Contrairement aux générations passées, nous vivons dans une société qui a la chance de pouvoir se consacrer à la recherche du bonheur, au lieu, par exemple de lutter pour la liberté, ou pour notre survie. Cependant, on peut observer que cette extraordinaire opportunité, peut se retourner contre nous. Comme le dit Pascal Bruckner, dans l'Euphorie perpétuelle où il parle de cette « société tout entière vouée à l'hédonisme et à qui tout devient irritation et supplice » ( L'euphorie perpétuelle ). Il pense que dans notre vie quotidienne le bonheur est devenu un devoir : « Par devoir de bonheur, j'entends donc cette idéologie propre à la deuxième moitié du XX ème siècle et qui pousse à tout évaluer sous l'angle du plaisir et du désagrément cette assignation à l'euphorie qui rejette dans la honte ou le malaise ceux qui n'y souscrivent pas. » ( L'euphorie perpétuelle ) Cette notion de devoir de bonheur nous amène à nous demander si celui-ci peut nous aider à rechercher puis à trouver le bonheur. Nous commencerons à étudier cette problématique en observant les raisons pour lesquelles le droit au bonheur est devenu un devoir. Puis nous verrons que ce devoir de bonheur est un fondement de notre société. Enfin nous nous demanderons si cette « obligation » d'être heureux peut nous amener au bonheur. Pour cela, nous nous appuierons sur Oncle Vania de Tchekhov, Le Chercheur d'Or de Le Clézio, La Vie Heureuse et La Brièveté de la Vie de Sénèque.
[...] ( Oncle Vania, p.19 ) Ainsi, on voit que Téléguine ne peut s'exprimer car Voïnitski lui coupe la parole, c'est un des seuls personnages qui semble-t-il à renoncer à trouver le bonheur, il semble résigner. Tchekhov montre de ce fait que les non-heureux, ceux qui ne croient plus au bonheur sont souvent méprisés. On peut également ressentir, en tant que spectateur, une certaine gêne, un léger malaise vis-à-vis des personnages qui échouent tous dans leur recherche du bonheur. C'est ce qui fait le caractère dramatique de la pièce. [...]
[...] J'ai des talents, des dons, du courage Si j'avais eu une vie normale, j'aurais pu faire un Schopenhauer, un Dostoïevski Je perds la tête ! Je deviens fou Maman, je suis désespéré ! Maman ! ( Oncle Vania, p.78 ) Voïnitski est totalement désespéré, on dirait même qu'il va se suicider tellement il est déçu de ne pas avoir trouvé le bonheur. Un peu plus tard, il tente même de tuer Sérébriakov, ce qui revient à un suicide, il veut tuer le mythe auquel il a toujours cru, auquel il s'est rattaché : Voïnitski : Laissez, Hélène ! [...]
[...] Comme le dit Pascal Brukner, l'assignation à l'euphorie est devenue une banalité. De plus, il ne reste que la honte ou le malaise pour ceux qui n'y souscrivent pas Enfin, paradoxalement, on essaie de profiter au maximum de notre vie alors que si l'on ne parvient pas au bonheur on s'afflige, se pénalise Sénèque pense que les hommes sombrent dans la volupté : Tu admettras qu'ils baignent dans les voluptés ( La Vie Heureuse, p.41 ) En outre, on remarque que, s'il semble prôner un bonheur collectif comme nous l'avons vu dans la première partie, il pense que cette assignation à l'euphorie ne peut mener au véritable bonheur : il te faut donc bien admettre qu'ils sont aussi loin de tout chagrin que du bon sens, et, ce qui arrive souvent, que leur folie est gaie et qu'ils délirent dans la joie. [...]
[...] L'euphorie perpétuelle de Pascal Bruckner pages 16-17 Le projet d'être heureux [ ]catéchisme collectif Dans quelle mesure peut-on dire qu'il y a un devoir d'être heureux ? Contrairement aux générations passées, nous vivons dans une société qui a la chance de pouvoir se consacrer à la recherche du bonheur, au lieu, par exemple de lutter pour la liberté, ou pour notre survie. Cependant, on peut observer que cette extraordinaire opportunité, peut se retourner contre nous. Comme le dit Pascal Bruckner, dans l'Euphorie perpétuelle où il parle de cette société tout entière vouée à l'hédonisme et à qui tout devient irritation et supplice ( L'euphorie perpétuelle Il pense que dans notre vie quotidienne le bonheur est devenu un devoir : Par devoir de bonheur, j'entends donc cette idéologie propre à la deuxième moitié du XXème siècle et qui pousse à tout évaluer sous l'angle du plaisir et du désagrément cette assignation à l'euphorie qui rejette dans la honte ou le malaise ceux qui n'y souscrivent pas. [...]
[...] Pour conclure, on peut dire que les trois auteurs partagent le doute qu'émet Pascal Brukner face à ce devoir d'être heureux. Notamment parce que les trois paradoxes mis en avant sont vérifiés tant sur le plan pratique dans Le Chercheur d'Or et Oncle Vania que sur le plan théorique dans La Vie Heureuse. Par ailleurs, le devoir d'être heureux introduit par Pascal Bruckner existe bel et bien puisque Le Clézio et Tchekhov montrent que leurs personnages ont un certain devoir qui les pousse dans leur quête du bonheur. [...]
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