Il est indéniable qu'il existe une culture américaine originale, à laquelle participent les écrivains et cinéastes qui ont témoigné de leur société dans leurs œuvres, s'en félicitant parfois mais la critiquant fortement dans la majeure partie des cas. Une littérature d'expression nationale est née du jour où renonçant à chercher leur inspiration uniquement dans les livres, les écrivains se sont tournés vers l'Amérique seule, le mouvement de critique apparaissant vers 1900 avec Howells et les naturalistes Norris, Upton Sinclair et Dreiser. De son côté, le cinéma a vu naître le genre noir et réapparaître clairement le film social durant l'entre-deux-guerres.
En 1918, les Etats-Unis sortent de la guerre première puissance industrielle et économique mondiale. En effet, de 1918 à 1929, le pays entre avant tous les autres dans la société de production et de consommation de masse. « Rien ne semble impossible à l'Amérique que la Grande Guerre a placée sur l'orbite de la prospérité » écrit Kaspi dans Les Américains. Cette période est marquée par une aspiration nouvelle à la liberté et à la joie de vivre, par une grande effervescence culturelle et intellectuelle. Jusqu'au moment où en octobre 1929, un krach boursier d'une ampleur inconnue plonge les Etats-Unis dans la Grande Dépression. Ils n'en sortiront véritablement qu'avec l'entrée en guerre en 1941, sous la présidence de Franklin Roosevelt.
Dans ce cas, il serait légitime de nous interroger : quel regard les écrivains et cinéastes américains ont-ils porté sur la société d'entre-deux-guerres?
[...] Représentation surtout de la vitesse dans le travail, avec une forte dénonciation du taylorisme dans Modern Times en 1936 par exemple, où Charlot travaille à la chaîne dans une usine. Débordé par les cadences infernales, il glisse dans les rouages de la machine qu'il manie et en sort détraqué C'est le corps de l'homme qui, aux yeux du cinéaste, est le lieu privilégié de l'aliénation par la machine. Chaplin fait ainsi du film une impitoyable description de la déshumanisation propre au machinisme du monde moderne. [...]
[...] Ses sympathies de jeunesse pour le mouvement ouvrier se confirment et conduisent l'écrivain à développer une analyse critique très sévère de la société américaine, trop individualiste et consommatrice. Dans Manhattan Transfer paru en 1925, pour évoquer New York, il met au point un montage complexe de fragments de vie. Ce kaléidoscope dessine finalement l'image d'une Amérique divisée dont les valeurs initiales ont été récupérées et transformées par la modernité affairiste en instruments d'aliénation délibérée, ou pire, intériorisée par les individus écrit J.F. [...]
[...] Robert, qui désire réussir à Hollywood, s'inscrit au marathon et il y rencontre Gloria. Les participants subissent des épreuves aussi inhumaines les unes que les autres, sous le regard de spectateurs en mal de sensations. A la fin, Gloria, épuisée, demande à Robert de l'aider à se suicider. Après lui avoir tiré une balle dans la tête, l'homme justifiera son acte en déclarant aux policiers : On achève bien les chevaux Ce roman est marqué par une certaine sécheresse de style et par une implacable froideur de ton. [...]
[...] Il voudrait que l'homme suive ses impulsions, ses élans obscures écrit Cahen. Ce matérialisme s'accompagne souvent d'un manque de valeurs intellectuelles et spirituelles. En somme, la culture américaine est ce que Lewis a décrit dans Babbitt en 1922 : un univers de pacotille où tout est affaire de transactions. Alors que dans d'autres pays la salle de bain était encore un luxe, aux Etats-Unis elle devient une nécessité pour les classes moyennes, l'Amérique étant le symbole même de la démonstration du confort. [...]
[...] Même si le bilan strictement économique du New Deal est mitigé (en 1939, le revenu national n'avait pas encore retrouvé son niveau de 1929), il a permis d'améliorer à long terme l'infrastructure du pays. Le New Deal a accru, de façon définitive, le pouvoir économique du gouvernement fédéral, en développant ses instruments de politique monétaire et budgétaire. Sur le plan social en revanche, la crise, conjuguée aux droits nouveaux des syndicats, a contribué à exacerber les tensions manifestées lors des grandes grèves de 1937. Le New Deal est toutefois globalement parvenu à ressouder la société américaine, les exclus des années vingt (chômeurs, femmes seules, invalides) pouvant dorénavant bénéficier d'une sécurité sociale. [...]
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