Évolution créatrice première partie, Henri Bergson 1907, artiste et son oeuvre, schéma actanciel, création d'une oeuvre, déterminisme, processus de création, dimension finale d'une oeuvre, art, portrait, explication de texte
Bergson tente, dans cet extrait, de définir l'évolution créatrice par laquelle l'homme "existe". En utilisant l'exemple de la double influence de l'artiste sur son oeuvre et de l'oeuvre sur son créateur, l'auteur introduit la notion centrale de ses réflexions : la création continuelle de soi par soi ; car, de fait, chaque individu se définit et évolue à travers un schéma actanciel particulier et imprévisible qui lui est propre et qu'il a lui-même défini par ses actes.
[...] L'exemple du portrait créé par le peintre Ainsi, la vie est en elle-même un processus de création ; chaque évènement qui la constitue et auquel on prend part vient s'insérer comme un élément nouveau, partitif de notre identité, dans la construction progressive dont nous sommes à la fois les auteurs et les objets. Bergson l'explique ainsi : « de même que le talent du peintre se forme ou se déforme, en tous cas se modifie, sous l'influence même des œuvres qu'il produit, ainsi chacun de nos états, en même temps qu'il sort de nous, modifie notre personne, étant la forme nouvelle que nous venons de nous donner ». Nous en revenons donc à cette idée de double influence ou plutôt d'influence réciproque entre l'artiste et son œuvre, entre un individu et sa vie. [...]
[...] La vie se révèle donc être une création perpétuelle ; « nous sommes, dans une certaine mesure, ce que nous faisons, et nous nous créons continuellement nous-mêmes ». III. Certaines causes extérieures peuvent orienter la production Cependant, si cette construction de soi par soi est illimitée et non définie dans le temps ou dans l'espace, elle participe tout de même d'une certaine progression, d'une évolution qui serait absolument propre à chacun. Bergson précise qu'elle est « d'autant plus complète » qu'elle rend possible un meilleur raisonnement vis-à-vis de nos actes. [...]
[...] À l'inverse, en ce qui concerne l'évolution créatrice de l'homme, les données s'inscrivent dans un cadre particulier, où elles prennent une dimension propre à tout un chacun et tracent une progression personnelle unique qui ne suit aucun schéma établi. Car, de fait, « les mêmes raisons pourront dicter à des personnes différentes, ou à la même personne à des moments différents, des actes profondément différents, quoiqu'également raisonnables ». Ce cheminement personnel et partiellement imprévisible est donc la raison pour laquelle une personne extérieure ne peut en aucun cas intervenir dans la vie d'une autre de manière plus adaptée que cette personne elle-même, et ce même en ayant connaissance de toutes les données qui entourent le problème. [...]
[...] Cette évolution continue constitue, dans son ensemble, l'élan de la vie, cette projection continuelle vers l'avenir. La vie est en ce sens un renouvellement continu, doublé d'une maturation progressive qui mène vers un mieux propre à chaque individu, mais jamais définitivement atteint. Bergson clôt sa réflexion sur une question : cet élan créateur et constructif est-il définitoire de ce qu'on appelle l'existence ? Si exister c'est se créer soi-même continuellement, peut-on définir l'existence en général comme une perpétuelle autocréation ? S'il est vrai que le verbe « exister » s'entend comme une activité, un mouvement, ce que l'on appelle « l'existence » évoque davantage une certaine passivité ; on imagine là une sorte de bilan référençant les évènements successifs et indépendants de notre volonté, comme mus par une destinée immuable et logique, qui seraient venus combler le laps de temps qu'on appelle notre vie. [...]
[...] De fait, le processus de création et de production qui mène à l'œuvre achevée fait partie intégrante de cette dernière : pouvoir anticiper à l'avance la finalité de cette production revient à l'annuler, et prive l'œuvre – déjà produite en puissance – de son essence. Dans le domaine de l'art, l'impossibilité de prédire absolument un résultat dans sa dimension finale est ce qui motive chaque impulsion créatrice et confère à chaque production sa dimension particulière. Ainsi, tout comme un chef-d'œuvre en puissance, les « moments de notre vie » ne sont pas déterminés au préalable ; leur aboutissement reste aléatoire et imprévisible et nous sommes les créateurs de ces moments. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture