Il s'agit dans ce travail d'essayer d'éclairer quelques aspects essentiels à la compréhension de la relation qu'entretient Merleau-Ponty avec le bergsonisme. Non pas en confrontant directement leurs œuvres respectives ; parce que cela nécessiterait d'une part des recherches et un travail allant bien au-delà du présent, et parce que d'autre part, la complexité du rapport qui lie Merleau-Ponty à Bergson ne permettrait pas de lever les ambiguïtés par ce biais. Il y a une riche évolution du parcours philosophique de Merleau-Ponty vers un retour au bergsonisme. Entre le Merleau-Ponty de la Phénoménologie de la perception et celui de Le visible et l'invisible, il y a comme un écart constitutif d'un bergsonisme retrouvé. Mais encore une fois il serait trop ambitieux de vouloir ici retracer le cheminement précis de Merleau-Ponty vis-à-vis du bergsonisme, car il faudrait prétendre à embrasser en plus de l'œuvre de Bergson, celle de Merleau-Ponty jusque dans la singularité même de sa progression. Nous ne pourrons pas montrer de façon complète cette relation que nous nous hasardons à qualifier de processus de différenciation fusionnelle. Il faudra en fait s'attacher à déterminer le champ dans lequel se meut cette relation. En commençant par la conception essentiellement critique brièvement exposée dans la Phénoménologie de la perception, nous effectuerons une lecture de la critique du bergsonisme établie en section IV de la phénoménologie de la perception, intitulée Le champ phénoménal (p.69-72, éd. Gallimard). Nous nous attacherons ensuite à montrer comment c'est notamment autour de la conception du négatif que s'articule la convergence de Merleau-Ponty à Bergson. Qu'est-ce que nous pourrons trouver de commun entre le « positivisme » bergsonien critiquant les idées métaphysique de Néant et du vide, et l'élaboration de l'ontologie du dernier Merleau-Ponty. En fait nous souhaitons ici non seulement réexposer la ténacité du lien entre le bergsonisme et l'ontologie sauvage telle qu'elle est présentée dans Le visible et l'invisible ; mais encore et surtout, tenter de montrer que c'est précisément sur la conception du négatif que s'articule certes l'identité mais aussi la différence des philosophies de Bergson et Merleau-Ponty.
[...] A tel point que Merleau- Ponty, en étudiant la déficience pour mieux comprendre la capacité, rejoint une des tendances naturaliste qui a grandement contribué à l'essor de la biologie (cf. à ce sujet La logique du vivant de François Jacob). Entre le milieux du 19ème et le milieux du 20ème siècle, les sciences de la nature et du corps font des progrès considérable avec, pour ne citer que quelques exemples, la découverte des lois de l'hérédité par Gregor Mendel, la théorie de l'évolution de Darwin, l'apparition de la génétique et les progrès corrélatifs de la médecine. [...]
[...] Ce souci du monde, c'est la nécessité pour Bergson comme pour Merleau-Ponty de toujours penser un milieu où l'on pense. C'est-à-dire que toute philosophie (et devrait-on dire toute expérience) est, même malgré elle, prise dans le rapport du vivant à son milieux. Il y a un terrain d'entente originaire entre ces deux philosophes qui reste ignoré ou mis de côté dans la phénoménologie de la perception et qui consiste en ce que l'on pense toujours déjà dans le monde et au monde. [...]
[...] Cependant, le positivisme de Bergson laisse à Merleau-Ponty un problème majeur. Quelque chose que Bergson n'a pas aperçu faute d'un approfondissement du problème de la perception, à savoir que si l'être du monde est bien un être toujours déjà là, en présence virtuelle ou actuelle, on ne peut pour autant éliminer le problème d'une conception du négatif qui parviennent à s'insérer à l'Être plein ; c'est une nécessité pour parvenir à une compréhension encore un peu plus aiguisée de notre être-au-monde. [...]
[...] Etude sur le rapport de Merleau-Ponty à la Philosophie de Bergson Il s'agit dans ce travail d'essayer d'éclairer quelques aspects essentiels à la compréhension de la relation qu'entretient Merleau-Ponty avec le bergsonisme. Non pas en confrontant directement leurs œuvres respectives ; parce que cela nécessiterait d'une part des recherches et un travail allant bien au-delà du présent, et parce que d'autre part, la complexité du rapport qui lie Merleau-Ponty à Bergson ne permettrait pas de lever les ambiguïtés par ce biais. [...]
[...] Quand nous disons cela n'est pas ceci et si l'on veut que notre dire puisse apparaître comme corrélat de l'être présent du monde, il faut que le ceci nié dans le cela recouvre le caractère d'une présence invisible, qu'il soit contenu dans la profondeur du phénomène. Parvenant ainsi à insérer à son dispositif ontologique une conception précise du négatif, Merleau-Ponty clarifie de manière définitive son rapport à Bergson mais aussi à Husserl. Nous ne pouvons pas traiter ici les très nombreux problèmes résolus ou posés vis-à-vis de ce double héritage de Merleau-Ponty. On a simplement cherché à exposer certains points choisis pour montrer un aspect de l'évolution de Merleau-Ponty vers le bergsonisme. [...]
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