L'idée selon laquelle nous ne serions rien sans les autres semble aujourd'hui acquise. En effet, que ce soit d'un point de vue économique (avec le passage des sociétés traditionnelles aux sociétés modernes) ou d'un point de vue social (avec l'influence qu'exerce autrui sur nos choix culturels), cette idée semble avoir chassé tout solipsisme (en tant que solitude principielle de la conscience). Par conséquent, dans une telle optique, autrui semble avoir un rôle bien particulier dans la constitution de l'individualité. Si l'on part du principe que l'homme est conscience de soi en ce sens qu'il pense et se pense, il faut bien se rendre compte que cette conscience de soi n'est pas donnée d'office, qu'elle se constitue par un cheminement (...)
[...] Autrement dit, le moi se pose en s'opposant et la conscience ne peut être conscience de soi que si l'autre la reconnaît comme conscience. Et l'histoire des relations entre cultures montre bien cela. En effet, nous pouvons penser à la colonisation, où le peuple colonisé ne survit qu'en acceptant de perdre ce qui les rend différents. Nous voyons ici le rôle absolument primordial de l'Autre dans la constitution de l'individualité. Or, comme nous l'avons succinctement vu, cette constitution n'est qu'immédiate, mais pas définitive. [...]
[...] Chaque conscience doit donc donner un fondement objectif à la constitution de l'individualité, c'est-à-dire l'élever en vérité, et cela en se faisant reconnaître par l'autre dans une indépendance qui confère à la singularité de chacune un sens universel. La conscience qui fait l'expérience de la rencontre avec une autre n'a de cesse que de vouloir être reconnue comme telle. Or, s'exposer à l'autre de cette manière implique de mettre sa vie en jeu. La lutte à mort est destinée à prouver que chaque conscience est pure conscience de soi. [...]
[...] Nous allons répondre d'abord à la première question en passant à notre deuxième moment, où nous étudierons la consistance du retournement dialectique opéré par Hegel, et ce par le biais du travail. II Un retournement dialectique par le travail Comme nous allons le voir, la situation de départ va être vouée à s'inverser par un renversement dialectique où le travail jouera un rôle médiateur et central. Nous allons voir plus précisément comment le maître, dans la mesure où il ne jouit des choses que par l'intermédiaire de son esclave, finit par en devenir dépendant. [...]
[...] L'idée selon laquelle c'est par le travail que l'on accède à l'individualité, que l'on accomplit pleinement sa nature, aura ouvert la porte à une longue postérité philosophique directe. En effet, parmi les héritiers de Hegel, nous avons les Jeunes Hégéliens, Sören Kierkegaard, mais surtout Karl Marx. Et nous nous apercevons rapidement que la fin de la dialectique du maître et de l'esclave a influencé ce dernier dans sa théorie de la nature humaine. En guise de conclusion à notre travail, voyons comment l'on y retrouve des bribes de notre dialectique. [...]
[...] Cela nous permettra de comprendre quel est véritablement le rôle d'Autrui dans la constitution de l'individualité. I Un rôle immédiat Au cours de notre première partie, nous découperons notre argumentation en trois moments. Ainsi, nous appréhenderons l'immédiateté du rôle d'autrui dans la constitution de l'individualité en revenant d'abord sur la constitution de soi par un désir de reconnaissance de l'Autre, puis nous étudierons le lien entre désir de reconnaissance et lutte à mort pour, enfin, voir ce qu'il advient. Dans le système philosophique hégélien, une conscience de soi se constitue à partir du moment où quelqu'un d'autre la reconnaît. [...]
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