Il est fréquent d'entendre un membre de notre entourage nous conseiller de « prendre la vie comme elle vient ». Derrière ce problème en apparence anodin se cachent des questions plus subtiles. Pourquoi faudrait-il que j'agisse de cette manière ? Dans quelle optique ?
N'y a-t-il pas un autre choix plus judicieux ? Afin de savoir comment agir face aux vicissitudes de la vie, il est utile de se poser la question suivante : Dois-je souhaiter que ce qui arrive arrive comme il arrive ou comme je souhaiterais qu'il arrive ? (...)
[...] De ce fait, l'attitude à adopter est de vouloir que ce qui arrive arrive comme je souhaiterais, consciemment et inconsciemment, qu'il arrive tout en étant préparé psychologiquement à l'éventualité que cela n'arrive pas. [...]
[...] Alors que le stoïcisme pouvait m'empêcher d'être malheureux à titre personne, le désir de changer les choses dans le cadre de la cité semblerait être un moyen d'apporter un certain bonheur à un tout un groupe de citoyens. De plus, cette action politique qui naît d'un souhait d'un monde meilleur est le seul rempart contre le conservatisme. Si on se change soi- même plutôt que d'essayer de changer l'ordre du monde, certes, on n'est pas malheureux, mais on n'est complice de l'ordre établi et de ses injustices. [...]
[...] De ce fait, vouloir que quelque chose arrive comme je souhaiterais qu'elle arrive m'inciterait à mettre en oeuvre divers moyens pour que ce qui arrive corresponde effectivement à ce que je souhaite voir arriver. Cependant, chacun peut en faire l'expérience, bien souvent, il ne suffit pas de vouloir quelque chose pour que celle-ci se réalise. La volonté peut donc être inefficace et alors sembler inutile. Si la volonté peut paraître si peu efficace c'est parce qu'elle confrontée à d'autres forces telle que la force de résistance de l'inconscient. [...]
[...] D'un point de vue moral, souhaiter que ce qui arrive arrive comme il arrive s'apparente à une acceptation d'un monde injuste. Pouvait-on par exemple se contenter de conseiller aux juifs vivant en Allemagne pendant la Seconde Guerre Mondiale de se montrer insensibles et d'accepter le destin que leur avait choisi Hitler ? Non, le monde devait faire preuve de volonté pour faire cesser ce traitement injuste et permettre à tout un peuple d'être plus heureux. Ainsi, d'une part, l'homme ne doit pas se rendre malheureux en désirant abondamment des choses qui ne dépendent pas de lui, il doit savoir faire preuve de volonté pour accepter le destin quand celui ne lui semble pas immoral. [...]
[...] Pour être heureux, je ne devrais donc pas vouloir que ce qui arrive arrive comme je souhaiterais qu'il arrive. Au contraire, comme le dit Épictète dans Manuel (VIII), "Ne demande pas que les choses arrivent comme tu désires, mais désire qu'elles arrivent comme elles arrivent et tu seras heureux." Être heureux demanderais donc un certain travail sur soi : il faut discerner les choses qui dépendent de nous et celles qui ne dépendent pas de nous et ne placer l'objet du désir que dans la catégorie des choses qui dépendent de nous. [...]
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