Existence des religions, nécessité des religions, croyances humaines, spiritualité, diversité des religions, Nietzsche, sens de la vie, société humaine, culte primitif, Hume, crainte de dieu, finalité de l'existence
"Une société d'athées inventerait aussitôt une religion", écrit Honoré de Balzac dans "Le Catéchisme social" de sorte que la religion ferait partie intégrante de la nature de l'homme. La religion est ici considérée comme nécessaire chez l'être de raison alors qu'il semble pouvoir se passer de la croyance. Cette nécessité de l'existence du religieux chez l'homme pourrait sembler énigmatique de façon à ce qu'il soit impératif de se demander pourquoi il y a des religions. La religion est couramment définie comme un ensemble de croyances et de rites comprenant un aspect subjectif (le sentiment religieux ou la foi) et un aspect objectif (des cérémonies, des institutions). De ceci, on en retrouve des traces dans les sociétés primitives par l'intermédiaire de rites mortuaires.
La religion est au coeur de l'homme et l'accompagne encore aujourd'hui malgré les forces politiques et scientifiques qui ont essayé de se poser en alternatives. Mais les raisons de l'existence des religions restent une ombre qu'on ne saurait expliquer par un amour désintéressé de la divinité. Si Marivaux écrit dans "Le Paysan parvenu" qu'"on aime tant dieu lorsqu'on a besoin de lui", on ne saurait se satisfaire de cette explication. D'autant plus quand on s'intéresse à la grande diversité des religions. Il existe en effet de multiples formes de religions sans pour autant rendre le fait religieux non moins universel. Il n'est pas une société où l'on ne puisse pas déceler sous une forme ou une autre, des manifestations de la vie religieuse.
[...] La morale est suffisante. Si on fait plus, c'est pour « apaiser les terreurs qui nous hantent », c'est-à-dire pour pouvoir accepter que la vertu ne conduise pas forcément au bonheur, à la réussite. La question du culte est alors contingente et il ne reste que la nécessité du devoir moral. Par-là, la raison redéfinit la religion : peu importe sa diversité, seule la morale compte, quand bien même sa cause première est les passions rappelle Hume. Désormais, une fois le culte reconnu comme plein de superstitions, le doute contre les dogmes est permis. [...]
[...] Si les religions naissent des passions, elles n'ont pour finalité que de servir de moyen régulateur à la conduite morale et vertueuse de l'homme. Elles seraient un moyen de la morale. Par conséquent, les religions n'auraient pour essence rien d'autre que la conduite vertueuse. C'est, semble-t-il, l'invariant qui unit les diverses religions. C'est dans la morale que se résorberait l'univocité du concept de religion et les différents cultes ne seraient que contingents. La morale est ce sans quoi on ne peut penser la religion. [...]
[...] C'est pour cela que chaque société a une religion et qu'elle est ciment social. La sacralité du religieux renverrait à la sacralité de la société. En définitive, tous les dieux du passé ne seraient que la marque des sociétés transfigurées à travers le temps. Si l'on peut reprocher à Durkheim sa généralisation du fait religieux à partir d'un culte primitif, il est nécessaire de s'arrêter sur le rôle des passions. Car si on adorait sa société comme religion, cela reviendrait à adorer une imperfection, et cet amour se transforme en idolâtrie, en culture passionnelle identitaire. [...]
[...] Quiconque a déjà éprouvé la nature a ressenti devant elle un ordre. Qu'il soit question du fonctionnement élaboré du corps humain ou de l'ordonnancement du monde, on ne peut qu'éprouver le besoin d'imaginer une intelligence première, cause d'ordre. Hume dans l'Histoire naturelle de la religion explique que l'homme possède une inclination de l'esprit qui le conduit inéluctablement à trouver une cause à tout ce qu'il considère comme ordonné. Il écrit que tendance universelle à croire en une puissance invisible et intelligente si elle n'est pas un instinct originel est du moins un trait de la nature humaine et peut être considérée comme une sorte de marque de cachet que l'ouvrier divin a laissé sur son œuvre. » Par-là, il veut montrer qu'on ne peut pas en tant qu'homme s'empêcher de donner une cause et nécessairement un sens à un fait qu'on ne peut expliquer. [...]
[...] C'est la raison qui permet de démêler la complexité des religions. Cette faculté naturelle doit permettre à l'homme de connaître les vérités essentielles qu'il lui importe de savoir. Néanmoins, elle doit être consciente de ses limites. Si elle est nécessaire pour se passer des révélations, elle ne l'est plus en comparaison du sentiment intérieur. Rousseau écrit donnons rien au droit de la naissance et à l'autorité des pères et des pasteurs [ ] ils ont beau me crier : soumets ta raison [ ] il me faut des raisons pour soumettre ma raison » tandis qu'il revendique peu avant que « c'est en vain qu'on voudrait raisonner pour détruire en moi ce sentiment. » En effet, la raison est dépassée par la conscience qui donne les certitudes essentielles de la pratique. [...]
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