« La beauté est vérité, la vérité beauté », par cette affirmation, John Keats, poète romantique anglais du 18e siècle, semble déclarer que la vérité, c'est-à-dire le dévoilement d'une chose, son essence, son intelligence qui permet l'adéquation de cette chose à l'intellect, est accessible par la beauté. Le fait de rencontrer la beauté, d'en faire « l'expérience », serait une sorte de dévoilement, de révélation de sensations nouvelles qui permettrait à l'esprit de s'ouvrir, d'appréhender le monde de manière différente, touchant alors l'essence des choses, leur vérité, leur intelligence. Mais qu'est ce que la beauté ?
Ce serait ce qui suscite un sentiment de satisfaction et d'admiration en dehors de toutes considérations d'utilité se démarquant par ce dernier point de l'agréable. La beauté peut être naturelle telle qu'un paysage, un corps, mais aussi artificielle, faite par l'homme, l'exemple de l'art étant le plus courant et le plus important.
Mais la beauté existe-t-elle ? Et l'expérience peut-elle réellement enseigner à l'homme, le mener à la connaissance des choses qui l'entourent ? En quoi cette expérience de la beauté modifie-t-elle la vision de l'homme en lui permettant l'accès à l'intelligence des choses ?
[...] Ainsi, l'expérience comme la beauté semble pouvoir permettre à l'homme de s'ouvrir au monde, l'expérience de la beauté serait donc une situation exceptionnelle qui aiderait l'homme à saisir l'intelligence des choses. En effet, l'expérience esthétique, celle de la beauté, est une expérience supra sensible, ce qui était un mot devient une réalité éprouvée, son essence est révélée, le réel est dévoilé. L'expérience de la beauté pourrait donc être assimilée à un pont entre l'esprit de l'homme et la matière du monde, entre le sensible immédiat et la pensée pure. [...]
[...] Mais si la beauté et la laideur se mêlent, cela signifie-t-il que l'expérience de la laideur aiderait-elle aussi à l'intelligence des choses ? Enfin, si l'on considère l'expérience du beau comme possible, ne peut- elle pas se manifester comme un obstacle à la compréhension des choses ? Eloignant l'homme de la réalité et donc de l'essence des choses. En effet la beauté se traduit par un langage spécifique qui transfigure la réalité, la spiritualise et l'idéalise, constituant un monde en soi, une réalité autonome qui rivalise alors avec la réalité. [...]
[...] La beauté est donc ce qui permet d'atteindre les idées, les essences, l'intelligence du monde. En effet, connaitre les choses c'est connaitre leur essence c'est-à-dire ce qui les constitue et leur donne leur réalité propre malgré les modifications superficielles, c'est le type idéal des choses. Connaitre leur essence c'est comprendre leur origine, leur composition, leur dessein. Mais quelles conséquences découlent de cette nouvelle connaissance ? Il semblerait que ce soit un nouveau rapport au monde. En effet, si c'est par l'expérience de la beauté que je comprends, c'est-à-dire que je saisit par la pensée, et que la beauté s'assimile au vrai, au bien, mon rapport au monde ne peut que s'améliorer, être régis par ces mêmes notions de bien, de vertu, de vérité. [...]
[...] Or, si l'esprit ne peut pas apprendre seul l'intelligence des choses, leur seule rencontre à travers l'expérience ne suffit pas non plus. C'est un travail qui se fait dans la subjectivité du sujet, son esprit tirant profit de l'expérience par rapport à ses perceptions et sensations. L'intelligence des choses n'est donc pas ce qui peut se saisir par un raisonnement ou une délibération comme les mathématiques, elle se saisit d'un seul coup, directement par un savoir total, intuitif analyser et utiliser par l'esprit. [...]
[...] En effet, l'expérience du beau pourrait permettre de dépasser ces choses qui nous entourent, non pour les masquer mais pour saisir leur essence, leur intelligence, conférant à cette expérience une prétention à l'universalité malgré l'aspect subjectif de cette rencontre. Tout d'abord, l'expérience est un fait totalement subjectif qui aide l'esprit à saisir l'intelligence des choses. En effet s'il est vrai que l'expérience n'est pas la seule source de connaissance, deux positions sont à proscrire, le sensualisme de Condillac et l'innéisme de Descartes, tous deux considérant respectivement l'expérience ou l'esprit comme ayant la capacité d'apporter le savoir indépendamment l'un de l'autre. [...]
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