Dans la plupart de nos actions, nous sommes constamment entre un passé qui nous aide à diriger nos gestes, et un futur qui les justifie, ou les oriente. Par exemple, si nous préparons un repas, c'est grâce à une recette de cuisine rédigée antérieurement, et pour se nourrir quelques heures plus tard. L'action elle-même de préparer le repas est exactement dans le moment présent. La personne qui agit s'approprie le moment présent pour en faire ce qu'elle désire -préparer le repas-. Cependant, elle est, comme nous l'avons vu, prise entre deux idées qui ne sont pas de son temps: celle d'un passé de tradition, et celle d'un futur de finalité. Seule son action est dans son temps, son esprit est lui en constant mouvement entre ce passé et ce futur. Est-il possible de ne pas dépendre d'un passé et d'un futur qui dirigent nos actes ? Peut-on fermer les yeux à la tradition et au progrès, ou à l'idée de l'avenir, et rester tout de même vivant, exister ? Être de son temps signifie-t-il simplement évoluer mentalement entre passé et avenir, notre corps seul, nos actions seules sont-elles de leur temps ? En quelques mots, est-il possible de n'être que de son temps ? Nous allons nous interroger sur l'importance du passé, et de l'avenir, puis sur celle du présent.
[...] Mais l'Homme tend-il par nature au progrès ? Pour Kant, dans Le Conflit des facultés, se poser la question d'une nécessaire continuation du progrès revient en fait à se poser cette question, à savoir est-ce que l'homme montre, en quoi que ce soit, une constante aspiration au progrès ? Il répond que cette aspiration ne peut pas se percevoir dans les progrès scientifiques, mais plutôt dans une aspiration morale au progrès. Cette aspiration est particulièrement visible lors des révolutions, qui soulèvent un enthousiasme public, et unanime. [...]
[...] C'est dans ce système traditionnel qu'on peut intégrer les croyances de toutes sortes. Seule l'histoire peut nous les apprendre, et dans chaque religion les croyances se fondent sur un savoir commun issu de temps immémoriaux. Seule la Bible peut renseigner un Chrétien sur sa croyance, il ne peut se tourner vers sa propre raison pour redécouvrir les enseignements de la Genèse, ou des Evangiles. Mais elle ne concerne pas seulement les dieux : les ancêtres ont un pouvoir sur les décisions et les actions humaines. [...]
[...] Pour être de notre temps, devons-nous non seulement hériter d'une longue tradition, mais aussi chercher à nous tourner vers l'avenir ? Pour commencer, il faut préciser que le progrès humain a été presque constant depuis la préhistoire. Il a même été de plus en plus rapide. Chaque innovation entraîne en effet une grappe d'autres innovations nécessaires au développement de cette première. Par exemple l'invention de l'écriture à entraîné l'usage de moyens permettant de la développer : la peinture, puis l'encre, puis les plumes. [...]
[...] De plus en plus, exister s'apparente à se tourner vers l'avenir, à s'y projeter pour tenter de bâtir de nouveaux projets. Un homme qui n'a pas de projet d'avenir, qui ne construit pas en pensée, qui ne tend pas à l'amélioration, ne peut plus rien faire. C'est également ce qui fait la différence avec d'autres époques, comme la société féodale, ou chaque homme avait sa place et n'avait pas d'espoir d'y évoluer. Etre de son temps à notre époque entraîne donc sensiblement un regard vers l'avenir. [...]
[...] Il ne renie bien évidemment pas l'importance des avances des Anciens, mais nous invite à ne pas avoir peur de les contredire. Il ajoute même que cette contradiction n'en est pas vraiment une. Ce que les anciens ont découvert, c'est dans le cadre de ce qu'ils connaissaient alors. Le champ de nos connaissances ayant augmenté, nous découvrons davantage, et ce n'est pas toujours les contredire que d'indiquer de nouvelles avancées, dans un nouveau champ de connaissances. Ainsi, Pascal relativise l'importance de ce second type de savoir sans toutefois la rejeter complètement. [...]
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