des raisons générales mais un niveau du relais raison motivante croyance situationnelle. [...]

[...] son modèle permet bien d'affirmer la réalité de la faiblesse de la volonté. Davidson reprend une analyse similaire. Reste à expliquer pourquoi l'intempérant peut avoir une raison d'agir, agir pour une raison mais en même temps avoir une meilleure raison et ne pas agir pour cette raison Quand un agent se forge une conviction concernant une opinion, et qu'il a une raison r pour cette conviction, l'activation de cette raison est aussi une cause de sa conviction. Mais l'activation de r peut aussi causer sa conviction sans que la raison r soit la raison de cette conviction ce qui se passe dans les cas de duperies de soi Quand je suis désireux de ne pas devenir chauve Le soupçon que je suis déjà chauve qui est une raison pour avoir la conviction que je suis chauve peut aussi causer la conviction que je ne le suis pas encore erreur dans le mode de fonctionnement de la raison Aristote et Davidson le désir comme possibilité de déviation Que penser de ces deux versions ? [...]

[...] Conflits entre des désirs et la raison B. Thomas d'Aquin, la volonté comme toute puissance, l'infériorité de nos désirs. Pourtant en regardant la définition de la volonté que donnent certains philosophes, acrasie pourrait apparaître comme absurde Notion de voluntas = disposition latente qui oriente vers un type déterminé de fin ou de bien. Conception des médiévaux Thomas d'Aquin la volonté est chez l'homme le principe fondamental de l'activité, elle a pour objet propre la fin, le bien jugé intellectivement tel et poursuivi comme tel Tendance de l'homme et ses actions vers la fin ultime, le bonheur de manière nécessaire. [...]

[...] Une ignorance et non une faiblesse de la volonté Socrate : la faiblesse de la volonté est impossible on a fait une erreur d'analyse Nul ne fait le mal de son plein gré c'est-à-dire en ayant une pleine science Le mal qui expliquerait l'intempérance serait alors un résultat de l'ignorance Celui qui fait X alors qu'il pense que son bien est dans Y a cédé à sa connaissance d'un bien immédiat comme le plaisir. Il lui manque une véritable connaissance de son bien. Un mauvais choix est donc un choix reposant sur une erreur dans la connaissance du bien. Donc le désir qui se dresse contre le savoir=) PB manque de savoir, erreur Pas de problème de faiblesse de la volonté Si l'on nie la faiblesse de la volonté comme comprendre le conflit intérieur entre passion et raison évoqué au départ ? [...]

[...] La volition se distingue du désir Mais de même que l'intention en degré (intention motrice, intention en action capable de mises à jour, intension capable de révision) de même la volition au second sens Ce que nous appelons d'ordinaire volonté requiert des intentions capables de révision, puisqu'il nous faut alors soit faire appel à des révisions qui impliquent soient des détours plus longs qui exige d'inhiber notre tendance à persévérer dans une action plus directe soit maintenir ou augmenter l'énergie qui nous permet de continuer l'action, quand elle se heurte à des forces contraires, il faut alors inhiber des tendances à l'abandon de l'action. La constitution progressive d'un riche réseau de révisions possibles va évidemment de pair avec la capacité à choisir un chemin particulier dans ce réseau et donc à inhiber provisoirement les autres. Nous aurons donc d'autant plus de volonté que nous disposerions de possibilités de variations, de reconnexions à notre but malgré des détours. Mais il faudra encore que nous sachions suivre dans ce réseau le bon circuit au bon moment. [...]