Les maladies actuelles, souvent incurables, rendent la vie des gens intolérable, volent le sens de la vie et amènent à faire face à la mort. Même avec le développement actuel de la médecine, il n'est pas possible de sauver la vie de tous les malades ou de soulager leur douleur de manière totalement efficace. Face à ce phénomène, l'une des solutions est l'euthanasie, ou suicide assisté. Il y a un peu plus d'un an de cela, une loi fédérale dépénalisait cette pratique dans l'ensemble de l'État canadien. Ce texte faisait suite à une loi entrée en vigueur fin 2015 dans la province du Québec. Le débat n'est cependant pas clos pour autant.
[...] Au contraire, la vision utilitariste de Bentham offre une alternative mesurée à la prêche de Kant, puisqu'elle laisse de côté la morale, terrain idéologique bien trop glissant. La morale est en effet changeante, et rien ne nous oblige à nous soumettre à la morale chrétienne. Chacun est libre de se construire sa propre échelle de valeur, avec ou sans l'aide de la religion. Il existe des choses qui peuvent être considérées morales par certains courants de pensée, et amorales par d'autres. [...]
[...] La vision utilitariste de Bentham n'échappe pas à cette règle, mais ne propose en aucun cas une affirmation figée et indiscutable. L'euthanasie, une aberration morale Ce n'est pas forcément le cas de la seconde théorie, qui vient contredire cette thèse. La seconde possibilité consiste en effet à voir en l'euthanasie une aberration morale et humaine. Le philosophe Emmanuel Kant, par exemple, s'est prononcé avec une telle verve sur le suicide et toutes sortes de mises à mort, qu'aucune ambiguïté n'est possible par rapport à sa position. [...]
[...] Au final, tout est une affaire de décision. Si les proches refusent en bloc cette solution, alors la théorie de l'utilitarisme condamne l'euthanasie. Au contraire, s'ils acceptent cette option dans le but de soulager les souffrances de l'être aimé et s'épargner le calvaire de le voir souffrir, alors la même théorie valide le suicide assisté. L'utilitarisme est en fait une sorte de libéralisme édulcoré, assez éloigné de l'individualisme libertarien, défendu par exemple par le philosophe Robert Nozick et sa théorie des droits, pour qui le corps est la propriété exclusive de l'individu, et qu'il peut donc en disposer à sa convenance, sans aucune exception. [...]
[...] L'euthanasie est-elle une pratique acceptable ou une aberration ? Les maladies actuelles, souvent incurables, rendent la vie des gens intolérable, volent le sens de la vie et amènent à faire face à la mort. Même avec le développement actuel de la médecine, il n'est pas possible de sauver la vie de tous les malades ou de soulager leur douleur de manière totalement efficace. Face à ce phénomène, l'une des solutions est l'euthanasie, ou suicide assisté. Il y a un peu plus d'un an de cela, une loi fédérale dépénalisait cette pratique dans l'ensemble de l'Etat canadien. [...]
[...] Par exemple, le confucianisme considère le suicide comme un moyen acceptable de conserver sa dignité humaine. On voit donc bien que la vision de Kant est très christiano-centrée, et donc forcément limitée. Au final, je pense que tout est affaire de contexte et de mesure. L'individu doit pouvoir être libre de choisir sa mort, mais il faut s'assurer que son jugement n'est pas entravé. Il doit s'agir d'une décision réfléchie de manière exhaustive. La théorie utilitariste, à mon sens, est celle qui permet le mieux de répondre à ces conditions. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture