Au cours de la Critique de la Raison Pure, Kant s'applique à limiter l'usage spéculatif de la raison : étudiant les conditions de la possibilité de toute connaissance, il en déduit ce qui peut et ce qui ne peut pas être connu de l'entendement ni de la raison. Les Idées au-delà de toute connaissance possible sont au nombre de trois : l'âme, le monde comme totalité et Dieu. Ayant ainsi délimité le champ de la connaissance, Kant sait alors prévenir la raison pure de cette tentation d'égarement que lui sont ces mêmes Idées : Kant met à jour le danger de l'usage transcendant des idées transcendantales. Ainsi : « La plus grande et peut-être la seule utilité de toute philosophie de la raison pure n'est donc sans doute que négative » ( Critique de la raison pure, Canon de la raison pure). Les Idées sont donc régulatrices de l'usage de l'entendement ; mais elles peuvent également être constitutives, et acquérir ainsi une utilité positive. Cette dernière utilité s'envisage du côté pratique de l'usage de la raison, et c'est à cet usage que se consacre la partie de la Critique dont est extrait notre texte.
[...] Il ne s'agit plus que d'actes : et le terme pratique correspond ainsi au sens philosophique classique : est pratique ce qui est relatif à l'action. Pourtant notre définition au cours de la première sous-partie n'était pas celle-ci : elle désignait par pratique les actes déterminés par la liberté. Pour résoudre ce problème, il s'agit de distinguer entre le sens philosophique classique et le sens philosophique kantien de ce terme, que Kant emploie tour à tour. Nous remarquons dans cette dernière sous-partie une construction parallèle des deux définitions distinctes, parallélisme évident pour ce qui est des mises en italique, soulignant l'opposition des termes. [...]
[...] Dans cette première sous-partie, Kant est passée à un niveau supérieur de la question (de la liberté à la liberté de la liberté), mais ce passage est dangereux : ne risque-t-on pas de glisser vers un usage transcendant de l'idée transcendantale de la liberté ? C'est du problème que pose l'idée de liberté dont traite la seconde sous-partie, correspondant à la dernière phrase du paragraphe. Kant y distingue liberté pratique et liberté transcendantale. D'après ce que nous avons dit précédemment, la liberté pratique est l'idée de liberté considérée comme source d'actions cette idée est alors constitutive et la liberté transcendantale est l'idée de liberté considérée du point de vue spéculatif (et donc déjà considérée) cette idée est alors régulatrice. [...]
[...] Tel est le problème qui se pose : l'influence du monde intelligible sur le monde sensible, quand celle du monde sensible sur le monde intelligible est exclue. Kant ne s'attarde pas sur cette question : elle a déjà été traitée dans les antinomies. Il est dit que la causalité du monde intelligible est la liberté, qui permet de commencer une série de causalité dans le monde sensible : la liberté est le premier moteur. Il y a donc intervention du monde intelligible dans le monde sensible. [...]
[...] Mais avant d'y venir, signalons la difficulté du terme pratique : il désigne ici uniquement les principes ou conséquences de la volonté libre, et non ceux de la volonté animale. Est-ce à dire que le terme pratique ne s'applique pas à ce qui tient uniquement à l'acte, mais bien plutôt à l'acte en tant qu'il est déterminé par la liberté ? En effet, en ce qui concerne la liberté animale, il s'agit plutôt de réactions que d'acte (réfléchis), du déterminisme des phénomènes que de la liberté nouménale. [...]
[...] Remarquons que le terme représentations est lié à l'activité de la raison. C'est donc par une activité de la raison qu'il est possible de se délivrer du déterminisme sensible. Mais ce qui est utile ou nuisible conserve une dimension sensible : dans la Critique de la raison pratique, Kant distingue ce qui est bon de ce qui est Bien. Le Bien n'est en aucun cas déterminé sensiblement, quand ce qui est bon, au contraire, y est lié, de ce qu'il se rattache au bonheur, i.e. [...]
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