La raison pure, dénotant l'activité de la raison indépendamment de l'expérience, pose un problème : comment les jugements synthétiques a priori sont-ils possibles ?
C'est, selon Kant, l'ignorance de cette question essentielle et primordiale de l'état « chancelant » de la métaphysique, et c'est de la réponse à cette question que dépend le salut ou la ruine de la métaphysique. En effet, la possibilité d'existence d'une métaphysique pure dépend de celle des jugements synthétiques a priori, permettant l'extension de notre connaissance a priori, indépendamment de l'expérience. La possibilité d'une métaphysique pure avait d'ailleurs été éliminée par l'empiriste David Hume, pour qui les jugements synthétiques a priori étaient un fantasme qui dissimulait l'origine empirique de notre connaissance.
En plus de la possibilité d'une métaphysique pure, c'est aussi celle de l'usage pur de la raison dans des sciences qui contiennent une connaissance théorique a priori, c'est-à-dire la possibilité d'une mathématique pure et d'une physique pure qui est en jeu. Kant est certain de leur existence, ou du moins de leur possibilité d'existence, mais il doit démontrer comment ces sciences théoriques a priori sont possibles.
La critique de la raison amène donc nécessairement à la science. Kant, qui a été éveillé de son sommeil dogmatique par Hume, a, grâce à ce dernier, entrevu la nécessité de critiquer la raison et de cesser de s'adonner à un usage dogmatique de la raison, c'est à la formulation d'assertions sans fondements, qui mèneront de par leur nature au scepticisme.
La « Critique de la raison pure » est en fait une science en elle-même. La raison devient l'agent de sa propre propédeutique, et la Critique de la raison pure en est l'instrument.
Le but de la Critique de la raison pure est d'éclairer notre raison sur elle-même, et donc de lui éviter des erreurs, ainsi son utilité sera d'un point de vue spéculatif de valeur négative. C'est de par cette Critique de la raison pure que nous saurons si la raison, pouvoir qui nous fournit les principes de la connaissance a priori, et par un organon de la raison pure que Kant pourra rendre compte de la raison pure et de ses limites, et ainsi des conditions de possibilité des jugements synthétiques a priori.
La critique transcendantale ne consiste donc pas en une extension des principes de la synthèse a priori, mais plutôt en leur Berichtigung, en leur justification. C'est à partir de cette critique transcendantale que l'on obtiendra une « pierre de touche » qui permettra d'apprécier la valeur ou la non-valeur des connaissances a priori. Ainsi la critique transcendantale sera une étape nécessaire de l'établissement d'un canon, ou d'un organon de la raison pure et donc de la connaissance de l'existence des jugements synthétiques a priori. L'établissement de cette science que sera la philosophie transcendantale exige de ne laisser entrer aucun concept qui ne contienne rien d'empirique. Ainsi, une pureté totale étant requise, les principes suprêmes et les concepts fondamentaux de la moralité, qui sont d'origine empirique, sont exclus de la philosophie transcendantale.
[...] Pour Kant, j'ai dans l'expérience une connaissance empirique de moi-même. Pensant à quelque chose, je m'apparais à moi-même comme phénomène, je pense toujours dans le temps. Le temps et l'espace sont donc des formes pures de l'intuition sensible qui rendent possibles les propositions synthétiques a priori. Néanmoins, leur condition d'existence étant d'être eux-mêmes condition de manifestation du réel, fondement nécessaire à la compréhension des phénomènes, ils n'ont de valeur que dans la sphère phénoménale. Il faut donc bien noter ce point important que toute notre intuition ne soit que la représentation du phénomène. [...]
[...] Dans la déduction transcendantale, 14, Kant reproche à Locke d'avoir négligé le principe fondamental de la déduction transcendantal, à savoir que les concepts a priori sont les conditions a priori de la possibilité de l'expérience. Si les éléments de toutes les connaissances a priori ne peuvent être empruntés à l'expérience (sinon ils ne seront pas a priori), ils doivent renfermer les conditions pures a priori d'une expérience possible et d'un objet de cette expérience, car non seulement rien ne serait pensé par leur moyen, mais ils ne pourraient même pas sans data (données) naître dans la pensée On trouve ces concepts dans les catégories, un objet ne peut être pensé que par leur moyen. [...]
[...] Dans la deuxième édition de l'introduction à la Critique de la raison pure, Kant affirme que les propositions mathématiques sont nécessairement a priori. Pour contrer les objections hypothétiques prétendant le contraire, il restreint son analyse à la mathématique pure qui, par nécessité et par définition ne contient aucune connaissance empirique, mais une connaissance pure, a priori. Le mode par lequel la connaissance se rapporte aux objets est l'intuition. Il est ici question de l'intuition empirique, qui n'a lieu que grâce à la sensibilité. [...]
[...] Il a donc réduit, comme nombre de ses successeurs, l'existence des jugements synthétiques a priori à la géométrie La négation des jugements synthétiques a priori par l'apparition des géométries non euclidiennes et la théorie de la relativité La négation de l'existence des jugements synthétiques a priori devint totale lors de la découverte des géométries non euclidiennes par Bolyai et Lobatchevski, puis Riemann. Au sein des détracteurs du fameux postulatum d'Euclide, il y avait pourtant des oppositions, notamment entre la géométrie non euclidienne de Lobatchevski et celle de Riemann. [...]
[...] Dans un second temps, nous étudierons les domaines d'applications auxquels Kant limite les jugements synthétiques a priori, à savoir les mathématiques pures après l'esthétique transcendantale et la métaphysique pure. Enfin, nous verrons leur réduction à la géométrie, avec par exemple Frege, puis la disparition des jugements synthétiques a priori à la découverte des géométries non euclidiennes. I Le concept de jugement synthétique a priori 1 Un concept imaginé par un empiriste Hume fut le premier à se poser la question de la possibilité des jugements synthétiques a priori. [...]
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