Exigence de démonstration, liberté de pensée, métaphysique classique, conflit d’opinions, démonstration
Il est fréquent, lors d'une discussion entre amis, ou d'un débat plus élaboré, que l'un des interlocuteurs soit accusé d'affirmations arbitraires, ou de formuler sa position de manière trop confuse.
Recourir à une forme démonstrative n'est-il pas le moyen d'échapper à de tels défauts ? Si l'on essaie de démontrer un point de vue, le discours tenu n'acquiert-il pas de la rigueur et de la cohérence ? Mais que devient alors ce que l'on nomme ordinairement la liberté de pensée ? Il est vrai qu'on s'interdit de penser n'importe comment : les contraintes logiques constituent-elles un obstacle pour la liberté de pensée ? Ne seraient-elles pas plutôt la condition de son exercice commun ? De plus, est-il possible de les respecter à propos de tout domaine ? Lorsqu'il devient impossible de démontrer (en métaphysique), comment garantir que la pensée ne retombe pas dans l'arbitraire ?
[...] C'est bien parce que la pensée doit être partagée et ne peut demeurer le privilège d'un seul qu'il lui faut adopter des formes argumentatives qui, loin de lui nuire, lui donnent sa portée véritable. C'est pourquoi l'exigence de démonstration n'est aucunement un fardeau; elle est bien plutôt une double chance, d'une part d'éclaircissement pour la pensée qui prétend se former, de l'autre de circulation entre les hommes. Loin d'être en quelque sorte imposée de l'extérieur à la pensée, l'exigence de démonstration est une demande de la raison elle-même, dont la pensée constitue par définition l'exercice. [...]
[...] L'exigence de démonstration nuit elle à la liberté de pensée? Il est fréquent, lors d'une discussion entre amis, ou d'un débat plus élaboré, que l'un des interlocuteurs soit accusé d'affirmations arbitraires, ou de formuler sa position de manière trop confuse. Recourir à une forme démonstrative n'est il pas le moyen d'échapper à de tels défauts? Si l'on essaie de démontrer un point de vue, le discours tenu n'acquiert il pas de la rigueur et de la cohérence? Mais que devient alors ce que l'on nomme ordinairement la liberté de pensée? [...]
[...] Pour s'extérioriser, il lui est nécessaire d'emprunter les formes de la raison ou de la logique commune. C'est là qu'elle trouve sa vraie liberté (on peut déplacer la formule de Rousseau: pour la pensée également, la véritable liberté est l'obéissance à la loi, de la raison communicative). III- Que devient la pensée du non-démontrable? Critique de la métaphysique classique: Selon Kant, la métaphysique n'est qu'un champ de ruines La liberté dont y bénéficie la pensée semble inviter à y affirmer n'importe quoi. [...]
[...] Conditions d'un dialogue efficace: Répondre à l'autre qu'on est libre de penser autrement que lui est toujours possible, mais insuffisant si l'on est incapable d'argumenter sa position. Le véritable dialogue est donc échange d'arguments, soit que l'un des interlocuteurs l'emporte finalement, soit qu'il y ait cheminement conjoint vers une pensée qui pouvait n'être initialement présente chez aucun des interlocuteurs. Cela ne peut avoir lieu que sur la base d'un vocabulaire et de formes d'argumentation partagés. Sinon, échec du dialogue, et de la communication. Chacun, en restant sur sa position initiale, affirme-t-il mieux sa liberté de pensée? [...]
[...] Qu'Est-ce que l'exigence de démonstration? La pensée sans exigence risque d'être peu communicable: L'arbitraire dans le discours renvoie à une conviction individuelle, mais comment persuader l'autre que l'on a raison? Pour persuader, il faut des arguments, lesquels supposent un langage défini en commun et une manière de penser également commune. Le modèle de la démonstration rigoureuse est fourni par les mathématiques, même s'il est clair qu'on ne raisonne pas quotidiennement de manière aussi stricte. Le recours au modèle mathématique est il utile? [...]
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