Le terme esthétique est défini par Gottlieb comme la « science de la connaissance sensorielle » et si nous partons de cette hypothèse, nous pouvons donc dire que l'expérience esthétique serait l'action durant laquelle nous faisons appel à nos sens vis-à-vis d'une œuvre d'art pour en posséder par la suite la connaissance. En effet, à travers la lecture de « Pièce » : contre l'esthétique de T. Binkley nous pouvons retrouver l'idée selon laquelle sans expérience esthétique il est impossible de connaître une œuvre et de se la représenter mentalement à l'aide d'une unique description sans faire appel à une expérience sensorielle. Cependant l'auteur pose une nuance : cette hypothèse ne peut s'appliquer qu'à une pratique artiste – cette dernière ferait donc obligatoirement appel à nos sens pour être connue et reconnue – et que par conséquent il existe d'autres formes d'art ne nécessitant pas d'expérience esthétique.
[...] L'expérience esthétique est-elle une condition nécessaire à l'art ? Une œuvre d'art a été représentée dans le but d'être vue, lue ou entendue et pour avoir donc ce que nous pourrions appeler un public ; or si nous n'en faisons pas l'expérience, si nous ne confrontons pas nos sens à l'œuvre, mais simplement à l'idée de l'œuvre alors pouvons-nous considérer que nous en produisons une représentation inexacte et que, par conséquent, une telle dérive n'entre plus dans le cadre de l'art ? [...]
[...] S'il est vrai qu'à la Renaissance les peintures avaient pour sujet la religion ou les évènements à travers les pays, on ne peut considérer qu'à l'heure actuelle l'art pictural se cantonne aux mêmes techniques. Pour reprendre l'exemple de La Joconde, bien que nous pouvons prendre les autoportraits de Rembrandt, il s'agit d'un tableau qui comme tous les autres renferme une idée, mais cette dernière ne saute pas au premier plan, ce comme des œuvres qui sont véritablement faites pour être contemplées et non décrites. Pour connaître La Joconde, il faut aller la voir ou en contempler une reproduction de bonne qualité. [...]
[...] Même si l'esthétisme représente une vision fausse de la nature compréhensive de l'art, comme tel me semble être le cas, il ne s'ensuit pas qu'il n'existe rien de tel que l'expérience esthétique. La promotion de celle-ci n'est peut-être pas la condition sine qua non de l'art, car les œuvres d'art, même celles qui procèdent d'un esprit initialement sémiotique, peuvent posséder une dimension esthétique. Carroll. Si l'expérience esthétique n'est pas une condition nécessaire à l'art, qu'en est-il de la dimension esthétique ? [...]
[...] Quand bien même nous prendrions cette position, nous ne parviendrions pas à rejeter définitivement l'expérience esthétique jusque-là nécessaire. Si nous prenons l'exemple du tableau Les gueules cassées d'Otto Dix qui représente des hommes ravagés par la guerre tentant de mener une vie normale, un premier message simpliste pourrait être tiré de cette image : la guerre ne détruit pas qu'un pays, elle détruit aussi son peuple ; à contrario, un autre pourrait y voir la preuve qu'on peut survivre à une guerre malgré ses blessures. [...]
[...] Des artistes tels que Pierre Soulage ou Picasso entre autres, font appel à une démarche toute particulière pour produire leur œuvre. Or leurs œuvres sont effectivement considérées comme de l'art, quand bien même elles ne nécessitent pas en premier lieu une expérience esthétique. De prime abord, nous devons considérer que la fin première de l'œuvre d'art est d'être contemplée. L'œuvre est sa propre fin donc par le biais de la contemplation, et de cette dernière résulte une expérience : l'œuvre évoque quelque chose chez celui qui la regarde. [...]
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