Humanité, être humain, distinction aristotélicienne, nature humaine, condition humaine, universalité, déterminisme naturel, Les animaux dénaturés, Vercors, Manuscrits, Karl Marx, Habermas
Écrire qu'« être humain, c'est pouvoir transformer sa propre nature », c'est vouloir donner une définition positive de l'humanité, un point commun partagé par chaque être humain en tant qu'être humain. En cherchant à délimiter les contours de l'humanité, la définition pourrait entraîner une exclusion de certains êtres (ceux qui ne seraient pas ceci ne seraient pas humains). Cependant, face à l'impossibilité de définir l'humanité par un trait figé particulier, physique ou moral, l'humanité est ici définie par une certaine façon d'exister, une disposition à la transformation présente en chacun et pouvant être mise en acte, selon la distinction aristotélicienne entre ce qui est en puissance et ce qui est en acte. Les êtres humains déploieraient ainsi leur humanité en actualisant une disposition innée à donner une autre forme à leur propre nature. D'une part, cela suppose une insatisfaction vis-à-vis de leur condition et une capacité d'agir sur elle, cette action pouvant prendre diverses formes. D'autre part, cela suppose aussi l'existence d'une nature humaine commune qui préexisterait aux transformations que mettent en oeuvre les êtres humains selon les époques et les cultures.
[...] Les êtres humains sont aussi capables de donner un sens à leur propre vie en tant qu'êtres libres et susceptibles de produire des actes moraux. Selon Aristote, l'être humain vise à atteindre le bonheur par ses actes. Dans le premier chapitre du Livre II de l'Éthique à Nicomaque, il explique que contrairement au feu et à la pierre, les êtres humains contractent des habitudes qui les modifient eux-mêmes. De plus, ces habitudes peuvent leur devenir naturelles au point d'être considérées comme innées, telle une seconde nature. [...]
[...] Chacun a en puissance des dispositions à la vertu qu'il peut mettre en acte de façon répétée afin d'actualiser pleinement son humanité (§3 « la nature nous en a rendus susceptibles et c'est l'habitude qui les développe et les achève en nous »(p.78)). La répétition d'actes vertueux est l'actualisation de la capacité à transformer sa propre vie et de lui donner un sens. Néanmoins, ces diverses actions des êtres humains sur eux-mêmes ne visent pas une nature humaine stable et unifiée présente à leur naissance. En raison des multiples contextes culturels et sociaux dans lesquels ils vivent, les êtres humains sont pris dès la naissance dans un ensemble de déterminations sociales et culturelles. [...]
[...] Existe-t-il une nature humaine universelle sur laquelle peuvent agir les êtres humains, cette faculté à agir sur eux-mêmes étant caractéristique de leur humanité ? Philosophie « Être humain, c'est pouvoir transformer sa propre nature. » Écrire qu'« être humain, c'est pouvoir transformer sa propre nature », c'est vouloir donner une définition positive de l'humanité, un point commun partagé par chaque être humain en tant qu'être humain. En cherchant à délimiter les contours de l'humanité, la définition pourrait entraîner une exclusion de certains êtres (ceux qui ne seraient pas ceci ne seraient pas humains). [...]
[...] Ces déterminations sociales montrent qu'il n'y a pas une seule nature proprement humaine mais des natures humaines, mêlant des caractéristiques corporelles et des expériences sociales et culturelles particulières. Par conséquent, il semble qu'on ne peut définir une nature humaine unifiée autrement que par ce travail de transformations lui-même, ce qui pose problème pour déterminer les limites de ces transformations. Autrement dit l'humanité se caractériserait par des changements constants sans qu'on puisse définir un support unifié préexistant à ces changements . [...]
[...] Cependant ces discours et pratiques réduisent alors la nature humaine à un corps mortel jugé insuffisant. S'il est difficile de concevoir une nature humaine unifiée et stable, support des transformations humaines, il paraît dangereux de réduire le corps vivant humain à un objet en négligeant qu'il est aussi le lieu de la subjectivité et de la capacité d'agir des êtres humains. Bibliographie : ARISTOTE, l'Éthique à Nicomaque, Livre II DESCARTES Discours de la méthode DESCOLA Par-delà nature et culture HABERNAS L'avenir de la nature humaine. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture