La laideur nous touche, certains artistes contemporains jouent sur cette action du laid : l'un découpe une vache et fait tremper les morceaux dans du formol, un autre expose ses excréments en bocal. L'objectif semble ici de provoquer la sensibilité du spectateur pour éveiller en lui divers sentiments et réflexions. La réaction face au laid nous permet-elle réellement d'amorcer un jugement esthétique ? Sur quoi ?
Le laid se rapporte bien sûr au domaine esthétique mais celui-ci se révèle en totale opposition avec un jugement esthétique qui dépend d'un idéal du beau, violé justement par le laid. Résoudre ce paradoxe serait accepter que le laid nous influence dans notre jugement esthétique, au même titre que le beau.
[...] Faute de pouvoir réellement apprécier leurs caractéristiques, nous les considérons comme laides. Mais l'habitude de côtoyer de mêmes choses laides peut nous faire évoluer dans notre perception de la beauté dans le sens d'inclure dans nos critères implicites de la beauté, les caractéristiques de ces nouveautés laides Plus généralement, la sensibilité du laid fait évoluer nos jugements esthétiques. C'est donc l'amorce d'un jugement de notre vision esthétique des choses. En poursuivant ce raisonnement, on peut remarquer que percevoir le laid, c'est de même modifier la nature de la beauté. [...]
[...] Cela est tout bonnement impossible car la laideur ne peut se réduire à une justification rationnelle, elle échappe à l'objectivité de la raison. Il n'y a pas ici véritablement de jugement, mais plutôt une explicitation de nos émotions devant une chose laide. L'affirmation du lien sensibilité à la laideur et amorce d'un jugement esthétique de la chose laide s'en trouve donc invalidée. Il faut cependant remarquer que le jugement esthétique peut concerner autre chose que le laid et, à ce niveau, être sensibles au laid nous ferait porter un jugement sur notre vision même de l'esthétique. [...]
[...] Etre sensible au laid nous rend donc plus sensibles au beau dans nos jugements esthétiques. Il donne plus de valeur esthétique au normal et au beau. Il ne faut donc pas voir dans le fait d'être sensible au laid un début de jugement esthétique. Ce que nous éprouvons lorsque nous sommes devant une chose laide reste de l'ordre de l'émotion et ne peut être explicité par la raison. C'est laid certes, mais le pourquoi ne peut être expliqué. Le laid apparaît néanmoins comme une véritable remise en cause de notre système esthétique qui nous porte à amorcer un jugement sur ce système. [...]
[...] Etre sensible à la laideur, est-ce l'amorce d'un jugement esthétique ? La laideur nous touche, certains artistes contemporains jouent sur cette action du laid : l'un découpe une vache et fait tremper les morceaux dans du formol, un autre expose ses excréments en bocal. L'objectif semble ici de provoquer la sensibilité du spectateur pour éveiller en lui divers sentiments et réflexions. La réaction face au laid nous permet-elle réellement d'amorcer un jugement esthétique ? Sur quoi ? Le laid se rapporte bien sûr au domaine esthétique mais celui-ci se révèle en totale opposition avec un jugement esthétique qui dépend d'un idéal du beau, violé justement par le laid. [...]
[...] Mais lorsque que l'émotion face à la laideur s'efface, la raison reprend peu à peu le contrôle et va analyser cette laideur, en explicitant les émotions qu'elle a provoquées en nous, justement par le jugement esthétique qui aboutira à déclarer c'est laid On lui reconnaît donc le fait que la chose laide viole les règles que l'on avait du beau. Le laid, en nous choquant, nous pousse à une réaction de notre jugement esthétique. On peut donc y voir là une amorce de jugement esthétique. Mais peut-on à proprement parler évoquer le jugement esthétique ? [...]
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