Ne plus vivre sous le joug d'incontrôlables désirs, se libérer des souffrances fabriquées par l'esprit, retrouver l'authenticité d'une vie simple, c'est-à-dire inscrite dans la perception immédiate, dans le temps retrouvé, dans l'harmonie avec son environnement, sans doute est-ce à tout cela qu'aspirent les apprentis zen de l'Occident. Le Zen, il semblerait que les médias, les commerçants, les mercantilistes en tous genres n'aient plus que ce mot à la bouche. Il faut être zen, vivre zen, penser zen, consommer zen comme on consomme bio, comme on consommait light. Récupéré par les hypermarchés qui en font l'accroche efficace de leurs campagnes promotionnelles, par les fabricants de voitures qui conçoivent sous son nom des séries limitées, il semble que chaque jour le Zen s'inscrive plus profondément - et dans le même temps plus superficiellement - dans nos vies. Que faut-il entendre par là ? Bien-être, confort, qualité de vie, temps pour soi, tous ces concepts de notre civilisation ne sont en effet pas si éloignés du sens réel du Zen. Et en même temps, ils en sont à cent mille lieues, récupérés qu'ils sont par les commerçants, pour qui il ne devient qu'une marchandise de plus, comme la vie, la mort, ou la faim dans le monde favorisée sciemment par les grands groupes pétroliers qui soutiennent tant de dictatures, ici ou là, parce que les dictatures, au moins, sont stables, et peuvent s'acheter.
[...] Il n'a pas de temps à perdre, à présent qu'il sait que le temps lui est compté. Il s'agit de se consacrer désormais à l'essentiel : trouver des réponses aux affres de son peuple. Il rejette l'héritage aristocratique de ses parents pour errer dans l'Inde pendant six années à la recherche de la vérité sur la douleur et la souffrance humaines. Son épouse et son père, bien sûr, en éprouveront une immense tristesse. Il n'y est pas insensible, mais il y a cette urgence, cette nécessité, tellement plus vaste qu'une famille, aussi grande soit-elle ! [...]
[...] L'école de la Terre Pure se concentre sur l'invocation du Bouddha Amida. Un acte accessible qui vise à rassembler et à résumer l'ensemble des larges doctrines du bouddhisme. Ces dernières, sans doute, ont été élaborées pour les sages et les fins lettrés, mais au quotidien, l'ignorant et le pêcheur en quête trouveront dans cet acte simple un réconfort et un cheminement qui leur est plus adapté. L'école du Zen, venue directement de Chine et introduite au Japon par le moine Yôsai, met en valeur la pratique de zazen. [...]
[...] Car à part ces pratiques quotidiennes quelque peu rituelles, il reste assez difficile de définir ce qui sépare les deux écoles. Les pratiquants sôtô eux-mêmes utilisent parfois les koans pour mieux centrer leur méditation. Querelles de clochers, si l'on peut dire. C'est Bankei (1622-1693) qui s'employa à jeter un pont entre les deux écoles. Bien que tenant de la tradition rinzaï, ce moine parla très peu de l'étude des koans dans ses discours et ses dialogues. Il insistait au contraire sur l'Éveil soudain. Son concept fétiche : «l'esprit qui n'est pas encore né». [...]
[...] En somme, rien de spécial. Les conseils qu'il donne pour faire zazen sont déroutants de simplicité : il faut trouver un endroit tranquille, s'asseoir sur un coussin, jambes croisées, le corps droit, les deux pouces joints par leurs extrémités. Puis se concentrer sur sa respiration. Respirer de façon régulière, en oubliant tous les attachements. Si un désir surgit, il faut le noter puis le laisser s'éloigner. «Ceci est l'art du zazen, explique Dôgen. Le zazen est la porte du dharma du grand repos et de la joie.» Le maître fut toute sa vie le plus vibrant exemple de son message. [...]
[...] Sur le long terme, par-delà les générations, il aurait plutôt un effet régulateur. Chacun participe à cette régulation par ses pensées, ses paroles et ses actes. La responsabilité de chacun est donc engagée. Dans le bouddhisme, il me faut considérer que personne ne peut agir à ma place. C'est donc à moi de mesurer les conséquences possibles de mes pensées, de mes paroles et de mes actes, à moi de ne pas ignorer les effets de mes propres causes, à moi d'en assumer les conséquences et les retombées. [...]
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