Autrefois, c'est à la date de l'Annonciation (25 mars) que s'ouvrait l'année civile. Mais au-delà de ce statut de moment-clef, l'Annonciation a ceci de primordial qu'elle expose le mystère de l'incarnation : le Fils s'incarne dans la Vierge par le simple Verbe divin. Il ne doit donc pas nous étonner que Fra Angelico ait traité ce thème à près de 15 reprises. Afin d'étudier l'une de ses Annonciations, il convient de rappeler que Fra Angelico est un des premiers peintres de la Renaissance italienne, reprenant par là la suite de Masaccio
[...] Si l'ange est nimbé de lumière c'est qu'il apparaît à Marie en tant que vision céleste, empli de la lumière divine. Cette lumière divine se retrouve au- dessus de la tête de la Vierge : une colombe, celle de l'Esprit Saint, rayonne elle aussi et oriente ce rayonnement sur Marie (afin que l'Incarnation ait lieu ? Marie aurait alors déjà accepté son rôle Comme la Vierge et l'ange portent l'auréole, la colombe est auréolée de lumière, descendant du Père vers Marie ; des Cieux vers la Terre. [...]
[...] Etudions à présent les relations de ces trois personnages entre eux. Nous distinguons plusieurs relations : d'abord celle de l'ange Gabriel à Marie. Celui-ci semble faire le geste de la génuflexion. Il tient ses mains croisées sur sa poitrine, en signe de respect et d'humilité. Son regard se dirige vers la Vierge, mais il semble qu'il ne l'atteint pas ; qu'il n'ose pas la regarder dans les yeux. Sa tête se relève-t-elle, ou s'abaisse-t-elle ? En tout cas son cou est tendu, tendu vers la Vierge. [...]
[...] P our ce faire, il faut nous intéresser à présent au décor, et non plus aux personnages principaux de l'épisode. Restons tout d'abord dans le décor intérieur. Celui-ci est construit comme un temple antique, avec des colonnes. Cet élément peut rappeler l'humanisme et son goût pour l'Antiquité. Face à nous se présentent deux arcatures de ce temple, dont on peut dire qu'elles forment le M de Marie, tout comme les deux autres arcatures que nous voyons de biais, grâce à la perspective. [...]
[...] C e qu'offre l'Annonciation, c'est une occasion de recueillement et de pénétration du dévot par le Verbe divin, qui imprime le lieu où est placé cette toile comme Il pénétra le corps de la Vierge mais aussi comme Il imprima la peinture sur la toile vierge. Rappelons que Fra Angelico est réputé pour être un peintre mystique, peignant lors des extases. Ainsi se reproduisait, alors qu'il peignait, le mystère de l'Incarnation du Verbe dans ce qui est visible, tangible. Comme le Christ pouvait être vu et à travers lui le Verbe divin, les retables pouvaient être contemplés par tout homme, savant comme illettré, et les ouvrir à une plus grande pénétration des mystères du divin. [...]
[...] M ais il y a un autre regard allant vers Marie : c'est celui du prophète placé dans l'écoinçon central, et qui tient un phylactère sur lequel sont écrits ces mots : cette vierge portera un fils (ecce virgo concipies). Par cet élément, Fra Angelico rattache le moment de l'Incarnation à toute la Bible, tant à ce qui a précédé ce moment et l'a préparé (péché originel) que ce qui le suivra nécessairement et que ce moment prépare (Passion). Nous sommes donc amenés à étudier ce qui, dans cette Annonciation, rappelle ces événements. [...]
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