L'expérience instruit-elle? - publié le 18/06/2010

Résumé du document

L'expérience est sensible : elle nous donne le monde, elle en est l'impression première en nous, nous faisant savoir que nous sommes à un monde. Le matérialisme antique ou l'empirisme classique évoquent le statut premier des sensations et des perceptions (Lucrèce, De natura rerum; Condillac Traité des sensations, Locke, Essais sur l'entendement humain)

La phénoménologie de Merleau-Ponty insiste sur le caractère existentiellement premier de la perception : c'est par mon corps -et la « chair du monde » que constituent les phénomènes qui se livrent à ma perception - que je suis d'abord au monde, avant toute réflexion. L'expérimentation est l'attitude qui permet de provoquer des expériences qui ne se produiraient pas spontanément. Elle procède par essais et erreurs afin d'entraîner des corrections et une adéquation plus grande d'une théorie aux faits qu'elle prétend décrire, d'un projet à ses objectifs.

Extraits

[...] consequences et attend us heureux -genèse de la raison théorique : la raison est un produit de l'expérience, la réflexion est une expérience elle-même, produite à partir des perceptions (une perception de perception; cf Locke Essais sur l'entendement humain). La connaissance est une expérience, produit des expériences antérieures. Le jugement sur ce qui est une expérience qui se perfectionne avec le temps et l'expérimentation Est-ce qui fait progresser le savoir scientifique en permettant d'éliminer par falsifications, à l'aide d'expériences cruciales, les théories par trop sans rapport avec les faits (Bacon, Popper) -genèse de la raison pratique : le jugement afin de décider et agir se perfectionne par lui-même, par accumulation d'expériences. [...]

[...] Fragilité des dipositifs d'expérimentations. Ils reposent aussi sur l'imagination et l'ingéniosité individuelle ou collective et ces facultés sont très variables elles- mêmes, suivant la conjecture biologique, mais aussi culturelle et pédagogique (quand je suis malade, mon esprit est affaibli, mais il n'est pas au mieux non plus si je manque d'éducation). -le vécu, repose sur la psychologie individuelle ou collective (Gustave Lebon, Psychologie des Foules); or, la mémoire est elle aussi une faculté psychologique qui peut être défaillante (Platon, Timée, Prologue politique) Articulation : l'expérience s'avère donc suspecte et fragile. [...]

[...] L'expérience n'instruit pas du tout. La pensée, rationnelle, raisonnable et réfléchie, fait tout l'homme, et non l'expérience a. arguments, concepts -l'expérience sensible : il faut souligner son immédiateté, sa relativité, sa subjectivité (comprise ici au sens de partialité, mais aussi son caractère partiel), sa fausseté parfois (illusions sensoriels trompeuses), sa passivité (les données sensibles sont imprimées par le monde sur un sujet passif qui ne fait que les réceptionner). L'appréhension sensible du monde doit être distinguée de sa compréhension intelligible (Platon, République VI et VII, ligne du savoir). [...]

[...] L'expérience instruit le sujet comme un témoin et non pas comme un maître instruit son élève. Elle ne peut à elle seule faire autorité. Elle constitue le sujet de manière nécessaire mais pas suffisante car elle ne le constitue que dans un rapport au monde qui risque de rester passif alors que le sujet humain, pour exister en tant que subjectivité constituante, doit aussi activement appréhender le monde afin de se décider en lui et souvent de décider de lui. [...]

[...] L'expérience instruit-elle? I. L'expérience est notre seul maître. Elle est suffisante pour nous faire connaître théoriquement et pratiquement ce qui est et doit être a. arguments, concepts -l'expérience est sensible: elle nous donne le monde, elle en est l'impression première en nous, nous faisant savoir que nous sommes à un monde. Le matérialisme antique ou l'empirisme classique évoquent le statut premier des sensations et des perceptions (Lucrèce, De natura rerum; Condillac Traité des sensations, Locke, Essais sur l'entendement humain) La phénoménologie de Merleau-Ponty insiste sur le caractère existentiellement premier de la perception : c'est par mon corps -et la chair du monde que constituent les phénomènes qui se livrent à ma perception- que je suis d'abord au monde, avant toute réflexion. [...]