La conscience et l'inconscient ont un rôle indispensable dans la mémorisation du passé d'un homme. Comment ce passé se conserve-t-il ? Dans L'évolution créatrice, Bergson propose une réponse à cette question. D'après lui, le passé se conserve seul automatiquement, en nous influençant à la fois à travers notre conscient et notre inconscient. Pour prouver sa thèse, il utilise un mode de raisonnement déductif (...)
[...] Ceux-là, messagers de l'inconscient, nous avertissent de ce que nous traînons derrière nous sans le savoir. Mais, lors même que nous n'en aurions pas l'idée distincte, nous sentirions vaguement que notre passé nous reste présent. Que sommes-nous, en effet, qu'est-ce que notre caractère, sinon la condensation de l'histoire que nous avons vécue depuis notre naissance ( ) ? Sans doute, nous ne pensons qu'avec une petite partie de notre passé ; mais c'est avec notre passé tout entier, y compris notre courbure d'âme originelle, que nous désirons, voulons, agissons. [...]
[...] Bergson nous explique que ces souvenirs peuvent se révéler utiles. Certains de ces souvenirs jusque là restés endormis peuvent se réveiller et passer dans notre conscience, de telle sorte à ce que nous nous en rendions compte et nous rappellent des fragments de notre passé que nous croyions oubliés. Mais il y a un autre cas de figure. Le philosophe évoque ces souvenirs qui restent dans l'inconscient, dont nous n'avons pas d' »idée distincte mais qui parviennent tout de même à nous rappeler de manière floue ce passé, qui parviennent à influencer notre manière de penser et notre comportement. [...]
[...] Le processus de conservation du passé d'après l'auteur est le suivant : le présent, en devenant passé tente de s'introduire dans notre conscience. Or celle-ci ne laisse pas tout passer. Ce mécanisme cérébral est l'objet de l'argument suivant de l'auteur. Pourquoi l'ensemble de notre passé est-il divisé en deux dans notre mémoire ? Bergson explique que nous avons une mémoire sélective. Seuls les souvenirs utiles, qui peuvent nous aider dans un futur proche ou dans une situation présente sont conservés dans notre conscience. [...]
[...] Freud ne considérait pas comme Bergson l'inconscient comme un endroit où était placé le passé inutile. Il pensait que l'inconscient est une instance du psychisme où nous refoulons les désirs et les pulsions jugées moralement condamnables ou socialement inacceptables Ces deux définitions peuvent paraître éloignées. Or si des désirs sont jugés moralement condamnables ou socialement inacceptables c'est que dans notre éducation, dans notre passé, notre inconscient a intégré des mœurs, des codes de société. Donc sans nous en rendre compte, les désirs et les pulsions dont parle Freud sont jugés à la fois inutiles et condamnables, donc ne rentrent pas dans la conscience. [...]
[...] Mais même si cette question de Bergson est discutable, il est possible de constater qu'elle est au moins en partie vraie. En effet, deux individus, dans une même situation, ne réagiront pas de la même manière, tout simplement parce qu'ils ont vécu un passé, une éducation différente. Pour conclure, on peut donc bien dire qu'au moins une grande partie de notre passé s'est conservé automatiquement, même si l'on ne s'en rend pas compte immédiatement. Mais la question qu'il pose à la fin nous amène à une déduction pessimiste : notre caractère présent n'est que le résultat de nos expériences passées, et nous n'y pouvons rien. [...]
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