La raison constitue d'abord une faculté naturelle, laquelle comme toute faculté ou puissance (les deux mots ayant le même sens) désigne une disposition à faire, commune et le plus souvent propre aux hommes, puisqu'elle se trouve "naturellement égale en tous les hommes". Mais la faculté se différencie de son exercice comme la puissance, chez Aristote, se distingue de l'acte: avoir la puissance de juger est une chose, une autre est de l'exercer à bon escient. Comment expliquer alors que certains jugent bien et d'autres moins bien? Si tous les hommes sont par nature égaux sous le rapport de la raison, il est d'avance exclu que l'on puisse affirmer que les uns sont "plus raisonnables que les autres". Il faut donc chercher la cause de la distinction entre les hommes ailleurs que dans leur raison, à savoir dans l'application qu'ils font de leur raison.
[...] De cette façon, Descartes commence par exclure les sens, pour avoir remarqué qu'ils "nous trompent quelquefois". On est donc autorisé à douter de leur fidélité et fondé à "supposer" (puisque le doute méthodique consiste à tenir pour faux ce qui est simplement douteux) que l'image qu'ils fournissent du monde est fausse. Ensuite, Descartes peut rejeter les "raisons" mathématiques, à savoir les raisonnements que l'on suit dans la résolution d'un problème, parce qu'il constate que les mathématiciens usent parfois de mauvais raisonnements, "des paralogismes"(raisonnements dont la forme est correcte mais dont les concepts sont mal analysés), quand ils croient bien raisonner, ce qui lui donne l'occasion, ne se jugeant pas infaillible lui- même, de les considérer "comme fausses". [...]
[...] En effet, si l'homme, imparfait qu'il est, ne dépendait que de lui-même, alors il ne dépendait que de lui qu'il se donnât les perfections dont il a l'idée (comment imaginer qu'un être imparfait ait l'idée de la perfection sans se la donner?). Or, chacun voit le contraire car l'homme est incapable de se procurer les perfections dont il a l'idée. L'homme ne dépendant pas de lui-même, il dépend pour l'idée de perfection d'une autre nature et celle-ci ne peut pas être imparfaite comme lui puisque l'idée de perfection en dépend. Cette nature parfaite, Dieu, existe donc puisque l'homme en dépend quand il conçoit l'idée de perfection. Cinquième partie Quelle représentation se fait-il du corps en général ? [...]
[...] Dit autrement, avant de chercher à modifier les autres, il faut tâcher de se modifier soi-même, telle est la morale stoïcienne de Descartes. Quatrième partie Par quel cheminement Descartes parvient-il à cette vérité : Je pense donc je suis ? Puisque Descartes entreprend de rechercher la vérité avec méthode (fin de la Troisième partie) en prenant la résolution de rejeter toutes les opinions douteuses (Deuxième partie), il se décide ici à douter de façon méthodique. Pour cela, il part du principe qu'une connaissance doit être considérée comme fausse que je rejetasse comme absolument faux") si l'on a le moindre sujet d'en douter, plus précisément si l'on peut "imaginer" le moindre doute à son sujet, ce qui revient à déclarer fausse toute connaissance qui n'est pas absolument vraie. [...]
[...] Mais l'homme en est-il le propriétaire comme le veut Descartes? Si l'appropriation des forces de la nature se conjugue à leur maîtrise, sans que ni l'une ni l'autre ne soient soumises à un contrôle par l'opinion publique, alors il faut en déduire que la science et la technique conjuguées peuvent servir aussi des intérêts qui ne sont pas communs à tous les hommes, par exemple les intérêts militaires, économiques, comme on le voit aujourd'hui. Dans ce cas, on doit nuancer l'optimisme cartésien et prendre en compte la possibilité d'un détournement de la science par des esprits mercantiles ou belliqueux. [...]
[...] La question se pose absolument puisque j'ai décidé de douter de mes pensées; or si je pense que mes pensées sont fausses, il faut bien que je doute aussi de ma pensée (que mes pensées sont fausses). Comment échapper à ce cercle? En séparant comme le fait Descartes le moi de ses pensées. En effet, dire "je pense", cela signifie "moi, qui existe, je pense telle ou telle chose". Donc je peux bien douter de ce que je pense, mais je ne peux pas douter de moi qui pense, c'est-à-dire de mon existence. [...]
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