La pratique, vient du grec prattein, « qui entraîne une action ». Elle possède plusieurs sens communs : elle peut être l‘ensemble des actions que l'on fait conformément à des règles, comme celle d'un sport, d'un art, d'une religion ou d'un métier ou peut aussi regrouper l'ensemble de nos comportements habituels, de nos expériences. La pratique relève donc du domaine de l'action concrète des hommes, et non d'une activité intellectuelle, d'une théorie. Elle est le plus souvent ancrée dans des valeurs, dans des habitudes, propres à un individu ou à un groupe.
La pratique peut se nourrir de la théorie pour mieux satisfaire les besoins de l'homme, pour agir conformément à sa morale. Expliquer une pratique, comme l'atteste l'étymologie latine, revient à « rendre visible ce qui [y] était dissimulé ». L'explication permet d'éclaircir, de faire comprendre, de rendre intelligible. Au sens strict, l'explication est ce qui dégage la cause, détermine la ou les raisons d'une action. Elle détermine des règles de fonctionnement, met en évidence des liens logiques. Si expliquer une pratique est nécessaire, c'est que celle-ci paraissait énigmatique, incomprise. Une explication va alors développer une argumentation raisonnée, en exposant objectivement l'implicite et les présupposés d'une pratique afin non seulement de persuader, mais aussi de convaincre de sa justesse.
[...] Or juger une pratique étrangère va aboutir à comparer cette pratique avec mes valeurs, ma culture Il y a donc un travail à faire sur soi, pour se détacher de notre bulle du monde dans lequel on vit pour au moins essayer de comprendre. L'explication ne nous permet pas à coup sûr de comprendre, mais aide à ouvrir les yeux. Car s'étant intéressé à une pratique qui lui est étrangère, ayant voyagé à travers l'étude d'autres modes de vie, l'individu va pouvoir être étonné en retournant dans son monde. Il va apprendre à porte un autre regard sur les choses, en essayant de les comprendre, de leur trouver une justification. [...]
[...] On comprendrait les pratiques des hommes comme des significations, en fonction de nos perceptions. Ainsi, on observe des comportements par nos sens, puis on les interprète, on tente d'en déchiffrer le sens caché. Une interprétation peut être ingénieuse, habile, étonnante Elle sera dans tous les cas hypothétique, on ne peut l'expérimenter scientifiquement. Chaque individu va interpréter de façon différente une même pratique et un individu peut proposer plusieurs sens à une même pratique, plusieurs interprétations, sans avoir la possibilité de trancher sur la plus convaincante. [...]
[...] Des pratiques sociales sont de types habituelles, c'est-à-dire que nous les faisant par habitude, presque en automate. La pratique est alors déterminée par la coutume invétérée En effet, de nombreuses pratiques font partie intégrante de notre culture, comme la religion, les traditions De nombreuses pratiques ont pour but de produire des propriétés nouvelles, autres que celles de la nature. L'ethnologue Ralph Linton définit la culture comme étant l'ensemble des connaissances et pratiques d'une société. Les pratiques appartiennent donc au mode de vie d'une société et sont propres à un groupe social donné qui les transmet par l'éducation. [...]
[...] Le groupe auquel appartient un individu le détermine à faire certaines pratiques et à en renier d'autres. L'individu n'a pas nécessairement conscience de cette influence, d'autant plus quand il est né dans ce milieu et y a grandi. Mais c'est cette appartenance qui va justifier une pratique dans la mesure où l'individu est alors en quelque sorte contraint inconsciemment de par cette appartenance à suivre une pratique : s'il ne veut être rejeté, il ne peut faire autrement. Léo Strauss, dans son ouvrage Nihilisme et politique, s'intéressa au nihilisme allemand de l'après-guerre de 1914. [...]
[...] Max Weber, un des pères fondateurs de la sociologie, considère que toute l'analyse sociologique, c'est-à-dire l'analyse des actions significativement orientée vers autrui doit partir de l'analyse des comportements individuels, des moyens utilisés et des fins obtenus dans l'accomplissement de l'action par l'individu. Ainsi, afin d'expliquer une pratique d'un individu ou de plusieurs individus, il convient d'en dégager les facteurs. Weber a établi des déterminants de types idéaux afin de faciliter son analyse. Une même pratique peut connaître différents déterminants. Par exemple, la pratique d'un savoir-faire appris dans le cadre d'une formation professionnelle est une pratique rationnelle en finalité car si l'individu agit ainsi, c'est afin d'obtenir une fin (la fabrication d'un objet que l'on peut vendre par exemple). [...]
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